La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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FILMS de REVOLTE par ROBERT ARON A part les films de Man Ray et de Louis Bunuel (1), on chercherait vainement d'autres oeuvres reahsees en France et qui aient une valeur humaine. L'angoisse qui s en degage ne resulte pas comme ailleurs dune histoire bien faite ou d une technique ingenieuse. Dedaignant les contagions superficielles de '.'anecdote ou de I'image, lis contamment le spectateur dun trouble autrement profond. Tout est mis ou remis en question. II nest pas de determimsme famiher qui ne se trouve ebranle d'enchainement ordinaire de faits — que Man Ray et Bunuel ne coupent de hiatus msolites, de sens unique qu'ils ne retournent. Et lorsqu'au debut de son premier film, Emak. Bakia, Man Ray mstallait un appareil de prises de vues, ce n etait pas, comme aurait pu faire un auteur de documentaire, pour prefacer ou pour rendre hommage. Mais defiant jusqu'au seul mecamsme qu ll ne peut eviter d'employer — humihant la technique necessaire, il forcait la camera rigide et l'objectif impassible a se moquer et a se trahir eux-memes en avouant la paternite d'images irreelles et dementes. Un defi, un defi perpetuel a toutes necessites, a toutes lois, meme aux lois les plus coutumieres que l'usage semble avoir depouillees de leur rigueur. Dans leur fonciere intolerance, les auteurs de ces films ravivent les blessures anciennes que font des bats trop famihers, et il nest pas de hmite qu'ils ne s'eftorcent d'eviter. Depuis le langage, qui fige tout, et que les sous-titres de Man Ray detournent de ses voies normales a grand renfort de neologismes fantaisistes et de jeux de mots jusqu'a la police des rues, que Bunuel met en presence de personnages desarmants, poetiques, invraisemblables, qui excedent sa competence, — il n est pas de discipline que ces quatre films nesquivent. Les visages humains, ou se fixent les caracteres ou les pensees, les regards en qui on peut lire, Man Ray les efface ou les trouble : sur des paupieres abaissees, il pemt des yeux inexpressifs. II dilae les profils des corps en multiphant leurs contours. II cache les visages sous des resilles presque opaques, qui imposent a tous personnages le meme masque aplani, inexpressif et obscur. Bunuel exerce sur les vetements, cette convention sociale, le meme humour destructeur. Dans une rue de (I) MAN RAY : Emak Bakia (1927), I'Eloile de Mer (1928), Le Myslere du Chateau du De (1929). LOUIS BUNUEL : Un Chien Andalou (1929). 41