Cinéa (1922)

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12 cinéa blanc, pas de teintes intermédiaires : il doit peindre à larges touches, avec de larges brosses, comme un peintre de décors. Il ne doit pas se payer de mots, il ne doit pas faire de littérature, il ne doit pas, enfin, s'arrêter aux bagatelles de la porte. Il doit se tracer une ligne directe, la suivre et accumuler ses effets, et conserver jusqu'à la fin sa vitesse et sa force initiales. Je me rends parfaitement compte que cette définition paraît s appliquer davantage à un train express qu'à une œuvre d'Art mais, j'ai voulu considérer seulement la partie technique et matérielle de la question. Or, il m'est arrivé de voyager à travers le monde et je n'ai jamais pu m'empêcher de remarquer le violent contraste éprouvé en embarquant sur un bateau anglais ou américain après avoir débarqué d'un bateau français. Les ordres courts, semblables à des aboiements, le sérieux des officiers, leur courtoisie brève, 1 impression « business » de l'ensemble, due non seulement aux mœurs différentes mais aussi à un langage nouveau. Ils disent en un mot ce que nous exprimons en une phrase. Certaines de leurs expressions sont intraduisibles parce que, exprimées en mots français, elles se diluent et perdent toute leur force. En d'autres termes ils disent vite ce qu'ils veulent dire et vont droit au but. N'est-il pas possible de croire que cette qualité qui se remarque dans leur langue est la même qui, appliquée au cinéma leur a donné cette supériorité qui n'est peut-être que momentanée et que des races latines, habituées par leur passé, leur éducation artistique, leurs conventions ataviques ne semblent pas pouvoir obtenir ? Les qualités françaises reconnues et appréciées dans le monde entier et que je ne veux pas vous énumérer parce que vous les connaissez aussi bien que moi doivent s'adapter aux exigences de l'œil froid et impassible du caméra. « Vous ne pouvez pas tresser des guirlandes, vous ne pouvez pas jongler avec les mots, la magie du verbe n'a pas de prise sur lui, il est insensible au Panache, il vous observe froidement et reproduit sans merci toutes vos faiblesses et vos travers. Le peuple américain n'a pas de passé, il n'a pas de traditions, c'est un peuple neuf, qui, il y a moins de deux siècles, combattait les Indiens dans les plaines. Il exprime ses pensées d'une façon directe, en d'autres termes, il parlait et agissait le langage du cinéma avant que celui-ci fut inventé. » Maurice Tourneur s'est tu. N'a-t-il pas raison de penser que le langage anglais a influé sur le cinéma américain ? Mais alors d'où provient la dissemblance entre le film anglais et le film américain ? Du peuple ? De la race plus nouvelle et de certaines différences dans le langage. Maurice Tourneur doit avoir raison. Maintenant les grands canyons imposants se suivent, encore quelques clichés dont le vérascope reproduira toute la grandeur et tout le relief. Nous revenons sur nos pas pour ne pas passer encore une nuit à la belle étoile. « Je crois, cher ami — dis-je à Maurice Tourneur que le langage n'est pasla seule cause de la supériorité du cinéma américain, le matériel par exemple... Ce diable d'homme ne me laisse pas achever ma phrase, il parle, et je me garde bien de l'interrompre ; » « En effet, les américains sont admirablement bien équipés, mais ça ne veut rien dire. Au contraire, j'ai cru pouvoir remarquer que les studios les mieux outillés produisaient les bandes les plus ordinaires. Je crois que mon opinion à ce sujet pourrait intéresser les metteurs en scène français qui travaillent, je le sais, dans des studios qui n'ont rien de moderne, avec des éclairages très imparfaits. Ils auraient tort de se décourager parce que j'ai vu de vrais créateurs doués de volonté et d'imagination, faire des bandes remarquables dans des étables. Vous connaissez l'admirable D. W. Griffith. Il travaille dans des studios où je ne voudrais pas que l'on gardât mes chiens! Pour être intéressante, une bande doit refléter la personnalité d'un individu, ses qualités et ses défauts; être l'écho des luttes qu'il a subies, en un mot, une bande doit avoir uneàuie. C'est ce que vous ne pouvez pas obtenir dans ces studios où tout marche à la machine, où la responsabilité de l'œuvre est répartie entre tant d'individus, où, le résultat final est l'œuvre d'une collectivité. Je ne suis pas assez renseigné sur la production française, et les français sont très mal renseignés sur la production américaine, aussi m'est-il impossible de vous citer des exemples. Je me contenterai d'émettre cette proposition, que l'œuvre d'Art doit être le produit d'un seul cerveau, et que les conditions extérieures n'ont rien à voir avec le résultat. Au ] contraire, si la lutte a été grande elle a donné à l'artiste la faculté de s'exprimer plus violemment. Paris a vu I récemment The Kid qui a été tourné j dans un studio absolument quelconque (que vous avez du reste visité) sans l'éclairage, sans opérateur de renom et qui est néanmoins une des bandes les plusremarquables que je connaisse. » Après une nuit mauvaise dans une hacienda médiocre nous nous apperçumes le lendemain que la révolution avait éclaté. Je passe sous silence les petits incidents qui en i] résultèrent, mais je me trouvai beaucoup plus rassuré, lorsque deuxjour» après, nous nous retrouvâmes à Culver-City où Maurice Tourneur a son j studio dansles immenses et superbes établissements de Thomas H. Ince. Rohert Flore* . Liste des films tournés en France et J en Amérique par Maurice Tourneur. J Né en France en 1878. Etudes au Lycée Condorcet. tlève de Rodin et de Puvis de Chavannes. Théâtre à Paris (Renaissance, Réjane, etc.). j Tournées avec Réjane en Angleterre, au Porlu I gai, en Italie, en Espagne, en Algérie et en Amérique du Sud. Cinéma. En France — Éclair. La Série Rouletabille, Le parfum de la dame en noir, Le dernier pardon. Sœurette (d'après le roman de Gyp). En 1914 part en Amérique, diriger les produc 1 lions de l'tclair, mais la Guerre coupe court à ses projets. 11 est engagé par W. Brady. World. Mother, avec Emma Dunn. The Man of The Hour, avec Robert Warwick. 1 The Whhing Ring, avec Vivian Martin. The Pit, avec Wilton Lackaye, Gail Kane. Milton S, Ils. Aliaijimmy ValerMne, avec Robert Warwick. TrOh, avec Clara Kimball Young et Wilton The Cub, avec Johnny Hines, Martha Hedman. The Ivory Snuff Box, avec Holbrook Blinn. The Butterfly on the Wheel, avec Holbrook j Blinn et Vivian Martin. The Pawns of Fate, avec George Beban et Doris Kenyon.