Cinéa (1921)

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cinea II qui l'approche du drame sentimental. Il est cousin de d'Artagnan. La tragédie cinégraphique ne semble pas avoir de parenté avec Alexandre Dumas père cependant. Mais nous ne la verrons sans doute jamais, car après plusieurs semaines de travail il dût s'interrompre, forcé par contrat avec Essanay d'achever sa série comique. Cela vaut mieux ainsi. Il n'était pas mûr pour s'abandonner aux larmes. Dans les films qu'il composa ensuite, il mêle à la farce de brèves minutes d'émotion qui valent tout un drame. Dans sa Citrmen, il termine la parodie par une expression angoissante et désespérée que nous n'avons malheureusement jamais vue aux interprètes de Don José. Quand l'engagement de l'Essanay prit fin, Chaplin, en plein triomphe, s'amusa quelques semaines à se laisser fêter, écouta les éloges intéressés et brusquement signa avec la Mutual Film Corporation le contrat sensatonnel qui lui valut la réputation d'un homme gagnant un million par an. A vrai dire, le contrat n'envisageait qu'un an et dépassait à peine le demimillion, moyennant quoi Chaplin devait fournir douze films. Si peu qu'on soit informé des nécessités du cinéma et des goûts minutieux de Chaplin, on conviendra que la livraison de douze bon films en douze mois est un paradoxe. Chaplin y parvint presque et ne se consacra guère plus d'un an à la réalisation de cette suite éblouissante — satirique, attendrie, cinglante, ardente — où l'on doit tout citer et retenir et admirer. Chariot chef de rayon (The /loorwalker), Chariot pompier (The fireman). Chariot musicien (The vagahond), Chariot rentre tard (One 'A. M.), Chariot chez l'usurier (The pawnshop). Chariot fait du ciné (Behind the screen), Chariot patine (The rinli). Chariot ne s'en fait pas (Easy street). Chariot fait une cure (The cure), Chariot voyage (The immigrant). Chariot s'évade (The adventurer), tel est le tableau. La différence qu'il y a entre le titre anglais et la traduction française peut surprendre. Il semble que le préposé n'ait jamais connu l'anglais, — ni le cinéma. Mais, comme, en France, on donne un titre nouveau à ces œuvres, le hasard n'est pas incapable d'obtenir un jour la traduction vraie. En même temps que ces fils mar quent un épanouissement du talent de Chaplin et un progrès technique de la mise en scène, ils obtiennent ce que Chaplin, mime anglais, a si obstinément demandé : la suppression des tartes à la crème abusives, des coups pour les coups, des chutes inutiles au rythme bouffe du récit. Enfin les personnages sont des types non seulement pour tel ou tel film, mais forment un ensemble spécial, avec des caractères, comme la comédie italienne du XVIIe et comme la pantomine britannique du XIX«.ll est probable que si, au contraire du théâtre, le cinéma ne reniait pas chaque jour ce qu'il avait fait la veille.il se serait constitué un répertoire de types bouffes et de parodies visuelles tout à fait curieux. Mais ces essais suivent le tourbillon dévorateur de Chaplin — qui ne serait pas Chaplin s'il était capable de piétiner au même endroit. La fortune de Chaplin grandit après la série Mutual. En 1918, il signe avec la First National Exhibitors Association pour une série de huit films aux taux global de un million de dollars. Chaplin profite de ces conditions confortables qui lui assurent l'indépendance morale et matérielle, et il se livre tout entier, plus libre d'invention, plus sévère pour soi en même temps, plus lui enfin. Une 17e île chien (A dog's life). Chariot soldat (Shoulder Arms),Une Idylle aux Champs (Sunngside) et A dag's pleasure ont déjà prouvé partout (même à Paris avec deux ans de retard) l'éclat de ce talent puissant et tourmenté. Lue autre production, The h'id, exécutée en marge de la combinaison First National, témoignera de plus d'ampleur encore. The Kid, c'est le gosse. Et je ne sais pourquoi j'associe parfois ce titre à Kim. Le nervosissime Charlie est-il si loin des jeunes hindous britannisés dont parle Kipling, père de Kim le délicat ? L'histoire de ce petit homme brun, souriant, frisé, est simple comme ses braves yeux clairs. Beaucoup d'actions venues, semblet-il,d'un seul jet, mais un souci moral ininterrompu lesenveloppe. Cela nous regarde à peine. L'interviewer ne vous en dirait pas beaucoup plus. Chaplin, ajouterait-il, est un milliardaire sauvage et paisible. Il habite une gentille villa californienne ; il écrit du matin au soir quand il ne tourne pas. Il tourne du matin au soir quand il n'écrit pas. C'est un petit bonhomme bien sage dont la tête bout. Avec ses amis.il est gai. Gai comme un acteur. Douglas Fairbanks etMary Pickford sont ses meilleurs copains. Il lit toute espèce de livres. Il joue du violon. Il triture le piano. Il pratique le dictaphone. Le moulin à pellicules est tout de même son meilleur instrument. Et sa meilleure passion. Il a d'autres passions. Celle des enfants, par exemple. On voit peu de mômes dans ses films. Il les étudie beaucoup cependant. Peut-être les aime-t-il trop pour les disséquer sous forme de photographies Les enfants l'adorent. Je ne parle pas seulement du public de toute la terre. Je parle des galopins de Holywood et de Los Angeles avec qui il a fait de bonnes parties. Les passions de Charlie ne lui valent que mécomptes, comme à tout vrai poète. Charlie, le comique désespéré, a eu un baby — qui est mort au bout de peu de mois. Charlie a beaucoup pleuré. Cela ne nous regarde pas. Charlie a aimé Mildred Harris, la jolie têtue. 11 l'a épousée. Du jour au lendemain, la petite Mildred Harris est devenue Mildred Harris Chaplin, une star. C'est toujours ça de gagné. Les voilà divorcés maintenant I La bien-aimèe a dit que le chéri la privait de pain, se saoulait et tapait dur. Charlie n'a rien dit. Il a un peu maigri. Le voilà de nouveau tout seul. 11 ne serait pas lui s'il n'était pas seul. Poor man ! Et il se remarie pour voir... Louis Dei.luc.