Cinéa (1922)

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;inéa il k Nous nous remîmes en route et franchîmes non sans encombre le Moignon de pont... C'était mainteîant devant nous un inextricable •haos de rochers et de montagnes à aspect fantastique... Le disque •ouge du soleil se montrait lentenent à l'horizon. Les roues du « Old fimer » s'enfonçaient dans le sable léjà chaud de ce qui fut autrefois ine route. Mis en verve par ce réeil curieux de la nature mexicaine, .laurice Tourneur recommença à me uirler. Quand il est de bonne humeur, 'est un conteur extraordinaire. « Le personnage essentiel du ciîéma, est le cameraman (opérateur le prise de vues). C'est l'ami, le concilier, le frère; l'homme qui vous luit partout dans la pluie, la neige, ,e feu, qui partage vos fatigues, vos reines, vos espoirs, vos plaisirs et /os désappointements. Il n'a pas ,1'heure fixe au travail, il est tou,ours prêt à partir au milieu de la iiuit pour surprendre un effet et donner au public qui ne connaîtra janais son nom, une seconde de joie >u d'admiration. Le cameraman est in poète qui se double d'un amoureux de la nature. Et il aime son mé,ier. Dieu sait combien! I « l'n de mes cameramen est mort, iioyé sous mes yeux, sans que je misse rien faire pour le secourir, lyictime de son dévouement, dans lion travail. Je ne l'ai jamais oublié, et il n'est pas de jour que je ne pense i lui. Je vous parais peut-être ridiculement sentimental, mais ceux qui t >nt vécu notre vie enfiévrée et vagabonde comprendront combien on lent s'attachîr à un être humain qui .ous accompagne comme votre I rnibre dans les milieux si variés et parfois terribles où notre métier de lOinade nous appelle. » Les milles s'additionnaient, non h foulâmes encore longtemps. Maurice l'ourneur notait ou photographiait es endroits les plus sauvages où il reviendrait bientôt exécuter sa nouvelle bande A midi nous arrivâmes au sommet (l'une petite montagne d'où l'aspect ,-tnit grandiose. Un repas froid tût c bienvenu arrosé comme il l'était ,1'une bouteille d'un vieux vin fran•ais dénichée la veille dans un « sa,oon »de Tia-Juana. , Comme je demandais â Maurice l'ourneur quelle était sa production tréférée, il me répondit : « Un film qui est terminé ne m'in téresse plus, et je ne porte attention et intérêt qu'au film à venir, c'est pour cela, cher ami, que nous sommes actuellement si loin dans cette contrée déserte... » Le dernier verre de vin que j'absorbai me facilita l'acceptation de cette réponse, pourtant si curieuse venant d'un homme auquel nous devons tant de chefs d'oeuvre dont la plupart sont encore malheureusement inconnus en France. Nous filions maintenant vers Kncenada. A brùle-pourpoint, je demandais à mon compagnon : « Considérez-vous le cinéma comme un Art? » La réponse fut catégorique. « Non, c'est un moyen différent d'exprimer la pensée humaine d'une façon hiéroglyphique, avec des images au lieu de mots. et avec une brutalité qu'aucun autre mode d'expression ne possède. Certains llashes sont aussi violents qu'un coup de poing entre les deux yeux. Ça n'est pas plus un Art que la presse à imprimer ou l'alphabet, ou encore la palette de l'artiste peintre, c'est un instrument au nio\ cil duquel on peut obtenir des résultats artistique* ou infâmes. C'est un •< business . , \ti. mement assidu et poignant dans lequel des fortunes sont laites ou englouties chaque jour. C'est un jeu passionnant a\cc ses éléments d'in certitude et d'espoir qui transportent d'un extrême à l'autre, Le* êtres sen sitifa que nous devons être dan* . > métier. Mais ce qui me parait 1. plu intéressant â noter maintenu QUC h' cinéma est l'instrument t* plus puissant pour réunir les Nations et les classes parce qu'il nous démontre d'une façon plus rapide et plus forte que les êtres humains se ressemblent tous, que les même* spectacles les font rire ou pleurer, que la couleur de leur peau ou la forme de leur crâne, ou leur langage ou leur position sociale n'empêchent pas que leurs cœur* ne battent d'une façon semblable et ne soient sensibles aux mêmes émotions Les journaux publient maintenant des colonnes entières réservées au désarmement et â des reproductions de discours des conférences en faveur de la Paix Universelle. Que peut-il résulter décès louables efforts. Probablement un ou l\cuk discours tout â lait remarquables, mais d'un effet absolument illusoire. Par le cinéma beaucoup plus que par les efforts des diplomates les hommes réaliseront leurs besoins ; leurs aspirations, leurs joies seront les mêmes et ilront de se considérer comme des étrangers. » Un violent coup de volant avait failli précipiter â ce moment le « Old limer » et son contenu dans un ravin profond... Maurice l'ourneur. simplement,avait tenu â épargner la vie d'un pauvre lapin sauvage qui. bloqué dans l'étroit sentier allait Infailliblement se faire écr.t Nous p. iss. mies Bncenada, village modeste qui ressemble sous beaucoup d'aspects â ceux que nous sommes habitués â voir dans les filma d.' W. S. liait Je me hasardai encore une l'ois â poser une question â Maurice lourneur. je lâchai mon paquet : « Que pense/.-vous de la production américain. Après avoir réfléchi quelques instants mon compagnon me répondit — « il m'est extrêmement difficile de nous parler ainsi, au milieu île DOS petit* soucis de voyage, d un sujet aussi grand et aussi étendu. Je pourraip. h 1er de la production américaine pendant plusieurs |ournée**an* ,i\ ..h épuisé le *u)el : et noua voyon* ici si peu d. bande* étrangère* qu'il m'est Impossible d'établir .1. point* île comparaison : enfin < ol< i sous toute réserve mon opinion et notes bien que |e ne >m pas sur du tout .1 .i\ ..h i .h-. .m ous 1 ai déjà dit un art brutal, qui ne souffl beaucoup de nuances, i e m> tt< | BUT SB paleti. .ii'. i