Cinéa (1921)

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cinea J&M LES FILMS D'AUJOURD'HUI M& Raspoutine. J'ai oublié — les études grecques sont .sûrement en décadence — le nom du dramaturge que les Athéniens condamnèrent à une amende parée que, en prenant pour sujet la prise récente de Milet, il avait provoqué l'émotion par un procédé trop facile. Un film* où sont décrits les tragiques événements qui précédèrent l'écroulement de l'Empire russe nous parait, aujourd'hui encore, manquer de recul, et l'on peut éprouver cette impression même si l'on ne possède point au fond d'un portefeuille quelques titres russes dont les coupons s'obstinent à ne point se détacher. Le manque de recul présente un inconvénient à un autre point de vue ; plus l'époque est éloignée, plus la reconstitution en est facile, moins le public et la critique sont exigeants quant aux détails. Il est plus aisé de susciter un romain qui ait l'air romain, qu'un russe ou un chinois plausible, de reconstituer le Forum ou l'Agora (nous n'y étions pas, n'est-ce pas ?) que la perspective Newsky ou Ha-Ta-Men. Qu'il y ait dans certains des tableaux de ce film une accumulation de détails isolément exacts; ce n'est point suffisant. Il manque ce souffle qui permet aux Suédois, quelquefois aux Italiens, de nous transporter aux époques passées. Au premier abord, Montagu Love semble physiquement désigné pour le rôle de Raspoutine. Il n'y apparaît point excellent et le reste de l'interprétation ne sort point de l'ordinaire. Le film tout entier, d'ailleurs, ne susciterait guère d'attention sans la réclame spéciale que lui a faite la censure. • L'échéance fatale. Une action peut être passionnante, mouvementée, intrigante tout en restant dans les limites de la vie et de la vraisemblance ; la donnée de ce drame en sort à chaque instant et c'est dommage, car il représente un effort intéressant de réalisation. L'interprétation est bonne, encore qu'il paraisse invraisemblable que deux frères soient aussi visiblement, l'un français, l'autre russe. Et quand on constate combien M. Nicolas Kimskv demeure russe en jouant un rôle français, on s'étonne moins que Montagu Love arrive si difficilement à paraître russe. L'affaire du train 24. Que nul des auteur, metteur en scène, acteurs, machinistes, opérateurs, accessoiristes qui ont pris part à la fabrication de ce film en huit épisodes ne soit mort d'ennui, cela prouve jusqu'où va l'endurance humaine. Mais l'épreuve paraît suffisamment concluante et il serait cruel — surtout par ce temps d'assassinats en chemins de fer — de la renouveler sur le public. Les deux routes. Je dois faire amende honorable à Bert Lyttel, pour avoir dit naguère qu'il était joli garçon; il est mieux que cela et fait preuve, dans ce film, d'un talent vivant et sincère. Du film même il n'y a pas grand'chose à dire. Un policier (dont le rôle est fort bien joué) se trouve en face du même problème que Javert à la fin des Misérables; mais il ne le résoud point, comme ce Brutus de la Rousse, en se suicidant; il se contente de ne point faire son métier et de laisser tranquillement partir pour Honolulu l'ancien convict dont il estime la conversion suffisamment acquise. Après tout, la solution n'est peut-être pas pire qu'une autre. Les avatars de Chariot. J'éprouve quelque scrupule à parler de Charlie Chaplin, dont quelqu'un, prochainement, va parler très bien. Mais peut-être faut-il, au contraire, se hâter d'en parler avant que des choses définitives aient été dites sur le mime génial. J'ai indiqué naguère qu'au cinéma l'une des principales difficultés était d'établir 1 harmonie entre le naturel et le factice, que l'une des solutions les plus tentantes consistait, si l'on peut ainsi dire, à s'aligner sur le factice, à imposer aux objets naturels le devoir de se conformer à une convention générale. Cela, Charlie Chaplin partant de l'esthétique de la pantomime, l'a nettement vu; il a, cherché à 1 appliquer dès ses premiers films, que déparent cependant des éléments de comique déjà connus (les hommes à moustaches, etc.). Plus tard il a réalisé des œuvres telles que Chariot noctambule, qui, sans avoir une portée très forte, ne comportent pas une fausse note, cependant que, sûr de sa technique il tendait vers les œuvres riches, complexes, humaines, de sa dernière manière, dont nous ne connaissons que quelques-unes (Une vie de chien, Chariot soldat, etc.). D'autre part il est certain que Charlie Chaplin fait rire, et sans qu'on conserve, après avoir ri, cet arrière goût d'ineptie que laisse trop souvent le rire obtenu par des procédés purement mécaniques. Mais tout ceci s'applique à des œtH vres de Charlie. Or que nous présentet-on aujourd'hui ?Un pot pourri, une rhapsographie destinée à utiliser les restes, à faire repasser en troisième décoction les films qu'on nous a montrés d'abord à leur apparition, qu'on a fait repasser ensuite dans tous les sens au point d'en lasser les yeux, et qu'on essaie de refiler sous cette nouvelle forme. Que, Rossini devenu silencieux, des Castil Blaze aient continué, pour plaire au public à fabriquer des Iouna delLago, et autres Rhapsodies, cela se conçoit: encore Rossini lui-même les sifflait-il. Mais le procédé qui consiste à concurrencer les œuvres d'un auteur en pleine production avec ses œuvres antérieure est inqualifiable, et il faut espérer que le public fera justice de ce déplorable sabotage. • Chimères. En situant pièces, romans ou films dans des milieux mondains, les auteurs n'obéissent pas seulement à des considérations de snobisme. La majorité du public se plaît sincèrement au spectacle d'hommes bien habillés, de femmes élégantes. L'aspect d'amusement extérieur que revêtent ces existences fournit des oppositions faciles et frappantes avec les sentiments qui torturent les personnages;