We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.
Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.
cmea
Le Cinéma en Amérique et en France
Par Henri ROUSSEL
Il y aà Paris, cela va de soi, comme dans toutes Les capitales, * un marché » cinématographique. MaiseXiste
t-il réellement en France une « industrie » cinématographique avec laquelle celles des autres pays doivent compter?
Faut-il croire que l'industrie née de la miraculeuse et diabolique invention demeure empreinte d'un modernisme trop aigu pour être adoptée, comprise, assimilée par notre vieux monde latin caduque et perclus?
La peur d'innover
En France, //i/2orerépouvantenotre capital. C'est un fait. Mais, songeons-y cela attire les esprits hardis, avides de meilleurs lendemains, dont tout autour de nous l'univers est peuplé...
Presque toutes les grandes idées modernes furent les œuvres de savants et d'artistes français. Hélas! pourquoi faut-il que presque toutes les hérésies politiques, financières, industrielles aient été commises par notre vieille et radoteuse bourgeoisie dirigeante et possédante?
Pourquoi avons-nous permis que des œuvres de cerveaux français servent à la gloire et à la fortune de nos rivaux, voire de nos ennemis? Le cinématographe, découverte française, a servi en Amérique à l'édification d'une formidable industrie. Puisque nous n'avons pas su devancer nos rivaux, tirerons-nous au moins quelques profits de leur expérience ? Peut-être I
Non pas, entendons-nous bien, qu'il s'agisse de copier nos directives sur un voisin aux mœurs commerciales, au tempérament différent des nôtres et que nous ne saurions imiter sans mécompte; ce qu'il faut bien, plutôt, c'est noter ses erreurs, afin de n'y pas tomber nous-mêmes.
J'essaierai de jeter ici, dans un travail forcément très abrégé, quelques notes sur les observations que peut recueillir aux Etats-Unis un témoin impartial.
Tout d'abord, occupons-nous du côté purement industriel et faisons le bilan de « the american moving picture » à ce jour.
L'industrie du cinématographe estelle, à l'heure actuelle, aux EtatsUnis, dans un état florissant?
// h a crise !
Non. Il y a crise, crise terrible.
Voilà un point acquis, irréfutable, il est d'importance, j'imagine!
Dans le développement de l'industrie cinématographique, nos rivaux américains ont trop laissé «jouer» les défauts de leurs qualités.
Voyons d'abord les qualités.
L'énorme mérite de l'Amérique est d'avoir compris, des années avant les producteurs français, l'avenir prodigieux du cinématographe au triple point de vue : industrie, art, véhicule de la pensée.
La notion de la puissance de l'invention nouvelle une fois acquise, les capitaux, courageusement, audacieusement, affluèrent.
On put donc s'adresser, pour développer d'abord, perfectionner ensuite, la source de richesses qui venait de jaillir, à des hommes de valeur, à des intelligences réelles, ayant déjà prouvé leur maîtrise dans d'autres branches d'activité, et qui vinrent au cinéma attiré par les brillantes conditions offertes. Leur initiation fut rapide, leur progrès vertigineux.
Des réalisateurs de grands talents .se révélèrent. Des œuvres d'art véritables conquirent ses lettres de noblesse au cinématographe d'imagination et, aidée par l'absence de toute concurrence, puisque l'Europe toute entière était en guerre, l'industrie nouvelle se classa en cinq années au troisième rang des industries des Etats-Unis.
Résultat saisissant de puissance créatrice, œuvre de l'esprit industriel américain.
Examinons maintenant le revers de l'étineelante médaille.
Le départ de l'industrie nouvelle exigeait, de la part du capital, de l'audace, beaucoup d'audace. Il en eut Mais on transforma vite cette qualité commerciale en un grave défaut : l'imprudence.
On vit « grand » tout de suite, ce qui était parfait. Mais on méprisa
tout souci d'économie! On gaspilla! On pouvait faire aussi bien à prix de revient moindre. On n'y songea même pas.
Les beaux films coûtaient trop cher! Puis on produisit des films moyens «en série ». Méthode chère aux « american businessmen ». On produisit dans des proportions exagérées. Donc, surproduction d'articles moyens, mévente, bref, le capital ne fut pas rémunéré..
Les parasites du capital
Et puis, là-bas, comme ici d'ailleurs, l'industrie nouvelle n'attira pas seulement des concours précieux. Des parasites innombrables envahirent la splendide proie. Les « offices « se remplirent de hauts fonctionnaires dont les services ne paraissaient pas nettement déterminés, mais dont les exigences d'argent étaient, en revanche, impressionnantes. Si bien que l'industrie du film de là-bas enrichissait déjà beaucoup de gens (dont quelques-uns seulement « produisaient » utilement), alors qu'elle n'enrichissait pas encore les actionnaires.
l'nearine à deux tranchants
Nous allons à notre tour demander à notre Parlement, assurent les révoltés, de voter lui aussi une loi protectionniste fermant nos frontières à toute importation de films étrangers.
Prenons garde: Arme à deux tranchants !
Si cette loi est votée, les films américains n'entreront plus chez nous, soit. (N'entreront-ils plus ?... Hum! c'est à voir, car n'oublions pas que pour ces films, complètement amortis dans leur pays d'origine, les vendeurs peuvent demander un prix extrêmement réduit, puisque ce prix constituera un bénéfice net). Mais les films suédois, anglais, allemands, italiens, seront, comme de juste, frappés du même coup et n'entreront plus chez nous.
Nous verrons alors ces pays prendre à leur tour, par représailles à notre égard, des mesures protectionnistes radicales.
Or, notre production peut pariai