Cinéa (1921)

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0 cinea grand .style. Tout éclate comme un coup de canon inattendu. Vous ave/, parfois une impression de désordre? Vous avez la même impression devant une multiplication OÙ sont beaucoup de ch if l're s. Aucune des bavures du guignol lyonnais. Pas de ce « taponsnous-sur-le-ventre » qui est l'atmosphère du cale-concert français. Rien de la ligne nette et tendre des arabesques latines ou des fioritures dont la pantomine méditerranéenne ne se débarrassa pas avec Deburau.Roulfe, Thaïes, Séverin. La comédie mimée des Anglais est une rude synthèse. On ne lui résiste pas. Une personnalité aussi marquée cpie celle de Chaplin — et compliquée d'atavismes français et espagnol ne pouvait rencontrer meilleur terrain d'apprentissage. Il avait dixsept ans quand il entra chez Karno. Il accepta des rôles modestes. Il travailla durement. Il suivit la troupe en Amérique, revint à Londres avec elle, l'accompagna de nouveau à New-York', regagna l'Angleterre, et pendant quatre ou cinq ans mania ce répertoire précis et suggestif. 11 devait s'en souvenir plus tard au cinéma. Par exemple, le film: Chariot au music-hall rappelle absolument la pantomine : Une Soirée dans un music-hall anglais où il avait eu du succès. Et son fameux monologue cinégraphique Chariot rentre tard (One A. M.) est la réplique d'une comédie mimée sur le même thème où Fred Karno tenait, je crois, le personnage du gentleman pochard.et où les meubles, tapis, accessoires.étaient « interprétés » par des acteurs: ainsi la peau d'ours, dont l'importance bouffe est si grande, étaient « interprétés » deux ans avant Chaplin, par Max Dearly qui entraînait chez Karno ses qualités de fantaisiste. Grâce à Chaplin, la comédie anglaise i-onquit le cinéma américain. Les films bouffes américains consistaient — il y en a encore beaucoup de ce genre — en coups et trépidations d'une grossièreté extrême, mais déclanchaient le rire cependant. Quand la Keystone C" engagea ,1e jeune mime anglais, il y a sept ou huit ans au plus, son début consterna la direction. Il n'avait pu se plier exactement aux mœurs 'scéniques de la maison. Déjà attaché à l'expression, il avait appris chez Fred Karno que la plus joyeuscépilepsie du corps est vaine sans les mouvements — ou les défauts de mouvements — du masque. La défroque qu'il s'était composée parut banale. Ses camarades recherchaient soigneusement des excentricités de costume, de perruque, de maquillage. Chaplin s'en tint à une tenue déjà vue, un peu simplifiée, stylisée en somme et exprima. Après lui avoir proposé de lui résilier son contrat, les directeurs de la Keystone C« comprirent que Chaplin n'était pas une marionnette ordinaire, mais un comédien, un interprète, un artiste. Ils le comprirent .si bien qu'ils s'évertuèrent à transformer en « artiste » les pitres agités de leur compagnie et à parer ces partenaires de Chaplin d'une grâce parodique toute semblable. De là cette évolution heureuse du film comique américain. La Keystone y gagna une fortune. Les camarades de Chaplin y gagnèrent la conscience de leur personnalité : nous les avons retrouvés depuis lors sous un jour nouveau. Ruscoë Arbuckle (Fatty) est devenu le prestigieux meneur de jeu de bandes irrésistiblement alambiquées ; Mabel, ex-petite poule insignifiante, est la Mabel Normand de Miekey et de Jean of Plattsburg ; Mack Swain (Ambroise) a élargi sa gaieté trop directe dans les films récents de Chaplin. Quand au metteur en scène qui avait reçue Charlie aux studios de Los Angeles, c'est Mack Sennett. Facile à contenter jadis comme le premier régisseur venu, c'est aujourd'hui un vrai compositeur de films. Miekey a établi son talent et aussi les folles comédies à baigneuses dont le rythme nous fait songera Offenbaeh et quelquefois à Stravinsky. De plus. il a, consciemment ou non, donné des indications remarquables pour ce chapitre ds la photogénie qui sera considérable un jour : le nu au cinéma. En 1915, les petits films insensés de la Keystone étaient célèbres de par Charlie Chaplin. Cette production se répandit sur toute la terre. Elle entra même en France bien que certains pensaient : Ce n'est pas drôle. Parlez-moi de Rigadin... î Quelques mois avaient fait de Chaplin, sous le pseudonyme de Charlie, Carlitto ou Chariot, ce qu'il est encore : l'homme le plus célèbre du monde. Jusqu'à nouvel ordre, il éclipse en renommée Jeanne-d'Arc, Louis XIV et Clemenceau. Je ne vois que Jésus et Napoléon qui puissent rivaliser en notoriété. Sans doute cette gloire est-elle provisoire. 'N'est-il pas étrange qu'elle se soit créée si vite et si fort? Les propositions dorées abondent. Chaplin traite avec la Essanay C" et débute dans ses studios de Chicago avec Chariot apprenti (Charlie at work) aux appointements de 6250 par semaine. De là il retourne, toujours pour Essanay C°, à San Francisco, où il tourne Chariot fait la noce (Charlie' s night ont), Chariot boxeur (Champion Charlie), Chariot cambrioleur (Police), etc. Tout le monde a vu cette délicieuse série d'Essanay où Chaplin a pu donner des notes aussi diverses que Chariot vagabond (Charlie the tramp) ou Mam'zcllc Chariot (Charlie the perfect ladu), et surtout Chariot marin (Shangaïed). Chariot veut se marier (Charlic's elopement), Chariot au music-hall (Charlie at the show). Il y adopte un partenaire supérieurement photogénique : Edna Purviance, qui fut depuis sa partenaire dans tous les films. La jolie blonde, d'abord une camarade, fut ensuite la plus intéressante expérience de Chaplin qui façonna ce masque, lui donna de la force et dll style et n'en rompit jamais le charme naturel. On voit aussi auprès d'eux Ben furpin, l'agité, bon acrobate qui se transforme en bon comédien. Entre temps, Chaplin essayait de réaliser un film dramatique. C'est tout naturel. Il y a en lui cette sorte de grâce française, méridionale même,