Cinéa (1922)

cinéa Théodore Roberts qu'on revoit toujours avec plaisir, je mettrai au premier plan Théodore Koslolf, qui joue le rôle du maître d'hôtel, et qui sait si bien donner alternativement à son visage l'expression du larbin et du bandit. • L'Autre. Deux cousines germaines, séparées par la vie, mais dont une de ces ressemblances frappantes qu'on ne voit qu'au cinéma signale la parenté, se retrouvent. L'une est une aventurière tarée, à peu prés à la côte ; l'autre, une pure jeune fille qui doit épouser un tout jeune homme, retour îles colonies après trois ans d'absence. L'aventurière conçoit le plan machiavélique de se substituer à la jeune fille, d épouser à sa place le bon jeune homme. Et elle va réussir lorsque... Je ne vous dirai pas la suite; le film est amusant, et vous pouvez aller le voir. Mlle Eltnire Vauthier joue donc, pour ainsi dire, un triple rôle; celui de l'innocente Blanche, celui de la perfide Wanda, et celui de YVanda se faisant passer pour Blanche. Elle se classe parmi les coquettes plutôt que parmi les ingénues, et c'est dans le personnage de la jeune fille, un peu trop inspiré de Mary Pickford, qu'elle est le moins elle-même; elle est excellente, sans restriction, dans le rôle de Wanda; et dans celui de Wanda prétendue Blanche, le léger manque de naturel signalé plus haut est tout à fait à sa place et donne à plusieurs scènes du film un cachet piquant. Est-ce a dire qu'il soit légitime d'exilerdel'afficheet des programmes le nom des partenaires de Mlle Vauthier? M. Angelo est bon, encore qu'on l'ait relégué dans un rôle subalterne; et M. Vermoyal continue à jouer avec la même vie, et bien que sons un autre nom, le rôle du perfide Saivany (je prédis un grand succès au metteur en scène qui aura l'idée de l'aire jouer à cet excellent artiste un rôle sympathique : il est •egrettable de Le voir ainsi spécia le ••)• de sous-titres étant données les tentations qu'offrait à cet égard un sujet plutôt compliqué. • L'Infante à la Rose. C'est un très joli film, dont l'atmosphère pittoresque est extrêmement bien rendue, mais reste un peu en dehors de l'action, forme décor inerte, ne comportant pas, sauf dans les toutes dernières scènes, qui sont émouvantes à cet égard, interpénétration avec les personnages. Il raconte l'histoire de deux sœurs dont l'une, Eanette, mariée, est délivrée par l'autre, Olive, restée jeune fille, du joug d'un exécrable époux. Puis toutes ileux rencontrent un homme jeune, noble et charmant, qui, d'abord épris de Eanette, se détourne d'elle en apprenant qu'elle ne peut être sa femme, et aime Olive lorsqu'elle a failli tomber sous le poignard de son dangereux beau-frère. Le revirement de don Luis, les raisons qui le motivent comporteraient une étude psychologique assez sub tile, laquelle n'est qu indiquée Est ce adiré que l'écran ne se prête pas à de telles analyses ? On y a vu paraître — souvenez-vous de Y Homme Inconnu par exemple, ou de la Rose, ou de Silence — des notations psychologiques fouillées et variées. Mais il faut que les éléments qui les composent soient d'ordre visuel (souvenirs, craintes, espoirs) ; comment visualiser des motifs tels que le scrupule religieux d'épouser une femme divorcée ? D'autre part il ne faut pas courir deux lièvres à la fois; or.ee film court — et attrape en vérité le lièvre « paysage » ; il y a îles évocations de jardins, de bassins, de jeux d'eau, qui font vivre sous nos yeux une Espagne moins romantique et impressionnante que celle d'El Dorado, mais plus vivante et plus pioche de nous peut-être. Dans un tel milieu, il aurait fallu placer une action plus directe et conditionnée par le milieu même. Le rôle d'Olive — la « Sultane Olive » est tenu par .Mlle (.abrielle La note générale est Côte d'AzurRapide, sans trop de fadeur, et avec le courage d'avouer qu'il pleut quelquefois à Nice ; il y a une arrivée au théâtre, sous L'averse, très réussie. Bon mouvement gênerai, et pas trop