Cinéa (1921)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

cinea 13 MATH1AS SANDORFF M LE SENS 1 BIS M La fureur des adaptateurs u'a pas épargné l'inolTensif Jules Verne. On semble croire que son œuvre est une carrière féconde, ouverte aux prospecteurs du cinéma. Selon moi c'est une erreur. Jules Verne T Ses aventures improbables, ses points de départ futiles, ses situations hors de vraisemblance, et avec cela des précisions enfantines que la première Géographie générale ou le premier Manuel de mécanique trouvent en faute. Pour goûter ce conteur ingénu, il faut être un enfant, poète comme ils le sont tous, et ignorant. La réalité fait s'envoler les phantasmes du songe. La connaissance de la carte en révèle les dessous. C'est pourquoi Mathias Sandorff, conspirateur du Danube, MonteChristo des Balkans nous a paru un peu puéril. Bien traité certes. Les gens ils sont nombreux — que l'aventure charme en elle-même trouveront là de quoi se satisfaire. Un marché d'esclaves à la fin, où le petit nain de la Sultane de l'Amour, se livre a des facéties divertissantes ne manque pas d'une certaine beauté plastique. Le grandiloquent Joubé s'y montre on ne peut plus. Toulout est un bon acteur muet. Vermoyal aussi. Quant à M. Modot, il faut hautement regretter de l'avoir ainsi sacrifié. C'est un bel artiste d'une classe supérieure. Il convient que ceux qui l'emploient ne l'oublient point. Pierre Scize. Tous les auteurs sont sincères quand ils affirment qu'ils substituent la logique Vêri= table de la Vie aux procédés artificiels de composition employés par leurs devanciers. Septième art? Dixième muse? Prenez garde à le sous-estimer. Bien mieux que cela, il est un sens, le premier sens mécanique. Et à l'œil ce que le gramophone n'a pas su être à l'oreille. Vous lui jouez des drames, et par dessus la banalité de ton sourire professionnel, petite actrice, cet œil te joue le sien, de drame. Comme l'autre cette vue a son optique. Les sens, il est entendu, ne nous donnent de la réalité que des symboles, métaphores constantes, proportionnées et électives Et symboles non de matière qui donc n'existe pas, mais d'énergie c'est-à-dire de quelque chose qui, en soi-même est comme s'il n'était pas sauf en ses effets quand ils nous touchent. Nous disons : rouge soprano, sucré, chypre, quand il n'y a que vitesses, mouvements, vibrations. Mais aussi nous disons : rien, quand le diapason et la plaque et le réactif, eux, recueillent des témoignages d'existence. Le machinisme qui modifie la musique en y introduisant des modulations de complaisance, la peinture en y introduisant la géométrie descriptive, et tous les arts, et toute la vie en y introduisant la vitesse, une autre lumière, d'autres cerveaux, ici crée son chef-d'œuvre. On parlait de nature vue à travers un tempérament et de tempérament vu à travers la nature. Maintenant il y a une lentille, un diaphragme, une chambre noire, des plans focaux. Voilà le tempérament. Et la nature aussi est autre. Cet œil voit, songez-y, des ondes pour nous imperceptibles, et l'amour d'écran contient ce qu'aucun amour n'avait jusqu'ici contenu, sa juste part d'ultra-violet. Et ce n'est qu'un exemple. Voir, c'est idéaliser, abstraire et extraire, lire et choisir, transformer. A l'écran nous revo3'ons ce que le ciné a déjà une fois vu : transformation double, ou plutôt, parce qu'ainsi se multipliant, élevée au carré. Un choix dans un choix, un reflet de reflet. La beauté est ici polarisée comme une lumière, beauté de seconde génération, fille, mais fille née avant terme, de sa mère que nous aimions de nos yeux nus, et fille un peu monstre. C'est pourquoi le ciné est psychique. Il nous présente une quintessence, un produit deux fois distillé. Mon œil me procure l'idée d'une forme ; la pellicule contient aussi l'idée d'une forme; idée inscrite en dehors de ma conscience, idée sans conscience, idée latente, secrète, mais spécifique et merveilleuse; et de l'écran j'obtiens une idée d'idée, l'idée de mon œil tirée de l'idée de l'objectif, (idée)-, c'est-à-dire tellement cette algèbre est souple, une idée racine carrée d'idée. Le cinéma est un multiplicateur d'abstraction. C'est pourquoi le ciné commande si facilement à la pensée et l'entraine où il veut, malgré elle. Occupée non à des objets qui lui sont étrangers et où elle n'a pas toujours prise facile, mais à sa sœur de l'écran, qui se déroule jumelle, tant de consanguinité la sollicite puissamment. Ayant entendu des conférences, je n'en ai écouté vraiment aucune. Mais au ciné la distraction n'est guère possible; et si les mauvais films agacent tant c'est qu'il est, tandis qu'on les projette, très difficile de s'en distraire. C'est pourquoi, puisque les sens enregistrent uniquement l'énergie, le ciné, étant un sens, rend lui aussi surtout l'énergie. Energie mentale et énergie physique, car, comme la nôtre, sa philosophie est moniste. L'unanimisme, volonté, désir et passion d'une foule, s'inscrit à l'écran. Mille bras, mille jambes se lient et se délient. Et ces gens qui vulgairement courent au spectacle de quelque pauvre diable chamarré de décorations, détiennent et dégagent une cadence prodigieuse. Le geste peut être beau, mais le bourgeon de pensée d'où il s'échappe importe davantage. Le ciné sournoisement radiographe vous pèle jusqu'au noyau, jusqu'à votre sincère idée qu'il étale. Les intentions se lisent et pour la première fois, évangile I les intentions suffisent dans ce sens de la bonne volonté. La pensée s'enre