Cinéa (1922)

jinéa Gina Palerme par GIN A PALERME Je suis née un mardi, il y a, me lemble-t-il, un certain temps déjà et même un temps certain Date exacte : [e 18 décembre 189... tiens, j'ai oublié. Dame! c'était le siècle dernier. Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, je me vois possédée du Jémon. . (de la comédie). A dix ans, na passion était « les tableaux vivants». Au milieu de mes camarades le jeux, j'incarnais, avec un sérieux •omique à voir, Saint-Louis rendant a justice, Jehanne d'Arc montant au oùeher, ou Bonaparte au pont d'Ar||:ole, et mon imagination travaillant, e me sentais réellement Saint-Louis, a bonne Lorraine ou le grand capitaine. J'étais exaltée au point que je enais pour impossible qu'il existât ni monde un génie capable d'égaler nés gestes et attitudes... Peut-être >arah Bernbardt. .. et encore!... I A 14 ans, c'est l'apogée de ma carrière théâtrale. Devant une salle îrchi-comble... reprébentée par ma uv urdeboutsurunechai.se... je parus ill'ublée d'un immense chapeau. Je îe sais plus l'héroïne ou le héros que étais censée représenter; mais â | ovation qui salua mon entrée, au lélire de ma sœur. . pardon, des («peetateurs, je compris ce que c'était 411e le triomphe. Les applaudissements étaient tels que je défaillais Témotion. J'avais compris quel devait être mon avenir: aucun doute. l 'étais un génie. ! Devant un talent aussi prodigieux, e décide de paraître devant un vériable public, sur une scène véritable. H directeur avisé me confie, quel[lies années plus tard, un rôle de grande coquette. Enfin, j'allais me révéler. J'étais alors grande et mince ■Came un fil (maigre comme une lirète, disaient mes bonnes amies). I jour de la représentation, j'arriai sur le plateau vêtue d'une robe 1 trahir pailletée, tellement collante, pie je donnais L'impression d'un long erpent dressé sur sa queue. Mêlas! erriliée, glacée d'émotion, pas un not ne put sortir île mes lèvres tiemI liantes. Ce fut un magistral succès... le rire ! Je me sauvai, éperdue, an o l.ant la scène des paillettes de ma obe et les coulisses île mes larmes, lioursuivie par les rires et les trépi gnements de toute la salle en joieî Un triomphe, quoi! Après un très court séjour sur les scènes parisiennes, je pars en Angleterre pour me perfectionner dans la danse anglaise Je devais rester làbas (i mois, j'y reste 7 ans, pendant lesquels je gravis tous les échelons de chorus-girl â directrice du théâtre Duke of York. Je fus choyée par le public anglais que j'aime énormément. Une indéfinissable « nostalgie » de la France me poussa à revenir à Paris, où je suis totalement inconnue, malgré l'exhibition du serpent à paillettes. J essaie maintenant d'être cinémateuse, écranique, enfin, de devenir actrice de cinéma. Suis-je ou ne suisje pas pho-to-gé-ni-que ? ? ? « That is the question? » La carrière cinématographique m'a d'abord paru, je l'avoue, se réduire à une distraction, un passe-temps agréable et pitto resque. C'est dans ces dispositions que j'ai commencé à tourner, en m'amusant. Puis, peu â peu, j'ai compris, et soudain, la révélation. Mais ouil A présent je me passionne littéralement pour cet art et pour les créations que je compte faire à l'écran. Je suis enthousiasmée du rôle que les films « Jupiter » m'ont confié . Je tourne avec Guy du Fresnay le rôle de Margot, dans le scénario qu'il a tiré de la délicieuse nouvelle d'Alfred de Musset et j'espère, je suis sûre, que Margot sera un beau film. J'adore la vie d'artiste de cinéma. Levé.' de bonne heure, coucher de même, beaucoup de grand air, de mouvement; de la vie, de la vie saine, régulière et active. . qui tient le corps alerte et souple, et le visage frais et reposé. Et avec ça, Madame? Avec ça, on devient une « star «, ou du moins... on essaie! Essayons. Gina Palerme. applai GINA l'Ai I KM! dans / Eh