Cinéa (1921)

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cmea ■ N O T E S La vie de Charlie Chaplin est an film gai. Autrefois on appelait les films-farces des« courses-poursuites». Il fallait que ces productions fussent très courtes, mais plus bourrées de faits et d'actes que le plus riche feuilleton romanesque. La vie de Chaplin est courte et abondante comme trente-six mélodrames bien construits. Elle comporte beaucoup d'amertume. Dans la banlieue de Londres, naquit, au printemps 1889, Charles Spencer Chaplin, fils d'un chanteur et d'une danseuse. Le père mourut. La mère dansait. Il y eut de la maladie, de la misère et des jours de faim dans cette paradoxale famille semblable à beaucoup de familles de Witechapel, de Lime-house — et de Charles Dickens en particulier. La danseuse avait, dit-on, un beau talent de mime. C'est pourquoi elle était obligée de gagner sa vie comme couturière en chambre, et c'est pourquoi elle enseignait, à Charlie et à son aîné Sydney, l'art nourricier de la couture à l'âge de six ou sept ans. Il est probable qu'elle leur enseigna aussi, par ses confidences, ou par son exemple, ce qu'elle savait de la science du silence. Les gosses tâtèrent bientôt de la scène. Charlie n'avait pas dix ans qu'il s'essayait au music-hall comme « boy ». Un de ses meilleurs films, Sunngside, le montre dansant et voltant avec une grâce exquise de, disons-le, « excentric girl ». Ses débuts dans la troupe des Lancashire Lads consistaient en gigues naïves armées de sabots. On a la chance avec soi ou on ne l'a pas. Et que pensez-vous du début pénible d'un boy de huit ans qui doit compliquer d'une paire de sabots son labeur difficile ? Mais les plus petits commencent par le sport aux collèges d'Eton, Oxford, Cambridge et ailleurs. Charlie connut un jour les rôles de .grande envergure. On lui confia, par un de ces hasards qui servent à établir la réputation de flair d'un directeur de théâtre, le personnage de Billy, le groom de Sherlock Holmes, vous savez, le gamin mystérieux et fùté qui comprend si bien les talents de son maître et qui l'aime avec une sentimentalité critique du meilleur goût. Le meilleur de son métier — et de soi-même — Charlie l'apprit, toujours à Londres, dans la fameuse et quasi classique troupe de pantomine de Karno. Toutes les traditions de la comédie humoristique sont conservées chez Karno. Acrobatie, parodie, rire funèbre, mélancolie désopilante, sketches, danses, jongleries, tout cela uni et fondu sur un thème sobre, c'est la source de ce comique anglais, actuellement sans rival. Le répertoire en est aussi limité que ceux de la tragédie. Les poètes dramatiques brodent sur Agamemnon.sur Electre, sur Phèdre et leurs cousins depuis trois mille ans. La pantomine anglaise — et la troupe Karno surtout — brodait et brode perpétuellement sur des thèmes d'imagerie, comme le Voleur d'une bicyclette, le Joueur de billard, la Rentrée de l'Ivrogne, la Leçon de boxe, l'Envers du Music-Hall, l'Envers d'un drame romantique, sans oublier le Gentleman êméché qui escalade les réverbères, le Pianiste, le Chanteur qui prépare sa chanson et qui ne chante jamais, le Prestidigitateur maladroit, etc, etc.. Ces contes farces ne sont pas drôles, comme on le croit ingénument, rien que par le flegme des interprètes, ou par les gifles, les coups de pied au derrière et les tartes à la crème. Il y a sur toute la terre des clowns qui en font autant. Voir les cirques espagnols et italiens. La farce anglaise a d'abord un rythme incroyable et surtout elle s'impose par la synthèse. Tout est dosé, ramassé, concentré. Tout frappe avec une sûreté de poing derrière lequel il y a un boxeur de