Cinéa (1921)

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12 cinéa M M EN AMÉRIQUE MM Au moment où paraissait ma dernière chronique, je n'avais pas eu connaissance du discours, habile et éloquent, qu'avait prononcé David W. Griffith contre l'institution de la censure, en présence d'un certain nombre de parlementaires réunis à New-Fork. La position prise par l'auteur d'//itolèraiice est excellente. Sans s'attarder à justifier l'écran des torts qu'on lui impute, il a hardiment pris l'offensive, a dénoncé le principe même de la censure comme contraire à l'idéal démocratique de la Liberté, comme dangereux en ce qu'il peut s'appliquer, suivant les caprices et les exigences des soi-disant réformateurs, à n'importe quelle forme de l'Art ou de la Pensée. « La censure, a-t-il dit, signifie que moi, censeur, avec ma pauvre intelligence, j'entends interdire à tout homme de penser et d'agir autrement que moi. Lorsque Rubla Khan détruisait les villes comme représentant des foyers d'immoralité, il réalisait d'un coup le rêve extrême du censeur. Qu'il y ait des films choquants, immoraux, nul ne le conteste : mais le principe même d'une censure est un danger beaucoup plus grave. Les censeurs effaceraient les trois quarts de Shakespeare, la moitié de Dickens; ils condamneraient Jésus-Christ sans hésiter, s'il revenait sur Terre. On succombe actuellement sous le poids et sous le nombre de lois tellement serrées et compliquées que personne ne les observe plus, et que le principe même de la Loi finit par devenir ridicule. N'ajoutons pas une entrave nouvelle à toutes ces entraves... » Le mouvement faut-il dire de pharisaïsme ou de puritanisme? est malheureusement trop fortement lancé pour que de bonnes raisons suffisent à l'arrêter. Il y a cependant quelques atténuations pratiques. San s doute Griffith renonce à tourner Fallut ; mais il n'est point certain qu'on ne nous annoncera pas, le mois prochain, qu'il s'y est remis, et ainsi de suite tant qu'il y aura lieu de faire haleter l'opinion publique. En tout cas, la Reine de Saba a paru sur l'écran. William Fox a fait grand bruit d'une course de chars qui s'y trouvait; mais le public, et même les critiques, ont surtout remarqué les toilettes de Betty Blythe, notamment un certain costume de voyage composé « d'une ou deux perles » dont la contemplation est angoissante quand on songe avec quelle facilité les colliers se défilent . . A l'heure présente, la principale question à l'ordre du jour est celle des films allemands. Le succès de Passion, de Déception, du Cabinet du docteur Caliaari, désoriente les augures. Notre confrère Classic plaisante agréablement les connaisseurs pour qui l'opinion publique n'a pas de mystère. « On se demande, dit il, comment pourront expliquer ce succès les soi-disant autorités de l'écran qui déclarent : « 1" Que les Américains n'aiment pas les films étrangers ; « 2° Que les films à costumes n'auront jamais de succès ; « 3e Que les habitués des cinémas ne supporteront jamais de produits futuristes ; « 4° Que le succès d'un film qui finit mal est d'avance compromis ; « 5° Que les amateurs de Cinéma tiennent avant tout à voir lies tableaux de la vie de New-York, avec beaucoup de scènes de restaurants de nuit. » Notre confrère critique ceux qui déclaraient ce succès impossible ; mais il n'essaie point d'en déterminer les raisons : où faut-il les chercher ? Invoquer le mérite propre des œuvres dont il s'agit n'est pas une explication. Doit-on croire à une campagne de propagande commerciale, et peut-être politique, méthodiquement conduite ? Faut-il se souvenir qu'il existe aux Etats-Unis une masse considérable d'origine ou de culture germaniques à laquelle la pensée et l'art allemands seront toujours sympathiques? Faut-il incriminer la persistante monotonie de la production américaine, la lassitude de voir sans cesse éditeurs, étoiles, tourner. . en rond ? L'abus des scènes de eowboys d'une part, des restaurants de nuit d'autre part V Ce qui donnerait quelque poids à celte dernière hypothèse, c'est que la faveur du public ne va pas qu'aux films allemands. Des films italiens, et très caractéristiques, tels que La Xave s'apprêtent à paraître sur l'écran ; les films suédois s'avancent en bon ordre, et il est même question d'un film français : J'accuse. 11 y a là une porte ouverte ; mais pour profiter de l'ouverture, pour l'élargir, pour y passer en masse, il faudrait plus de hardiesse artistique, plus de moyens d'action et plus d'esprit d'entreprise commerciale que n'en réunissent nos producteurs. Lionel Landry.