Cinéa (1921)

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cmea MM LES FILMS D'AUJOURD'HUI MM La Faute d'Odette Maréchal Avant qu'eussent été inventées les Sociétés de Gens de Lettres et d'Auteurs dramatiques, les écrivains étaient, comme chacun sait, indignement exploités et le métier ne nourrissait pas son homme. Il y avait une solution toute simple qui était d'en faire un autre, et de ne prendre la plume que lorsque l'on avait quelque chose à dire. Maintenant qu'écrire est devenu une profession, que les traités sont passés, le problème est renversé et l'on entend des écrivains se poser tout naturellement cette question, qui, si l'on y songe, est monstrueuse : Etant donné que j'ai un livre à fournir, que vais-je y mettre ? Le Cinéma a hérité de cette situation et en a porté les inconvénients au maximum. D'une part, le coût élevé des réalisations rend très difficiles les expériences, interdit l'organisation de débouchés analogues à ceux (petites revues, journaux de province, théâtres à côté) grâce auxquels les jeunes littérateurs ou dramaturges arrivent tant bien que mal à se faire connaître. D'autre part, la machine étant montée et fonctionnant il faut bien l'alimenter avec ce qu'on trouve ; d'où disparate entre la qualité et la matière première et celle de l'exécution ; d'où réalisation souvent excellente d'œuvres dont le fond reste inférieur. C'est pour cela qu'un film qui fait honneur â l'écran français — La Faute d'Odette Maréchal — qu'on revoit toujours avec plaisir, avec intérêt, avec émotion, ne représente point, comme achèvement artistique, ce qu'on peut légitimement attendre du beau talent de M. Henry Roussell et de ses interprètes. Mais tout de même, comme il tranche parmi les productions en série qui nous accablent ! • Mascotte court le Derby. Il y a dans ce film deux séries de vues et d'acteurs; le problème consistait en ce qu'elles ne fussent pas simplement juxtaposées. Au début, des «cènes amusantes, bien prises, du monde des courses; â la fin, un Derby avec une arrivée réellement impressionnante ; dans l'intervalle, une histoire longue, ennuyeuse et banale, destinée â expliquer les scènes sportives. Parallèlement, des acteurs amateurs d'un côté, tous excellents; un jockey, un entraîneur qui possède au plus haut point le physique de l'emploi (si je me suis trompé et si le rôle est joué par un homme de métier celui-ci est de premier ordre) et enfin Mascotte elle-même interprétée par un équidé dont on ne nous dit point le nom. Et de l'autre côté, des acteurs professionnels, que la comparaison fait paraître banals, malgré leur Le pur rêve nous mon= tre des exotismes plus Vrais qu'une enfilade de documentaires. ££ talent, malgré le jeu sympathique et le charme un peu matronal de Miss Violet Iiopson. Et pourtant, il faut s'en rendre compte, si ennuyeux que soit le drame proprement dit, c'est pourtant ce qui donne un intérêt particulier à des scènes qui, autrement, ne seraient que des documentaires. Nous voyons chaque jour à l'écran, des arrivées de courses ; si celle ci nous passionne c'est que nous attachons un intérêt particulier à la victoire de Mascotte; c'est parce que de cette victoire, dépend l'issue d'une action où des sentiments humains sont en jeu. Au fond, le problème le plus difficile du Cinéma est peut-être d'assurer l'harmonie, l'unité de ton entre l'élément documentaire, naturel, imposé, — l'arbre qui frissonne, l'eau qui coule, l'homme qui passe dans la rue, le cheval qui court - et l'élément fictif, dramatique, inventé. On comprend que de bons artistes aient pris peur, aient cru résoudre le problème en se réfugiant dans un studio pour rester maîtres de leurs décors ; et ainsi naissent des œuvres telles que Le Cabinet du Docteur Caligari. Mais la difficulté renaît sous une autre forme: le corps humain, par le caractère naturel de ses mouvements, se sépare du décor factice. Si l'on veut aller jusqu'au bout du parti, il faut déformer les gestes, faire des hommes des pantins, cacher les visages sou»! un masque de fard, ou même, on l'a proposé, sous un masque véritable. Dans ce sens, on arrivera â réaliser des œuvres peut-être charmantes ou fortes, mais qui ne plairont qu'à une coterie : exactement le contraire de ce qu'il faut chercher au Cinéma. C'est encore une des antinomies éternelles île l'Art, grâce auxquelles aucune solution n'est entièrement satisfaisante, et il demeure toujours nécessaire — heureusement — de chercher autre chose. • Le Mariage d'Agénor. La note tendre, sentimentale, est plus spontanée que la note comique. Lorsque quelqu'un s'assied au piano pour improviser, il reste souvent dans les modes mineurs et mélancoliques. Sur dix pièces écrites en dehors de toute idée d'utilisation, il y a neuf tragédies ou drames. Dans un drame, même médiocre, on sent, par instants, que l'auteur est sincère, qu'il sympathise avec ses personnages; lorsque l'on écoute une comédie comique (comme disent les programmes)il est impossible de ne pas avoir l'impression que celui qui l'a fabriquée était torturé par la pensée de la fin du mois, des notes du médecin de la couturière, par l'absolue nécessité de faire drôle, pour que cela rapporte autant que La petite grue du troisième (mes excuses à l'auteur s'il existe réellement une pièce portant ce titre.) Les comédies que met en scène M. Callamand sont précisément parmi celles qui donnent le moins cette pénible impression. Elles ne sont pas extrêmement comiques, mais il y règne un ton de bonne compagnie et, dans l'ensemble, elles sont plus agréables à voir que d'autres œuvres dont la drôlerie intense.de caractère purement mécanique, est physiologiquement fatigante. LlONEL Landr1