Cinéa (1921)

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cinea 17 roue de motocyclette, ou l'amour nait d'un coup de revolver bien envoyé... ou de la vie qui devrait devenir : mort, reste vie même en passant sous un express, en tombant d'un vingtcinquième étage I... La puérile idylle qui se déroule à Jacksonville, la sombre aventure de Broadway ou la joyeuse escapade sur les « planches » de Palm-lîeaeh n'offrent aucune particularité ; elles se ressemblent et nous n'essayons même plus de les identifier. Dans les ateliers de peintre, chez les grands industriels, au milieu des jardins fastueux de nobles dames d'Italie, nous nous sommes promenés suffisamment, trop peut-être T Donc à part la France où nous avons admiré quelques œuvres exceptionnellement belles mais où nous n'osons pas toujours rester par prudence, l'Allemagne où nous n'osons pas trop aller par décadence, nous devons nous orienter vers la Suède où il faut bien l'avouer cela nous est une joie bien raffinée de villégiaturer. Des côtes tumultueuses de « Terje Vigen » aux pâturages ensoleillés de « Solbakken », des rapides de Dans les remous au monastère neigeux de M. Arne, vraiment nous goûtons des satisfactions immenses. En effet il se dégage des films suédois une sérénité, une puissance que nous rencontrons rarement ailleurs. Ils atteignent à un très haut degré de charme, d'émotion, de beauté, avec des moyens simples, dépouillés d'artifices qui nous stupéfient d'abord et nous plaisent ensuite absolument. Retenez les noms de Victor Sjostrom et de Mauritz Stiller. Ce sont eux, et un ou deux français de grande valeur que je n'ose pas nommer, qui vous convertiront, j'en suis certain T Voici enfin de vrais écrivains del'Art Muet ; ils savent choisir des scénarios et ils savent les visualiser ; ils connaissent les secrets des intérieurs intimes où la vie se glisse, se répand dans les moindres détails ; ils comprennent quels costumes, quels paysages seront appropriés à leur sujet, quelle importance ils doivent donner au développement psychologique des personnages, à l'action ou à l'élément naturel qui intervient (comme la neige intervient dans Le Trésor d'Ame pour spiritualiser le drame et renforcer sa poésie)... Vous vous passionnerez pour les particularités frappantes de leurs interprètes ; la féminité hypertrophiée de Tora Teje, la beauté tragique de Sjostrom.la fougue de Rickard Lund, la grâce délicate de Karin Molander, le charme juvénile de Gosta Ëkman, la distinction fantaisiste de Renée Bjorling, la bonhomie de Hedquist, la virile ardeur de Lars Hanson,.. Vous pleurerez de joie devant l'émouvante aieule du Trésor d'Ame, le troublant enfant de La petite fée de Solbaeken dont le visage est â la fois un paradis et un enfer... et surtout devant la pathétique Mary Johnson, « Elsalil » inoubliable, miraculeux JAQUE CATELAIN eu gacmom l'harmonieux acteur français d'ascendances suédi lises qui vient de créer le suédois Heedwick dans El Dorado. visage, jeune fille des légendes au front pur, aux yeux transparents qui hantent notre imagination, fabuleuse incarnation des adolescentes de nos songes, en face de laquelle, attendris, nous évoquons les Mélisandes... les Violaines... les Béatrix... toutes les grâces flexibles du frêle « escalier d'or » !... — Elle. — Mais selon vous, à quoi tient cette suprématie dont il semble que les suédois font preuve... et qui va me décider ?... — Lui. — Pour arriver â une telle perfection je pense simplement qu'ils sont infiniment doués pour cet art froid, concentré qu'est le cinématographe, qu 'aussi n'ayant pas fait la guerre ils ont eu le loisir d'étudier cet art neuf et que de plus, ils sont les seuls â l'aimer d'amour T C'est un fait établi queSjostrom et Stiller qui sont â l'heure actuelle les plus hauts représentants de l'art cinématographique suédois sont vénérés, adorés, respectés au plus haut point par les directeurs de firmes qui les ont pour collaborateurs. D'autre part cesdeux grands hommes aiment les poètes qui leur confient leurs œuvres, ils affectionnent le visage de leurs interprètes, qui â leur tour sont passionnément épris de leur Art T C'est là sans nul doute toute leur force, c'est par cela qu'ils atteignent cette sincérité émouvante, cette vérité. — Elle. — Mais croyez-vous qu'en France on soit incapable de cultiver ce magnifique amour ? — Lui. — Dans l'avenir, non ; actuellement, oui. Hélas T tant que les hommes de valeurs qui pourraient faire évoluer le cinématographe français seront considérés par les entrepreneurs d'affaires cinématographiques â l'égal de ceux qui ne valent rien, (car les milieux compétents sont aussi ignorants que le public, qui ne sait que bien rarement reconnaître un bon film d'un mauvais !) Tant que l'on ne fournira pas à l'Esprit français les possibilités de se manifester librement surles écransd'ici, d'abord, puis sur les écrans mondiaux ensuite, taet que l'on travaillera dans l'atmosphère amère, désagréable, mauvaise ou l'on se meut, nous ne ferons malheureusement rien d'aussi parfait que ce que nous serions capables de faire et c'est dommage, car ainsi il manquera certainement â l'art cinématographique quelque chose d'inestimable... Mais, du moins, en attendant adorons le visage si grave, si noble, si merveilleux que la Suède nous offre dans ses films T — Ei.i.k. — Votreenthousiasmedanse si éperdument dans ma pensée que pour quelques heures je délaisse Therpsichore... je me consacre à votre religion. Je vous en prie... de suite... téléphonez .. retenez une baignoire au Colisée... on y donne enfin un film suédois... voilà des années que j'y subis contre mon gré les films américains... joyeusement nous irons ce soir. .. vite... vite... — Lui. — Victoire !... Allô... Allô Mademoiselle.. . Elysée 29-46... Jaque CateI vin.