Cinéa (1921)

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cinea HUIT JOURS DE FIÈVRE SOLANGE RUGIENS (ROLE DE PATIENCE) YVONNE AUREL (ROLE DE LA FEMME A LA PIPE). Nous avons passé huit jours dans un cabaret a matelots. Les personnes qui ont vu le film né de cet étrange semaine ont compris que le cabaret se situait dans un port et ce port dans le midi. Barcelone? Cadix? Gènes? Marseille? Va pour Marseille. Par conséquent, vous vous doutez que ce drame dit « d'atmosphère « fut tourné à Paris, dans le studio de M. Léon Gaumont. avec un nombre sérieux de degré au-dessous de zéro. Février aux Buttes-Chaumont. Et c'est de quoi évoquer Marseille au printemps. Vu de dehors le studio Gaumont est une usine. L'intérieur a tout de là cathédrale. Il ne manque que les bénitiers. Mais l'eau bénite ne manque pas. Les diacres, sous-diacres, frères lais, sont toute douceur. Il y a un sacristain notamment qui est bien gentil. Petit, confortable, souriant, doué d'un œil aigu et d'un ventre benoît, il veille à tout et trouve encore le moyen d'écrire de pieuses pages dans le bulletin de la congrégation. Et il voit tout. Ou presque. Et on le voit partout. Il n'y a que l'archevêque dont on ne voit jamais le nez. Le thermomètre descend avec la vivacité d'un avion en pleine chute. C'est dur pour la cathédrale. Et dans mon enfance, on m'apprenait que les églises servent principalement — comme les musées — à réchauffer les pauvres bougres!!! Ne sommes-nous donc pas les pauvres bougres? Il n'a fallu que quatre jours pour planter le décor sommaire du Bar-bar. C'est « un rien ». Maurice, chef de la machinerie, travaille comme les maréchaux de l'Empire ou comme Antoine à l'Odéon. 11 laisse faire, puis quand il est bien sûr que « tous ces gars-là ne foutent rien ». il redresse les erreurs en cinq minutes et voilà, votre décor est bâti, servez chaud. Quand je dis : chaud... • Le studio Gaumont contient facilement quatre metteurs en scène au travail, ['en vois six ou sept. Dans une cage immense. Berthe Dagmar fait bondir des lions qui gueulent superbement. En mari égoïste. Jean Durand n'entre pas dans la cage et regarde. C'est du sadisme. A côté, un corridor de maison de santé. Et une chambre de malade. René Chaumette. avec des veux genre Eve Laval, lière, agonise dans un petit lit, sous les yeux de Protazonoff. Ce maigre, long, bizarre, nerveux metteur en scène, brandit perpétuellement une canne de roulier. On a limpression qu'il va achever le mourant. Heureusement. Mme Yanowa en femme-du-monde-infirmière circule autour du patient et du curé. Cette Rubinstein du cinéma a des pieds distingués et un bon chausseur. Tout çà. c'est le Srns (ft la Mort. Le sens de la vie s'agite partout. Plus loin. Léon Poirier croit devoir rafraîchir encore la température bérésinesque avec des ventilateurs et des hélices d'avions, destinées à secouer 1 s ajoncs d'une lande romanesque ou Suzanne Després promène la tragédie de son front têtu. Jeanne Léon-Poirier déploie une verve d'autorité digne de Mlle de Montpensier et la svelte Myrga. taciturne et fugace — semble ne jamais rien remarquer — voit ce qu'elle \'eut. fait ce qu'elle veut. La vie du Bar-bar commence. Eve Francis silhouette sa robe photogénique sur la toile de Bécan ou dorment les bateaux du Vieux-Port. Elle attend quoi? Que les bateaux aient des pattes, que la rose d'argent érigée sur le comptoir fleure l'héliotrope ou que Modot ressemble àJoubé?On verra bien. Ce Modot est épatant. Et voilà son seul défaut. Dès qu'il entre dans un rôle, tout y est, et l'on s'apprête à ne rien lui dire tant il est peu acteur, mais homme Ses godillots de faux luxe, sa chemise à carreaux, sa coiffure savante, sa gueule précise et bien musclée, quelle allure! Et quelque chose en plus, à l'intérieur : />■ sens du cinéma. Il considère une manille attentive et calme qui réunit A. F. Brunelle. petit fonctionnaire à la Dickens, le fils Barrai, barbu comme Ruv Blas. un tiers dont j'ai oublié le nom mais qui se tenait bien, et Footitt. • Footitt ne boit pas le vin blanc cassis dont il a rempli son verre. Footitt est malade. L'ancien roi du cirque était devenu roi du cocktail dans le bar de la rue Montaigne. Va-t-il devenir roi de l'écran. Hélas, voilà la soixantaine. Trente ans de sauts périlleux, de nerfs et de Gordon gin finissent par effleurer un homme. Et depuis huit jours les orgies de Footitt Ed ^ — — _ "s^'p ""^^■i VAN DAEI.E (RÔLE DE MILITIS) EVE FRANCIS (RÔLE DE SARAH) MODOT (ROLE DE T0PINELL1)