Cinéa (1922)

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et, pour ne pas accumuler les noms d'interprètes en finissant, disons tout de suite que Mathot est un Marc Anavan plein de franchise, de bonne bravoure, de conviction et que Mlle Gina Relly joue avec sincérité la blonde Silvette, mais nous allons les revoir... Je ne veux pas oublier quelques types de la commune fortement « typés » par MM. Charles Lamy, un pharmacien bien drôle ; Halma, un coiffeur épique, et Dalleu, un maire que les spectateurs se rappelleront. Mais il faut revenir à l'histoire de Marc Anavan. Nous voici, maintenant, à Paris, chez Jean Sarrias, un homme solide et dru, un ouvrier sculpteur sur bois, qui travaille chez lui pour un marchand de meubles du faubourg Saint-Antoine, M. Bonnet-Picard. C'est un socialiste militant, qui croit à la possibilité d'une révolution prochaine, qui veut la hâter. Brave homme, il aide les malheureux de son entourage et plaint sa compagne Clémence de ne pas partager ses idées. Très exalté, il a quelque influence sur plusieurs de ses camarades, entre autres Gobin, un ouvrier un peu naïf, fanatique, mais sans initiative. Celui-ci est interprété par M. Albert Mayer qui en a fait une composition solide et très caractéristique. Celui-là, c'est M. Henry Krauss, à la fois bon enfant et emphatique comme son personnage le veut. Marc Anavan donne des sommes aux Enfants Assistés, au Syndicat des sculpteurs sur bois, etc. » Les reporters l'assaillent — rôles qui ne pouvaient être mieux tenus, puisqu'ils sont joués par quelques-uns de nos confrères. Un dessinateur — M. Barrère — fait son portrait. On dit à Marc : « Vivez parmi les malheureux ». 11 répond : « Je prêcherai parmi les riches ». Et c'est la gloire, avec les sarcasmes des mondains. Sarrias reçoit une visite, celle de sa nièce qui a fui sa petite ville dans l'espoir de retrouver l'homme qu'elle aime : c'est Silvette. Ici se place une scène qui nous apprend la désertion du fils Sarrias, puis une autre qui nous fait faire connaissance avec des marchandes d'amour au rabais et l'un de leurs souteneurs appelé Chariot. Ce Charlot — il me semble que c'est M. de Roehefort son bon interprète — devient, à la suite d'un chantage assez amusant, un parfait administrateur de la maison de meubles de BonnetPicard. On voit ou l'on devine, par ce qui précède, que les divers personnages représentent véritablement des types particuliers et que l'action ne chôme pas. La guerre... Marc Anavan, avant de partir pour le front comme lieutenant, rédige son testament. Le fils de Sarrias revient d'Angleterre, lui aussi métamorphosé. Il y a des réconciliations dans les familles, bientôt des deuils, des douleurs, des détresses. A Saint-Saturnin-sur-Var, le maire vient annoncer à l'adjoint (père de Silvette) la mort de son fils. Et Sarrias, mobilisé, passe par le pays, se dirigeant vers le dépôt de Toulon, il dit à l'adjoint : « Ton fils est mort fusillé ». Alors le père, désolé, s'engage, par devoir. Pendant ce temps, les habitants parlent de la guerre et, là comme ailleurs, des stratèges de cafés du Commerce dissertent. Le père de Silvette meurt au front, après avoir été soigné par un sergent infirmier, le curé de Saint-Saturnin. Sarrias est brancardier. Paysages de guerre et de paix, Marc blessé, soigné par une ancienne habituée de chez Maxim's Silvette, douloureuse après les violences dont elle a été victime, revient à Paris, chez Mme Sarrias (c'est la grave et tendre figure de Mlle Andrée Pascal) à qui elle dit la vérité. En permission vient Marc Anavan qui va épouser Silvette. Non, elle refuse et Mme Sarrias dit pourquoi. Marc Anavan, l'apôtre, l'indulgent, l'aimant, tourne le dos à Silvette, ne pouvant se résoudre à embrasser celle qui va être la mère d'un enfant d'ennemi. Et puis Sarrias revient chez lui : ilestaveugleî Le pathétique moment, et combien M. Henry Krauss l'a été aussi, pathétique, lorsque, tâtonnant, hésitant, il vient toucher l'un après l'autre ses outils adorés, son meuble le plus chéri et qu'il le caresse de ses doigts et de ses joues, sans exagération, sans outrance, avec amour : c'est très beau, c'est, je crois, ce qu'il y a de meilleur dans le film de M. René Le Prince. Le film se termine au moment que Silvette déclare à Marc : « Ton ami avait son rêve. L'enfant peut-être le verra réalisé. » Mais son mari répli que : « Il faudra que celui qui règne1*** 1 sur le monde mérite le titre d'Empe-l reur des pauvres. » Marc Anavan, après tout ce dont ill a été l'acteur et le témoin, a-t-il en-l core 1 optimisme indéraciné ? Sans doute des spectateurs vou-1 dront-ils lire une thèse d?ns ce film. I Laquelle? Y rencontrez-vous desl manifestations démagogiques? Yl signalerez-vous quelque sociologie! puérile? Préférons n'y voir qu'uni film intéressant, bien mis en scène et I joué avec beaucoup de talent. J'ail dû nommer, en cours de route, la plu1 part des interprètes. Il y a encore I MM. Hiéronimus, Maupain et d'autres qui contribuent à un parfait ensemble. Et maintenant, après la lecture d'un article aussi élogieux, si vous demandez : « L'Empereur des Panières est-il un chef-d'œuvre ? » on doit vous répondre ceci : « Nous ne savons pas ce que c'est qu'un chefd'œuvre cinématographique à une époque où l'art muet est à l'état de croissance et, au surplus, comment déclarer chef-d'œuvre, dans n'importe quel art, une réalisation née la veille ? Et puis il y a diverses qualités et des espèces variées. Certains romans, par exemple, sont supérieurs, dans leur genre, alors que d autres, inférieurs dans le leur, sont plus estimables, quand même, que les premiers. Lucien Wahl. La mort du Soleil. J'ai déjà parlé ici — au point de de vue social et technique du beau film de M. André Legrand, si remarquablement mis en scène par Mme Germaine Dulac. Il est agréable d'avoir à revenir sur cette œuvre importante qui honore l'écran français. A dessein, j'avais réservé de parler des interprètes. Ils sont excellents. M. André Nox qui incarne encore une fois un savant obsédé à la I fois par des passions humaines et | des préoccupations intellectuelles, affirme de nouveau son talent puis ! sant avec plus de force encore que dans les œuvres précédentes. Son I jeu, du commencement à la fin, i reste large, humain, émouvant ; c'est i peut-être la création, je ne dirai pas la plus saisissante, mais la plus complète qu'ait réalisé ce remarquable artiste.