La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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DANS LA SALLE QUAND LE PUBLIC RIT Le public francais n'a pas beaucoup d humour, mais ll aime bien rire. II a une notion particuhere et tres odieuse du comique qu on peut ramener a ceci : moquene et ngolade. Ou bien il se moque avec un talent precis, mesure, ordonne, elegant, piquant, mordant, discret et savoureux, ou bien il rigole a corps perdu, a grandes lampees, et se tapant les cuisses, insoucieux, victoneux, heureux de vivre, content de lui et des autres. Le public francais ne rit pas seulement quand il est en gaiete, mais encore et surtout quand il ne comprend pas. On sen tire comme on peut. II n'a aucune curiosite (si ce nest celle qui, dans son esprit gaulois, est indissolublement hee a l'epithete malsaine); il n'a aucune inquietude; il n'a aucun desir d'aller ailleurs et de voir un peu plus loin : ce qui nest pas de son domaine, ce qui passe les limites de son coquet jardinet de petit rentier banlieusard, il le juge immediatement, sans hesiter, barbare, inutile, grotesque et dangereux. II tourne les talons, hausse les epaules, enfonce ses mains dans ses poches... et rit. Un type a qui on ne la fait pas, essayez done un peu, pour voir! vous perdez votre temps, il est plus malin qu'il n'en a lair, il vous a vu venir. Rira bien qui rira le dernier et vous pouvez etre sur que ce sera toujours lui. Un bon diner favorise cet etat de supreme jouissance quest la ngolade franche et saine, et, comme le plus souvent, e'est apres le diner qu'on va au cinema, quel que soit le film, on sen paye une tranche; d'autant plus qu'on ne va pas au cinema tout seul, que plus on est de fous, plus on rit, pas vrai? et qu'il faut briller aupres des amis a qui on a promis une bonne soiree, lesquels, en retour, riront plus fort que vous par politesse, pour vous remercier, et le rire etant, parait-il, communicatif, on n'en finira plus, on s'amusera tant et tant qu on se promettra de recommencer bientot, et ainsi de suite. Done, on rit beaucoup au cinema, meme quand il s'agit de films tels que : Un Chien Andalou, de Louis Bunuel ; la Femme au Corbeau, de Frank Borzage ; ou la Symphonie nuptiale, d'Eric von Stroheim. 73