Cinéa (1922)

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cinea [publics] Gaumont Palace (Paris). Le cirque est plein. C'est jour de fête. L'ancien hippodrome devenu cinéma est le seulcinéma, en France, qui puisse être appelé le Cinéma. Sa l'orme parfaite et simple d'amphithéâtre met au pied de l'écran fascinateur une foule, six ou huit mille personnes, de tous ordres, de toutes classes.de toutes mentalités, le peuple et voilà tout ; et là seulement les cinéastes trouvent cette âme unanime du public qui justifie, annule, adore, discute, comprend ou peut croire comprendre une œuvre. Nous avons connu Orange ou Hé/.iers où l'on essayait, avec Bérénice ou La fille de Roland, de retrouver cette impression synthétique de la masse humaine devant le drame. Nous n'avons pas connu Athènes, Rome, Alexandrie, Carthage, Agrigente et leurs hémicycles bondés de plèbe, pour savourer la tragédie euripidesque. Nous pouvons deviner ce prodigieux unanimismedes spectateursdu passé à travers le populaire de Séville ou de Valence qui se rue autour de la piste pour acclamer un matador. Nous pouvons — à la tiédeur près (du ciel et de la mer) — retrouver ce sens latin du spectacle dans le cirque complexe et un du Gaumont-Palace. Comme au music-hall, c'est moins l'œuvre qui compte que le rtipport des fragments entre eux. L'Orpheline et El Dorado sont obligés de pactiser et de partager, selon d'incroyables nuances d'équilibre, le plaisir visuel des six mille paires d'yeux qui dévorent les images. L'ample orchestre de Fosse berce et fond l'inégalité des thèmes muets. Je n'ai eu que dans cette salle l'impression que les ondes musicales tombent avec limpidité de la lumière même de l'écran. Ne l'expliquez pas. Est-ce que je cherche à l'expliquer ? D'aucuns se sont étonnés de voir le ballet et la pantomime interrompre la part du film C'est tout à l'honneur du cinéma. Exigeant, hypnotique, aussi dangereux parfois qu'une femme hystérique, le cinéma abuse de la tension des esprits et des corps. Est-ce que l'on y tousse comme au théâtre ? Est-ce que l'on y bavarde comme à l'Opéra? L'intensité du spectateur touche au surmenage Pas mauvais de lui donner pour détente la chaude vision bruyante de masques colorés, de voiles éperdus, de corps dansants et tumultueux. Costil et Jean Nougués nous mènent, sous prétexte d'intermèdes, de Thèbes â Austerlitz et ajoutent aux timbres généreux du grand orchestre des voix de chanteurs ou de tragédiens Delna, de Max, Joubé, Albers, Damia — pour envelopper et souligner la passion plastique de Robert Roberty, de Jean Dehelly, de tous ces jeunes musclesdéchaînés que domine danseuse JASMIN E va reparaître. «Gaumont Palace», dans une grande se en scène plastique de MM. Costii et Jean NouguÈS. le rythme allègre et nerveux de Jasmine. Du haut en bas des gradins, dans les loges, au poulailler, au seuil des vomitoires ouatés de lourdes tentures, dans le promenoir trop pelit, la marée humaine compacte et secouée de remous collectifs boit le chaos précis des cuivres et s unit dans le sens impérieux du blanc et noir qui l'emmène si loin, si loin, avec ses couleurs de deuils plus magiques encore qu'une féerie sous le ciel méditerranéen. On ne crie guère. Les voix se résorbent et les cœurs battent: Le cirque est toujours plein. Toits les soirs y sont jours de fête, Maje stic -Cinéma (Nîmes). Il fait net et franc comme dans garage bien administré. L'écran t fleuri. Des mitrons de huit à onzel ans circulent avec des plateaux de] dragées et de sucres d'orge. L'orchesl tre se passionne. Le public divisé— I il y a les catholiques, les protestante! et les espagnols — est d'accord pour] suivre le film. Il attend presque tou-l jours que la projection soit terminée! pour se faire un avis. Ne serions-noual pas en France ? La Princesse des H u îtres fait réfléchir et non ricaner.La Fête espagnole en est à sa quatrième semaine. Pour le film en épisodes, on aime mieux autre chose,] maison a admis Mathias Sandorf.l A l'entr'aete, on boit peu et l'o commente beaucoup. L'opérateur saîtj ce que c'est que le cinéma — enfin ! — et dans un coin, Georges Eysserio, directeur, entretient avec Eric AlainJ d'importants dialogues philosophiij ques ou satiriques — à voix basses. j Quand il n'y a pas de Corrida, lui recette du dimanche est magnifique.! • Novelty (Nice) Dans le hall, de belles photos, de belles affiches, des coupures (encadrées) de beaux articles cinéphiles.! Le directeur doit être fou, ou alors, c'est un vrai cinéaste, et il souffrira. I Il veut donner de beaux films et rienj que cela. Quel enfant ! Avec le public, il y a encore moyen de s'arrannl ger et l'on voit au même programmeij Le lys de la vie et Une /leur dans les\ ruines. Cela fait sourire le voisin] qui passe Judex mais cela ne fait pas crier les habitués, mais — rr cela choque les loueurs, c'est-à-dire | les honorables personnes chargée» de lancer (sic) un film intéressant. I Demandez telle chose artiste (ah noilJ je ne nommerai aucun titre !) aux! agences de Marseille, et neuf fois suri dix elles répondront avec, heureuseA ment, un peu d'assent : « Hé bé,j drolle d'idée I Prenez plutôt L'hommeX aux quatre masques et demi I » Monsieur le directeur du cinémaj Novelty de Nice ne veut prendre que] les films qu'il aime. Merci, monsieur.! Louis Dkli.uc. 1 L'art consiste à choisir, l'éducation artistiaue à oublier. /& ^ ^