Cinéa (1921)

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8 cinea ■■■•■■■■■■■■■■■■■■•■■■■■■■■■■••■■■■■■■■■■■■a •£ •£ •£ Signoret dans "Le Silence" •# Emmy Lynn dans "Mater Dolorosa" £ A.=F. Brunelle ians "Chignole" •£ Yvonne Aurel Ians "Fièvre" •£ Jean Toulout dans ... "La Xme Symphonie" •£ £ £ £ Modot ians. "Mathias Sandoif,, Yvette Andreyor dans.. ... "Mathias Sandorf" Jacques Grétillat dans "Déchéance" Marcelle Pradot dans "Le Carnaval des Vérités" •£ •£ Desjardins dans "J'accuse" LES PAGES DE MA VIE Par Fédor CH ALI AVINE Le théâtre m'attirait de plus en plus et je m'efforçais par tous les moyens possibles de soustraire au contrôle paternel l'argent que je ga gnais avec mon travail. Je savais que c'était malhonnête, mais vraiment c'était plus fort que moi : il m'était devenu impossible d'aller au théâtre tout seul. Il me fallait avoir quelqu'un à côté de moi, afin que je puisse donner libre cours à toutes les extases qui se traduisaient chez moi par une verbosité excessive. Donc, je me mis à inviter au théâtre mes amis, le plus souvent Mikaïloff qui, lui aussi, se passionnait pour le théâtre et pendant les entr'aetes nous avions toujours de longues discussions en appréciant le jeu des comédiens, les qualités de la pièce représentée. Un jour s'amena une troupe d'opéra et on augmenta le prix des places jusqu'à 50 kopeks. L'opéra m'avait complètement ébloui. Ayant déjà travaillé le chant, je n'étais pas très étonné, naturellement, d'entendre les gens chanter et chanter des choses presque inintelligibles. Moi-même je ne comprenais guère ce que je chantais tant de fois pendant les cérémonies de mariage. Ce qui me frappa surtout, c'est le fait qu'il existe une vie ou les gens au lieu de parler comme cela se pratique chez nous â Kazan, dans notre quartier, ont recours au chant. Cette vie chantante produisit sur moi une impression énorme. Des êtres extraordinaires, vêtus d'une manière fantastique, interrogeaient en chantant, répondaient en chantant également; des gens qui chantaient debout, assis, en buvant, en réfléchissant, pour lancer des injures, pour adresser des compliments, même étant en train de mourir — ça, c'était inouï! Et ce genre de vie me plaisait infiniment! Mon Dieu, songeais-je, si on pouvait agir de la sorte partout, si tout le monde chantait dans la vie, â 1 atelier, an bain, dans la rue! Par exemple, le patron chante : Fedka-a-a-a, apporte-moi le cuir pour les seme-e-e-lles! Et moi, je réponds : — Le voici-i-i-i, Nicolas Evtro-o-opitch ï Ou bien un agent qui traîne quelqu'un au poste de police : — Viens avec moi au poste de police-e-e-e I Et la victime, ténor léger : — M'sieu l'agent, excusez-moi, excusez-moi î En songeant â cette belle existence je me mis à transformer naturellement notre vie quotidienne en opéra. Lorsque mon père me disait : — Eedka, du kwas, viteî Je lui répondais, en lançant les notes les plus aiguës : — Voilà, voilà î — Qu'est-ce que tu as à gueuler ainsi? me demandait-il. Ou bien je le réveillais en chantant: — Mon père, lève-toi, viens prendre le thé! Il me regardait tout ahuri et disait à ma mère : — Tu vois! C'est cela le résultat des théâtres. Pour moi le théâtre était devenu une nécessité vitale. Ma place au poulailler ne me suffisait plus, j'avais une envie folle de pénétrer dans les coulisses, voir où est prise la lune, comment disparaissent d'un coup les gens, de quoi sont bâties avec cette rapidité merveilleuse des villes entières et vers quel endroit s'en va après la fin de la représentation toute cette vie somptueuse et éclatante. Quelquefois j'essayais de pénéirer dans ce royaume merveilleux, des hommes féroces se ruaient alors sur moi, me criblaient de coups et me chassaient dehors. Mais une fois, je réussis à tromper leur vigilance et je vis devant moi un long escalier, sombre, étroit, tout encombré de vieux châssis cassés, des toiles de décor trouées et poussiéreuses. Le voici le chemin des miracles ; En avançant lentement, avec précaution entre ces décombres, je me trouvai enfin sous la scène au milieu d'un amas de cordes, appareils mécaniques, machines de toute sorte. (A suivre) L. Vai.tku, trad. Imprimerie spéciale de cinéa. CS4. rue Rochechouart, Paris. Le o-trant : A. Pai v.