La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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Pour que les Iits d'hopital s'envolent — pour que les maisons intactes abandonnent leurs fondations et que la tempete entraine les arbres deracines sans rider la ''ace des eaux — pour qu a bord dun paquebot desert, desamarre, perdu en mer, le tangage ouvre et ferme en meme temps les portes de toutes les cabines. causant une terreur panique, il ne faut a Buster Keaton nul coup d'Etat, nul arbitraire. Les films de Man Ray et de Bunuel, autontaires, mais dans le vide, pretendaient en leurs rapports avec le monde a exercer une dictature du neant. Dans les films amencains, la volonte de destruction garde des formes, toutes les formes, formes de pensee, formes d'objets, formes sociales — et cherche a s'insinuer entre elles pour les cerner ou les violer. Aussi acerbe, plus efficace, elle accepte les voies battues, et desirant moquer les lois, les attire dans les pieges soigneusement camoufles dune action ou dune intrigue. Action, dont on sait ce quelle vaut : intrigue, qui ne peut faire illusion. Les orages de melodrame, les conspirations de theatre ne marquent chez qui les emploie nulle soumission, nulle faiblesse — et ne donnent jamais a personne limpression que ' c'est arrive ». Mais du reel a lirreel, le passage a lieu sans rupture : et dans ces films amencains laventure, le surnaturel ou l'amour sont empetres dans la matiere, la societe et la raison pour pouvoir les mieux defter, et les battre sur les terrains qui leur sont les plus familiers. Revanche des mdividus sur le lieu meme de leurs souffrances. Deux images se correspondent en un diptyque elementaire : Dans la piscine du chateau, que Man Ray fut contraint de prendre comme sujet de son dernier film, une femme en maillot de bain se hvre a des gestes gratuits... jeux de lumiere, et jeux de poses, que l'eau deforme et attenue. Dans l'eau du fond de l'ocean, enferme dans un scaphandre, pres de 1 etrave dun navire, Buster Keaton leve les bras en suppliant. Geste angoisse dun liomme oblige pour des fins sociales a descendre au fond de la mer, que i'asphyxie menace et gagne. Deux images que l'esprit peut comparer l'une a l'autre, mais en realite distantes et de sentiments tres divers. C est un malheur que l'esprit, agissant dans cu hors le monde, puisse secreter les memes images. Embraye ou debraye. son mecanisme est le meme. Toutes les confusions sont possibles, les vertices et les fraudes. Car la frontiere est transparente qui separe le monde de l'esprit, de ce monde ou l'esprit, dans ses moments de puissance, impose sa necessite et fait tnompher son desir. Dun seul cote de cette frontiere, la revoke peut etre feconde : de l'autre, elle nest que jeu d'esprit et qu onanisme sans danger. Robert Aron. 45