Cinéa (1922)

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LES FILMS DE LA SEMAINE Les quatre Cavaliers de l'Apocalypse. Quelle déception I Deux ans de réclame anéantis en une heure. Et puis quoi de pire que de tomber dans ces plates vieilleries aprèt, les cent cinquante premiers mètres du film. La vision du saloon-dancing de Juenos-Aires où Rudolph Valentino fait si brillamment volter de vénales Dolorès aux jambes possibles, est radieuse, ardente, aiguë : nous avons retrouvé le ton de ces vieux films où Thomas H. Ince avait pensé (lumineusement) à Jack London. Mais ensuite, désastre sur désastre. [ faut bien s'apercevoir que ce film est vieux! Ne sourierions-nous pas de Civilisation et de L'invasion des Etats-Unis maintenant? Nous applaudissons J'accase de confiance. La guerre est loin, et les cartonnages des villages californiens évoquent mal les ruines de la Marne. L'idée grandiose des hantises prophétiques de Tchernoff promettait beaucoup. De Mille et Fitzmaurice ont fait mieux. Amen. C'est raté. N'en parlons plus. Le Vaudeville avait d'ailleurs bien fait les choses : 1° C'est aux gens de théâtre parisiens qu'on a moniré cet effort cinégraphique ; 2° C'est une projection infernale qui a collaboré à faire de cette bande une région dévastée; 3° C'est un orchestre sans peur et sans reproche (oh, Paul Letombe, que faites-vous là?) qui a joué ne disons pas quoi et qui a fait les bruits île scène : coups de grosse caisse quand la femme tombe, claquette quand le mari gifle l'amant, grelots quand les chevaux s'avancent, marteau quand on frappe a la porte, etc., etc. Abominable soirée. Tout a été sifflé, sauf le singe. 11 est vrai que le singe ne dit rien Tandis que les sous-titres... Ah! qui a traduit les sous-titres? Qui les a saupoudrés desprit? Qui les a remplis de passion? Celui-là peut être lier de son ouvre. C'est le Cour tellne du cinéma. Louis Dm i u< . • Les Montagnards. C'est un drame de frontière, de ceux que le romantisme goûtait, où deux races, deux peuples se livrent de ces combats au cours desquels les individus n'ont plus qu'une valeur relative. Le sujet est quelque peu politique, ce qui engendre un excès de soustitres; il comporte des scènes amusantes d'assemblée, une pendaison presque aussi émouvante dans son genre que celle d'Intolérance et qui s'interrompt également par une grâce envoyée au dernier moment. Le protagoniste est Monte Blue, qui incarne le chef, dans la législature de l'Etat du parti montagnard. Une affaire passionnelle L'idée de traiter en charge les données courantes du drame de cinéma — les solitudes glacées de la frontière canadienne, le bar (où les mineurs boivent du lait), la fuite de l'héroïne sur les glaçons qu'entraîne la rivière (comme dans Way clown Kast), la Cour d'assises avec l'inénarrable avocat, le vif colloque â coups de revolver entre le ministère public et la défense, et jusqu'à l'inévitable poursuite finale — l'idée est drôle par elle-même. L'exécution en est excellente, remplie de détails comiques, et le tout est gâté (si la correction n'a pas lieu avant présentation) par un déluge de sous-titres, aussi envahissants qu'idiots. Sans doute, il est intéressant de vendre à tant le mètre de la prose qui n'a rien coûté. Le boucher du coin l'ait de même avec les os On supporte les os parce qu'ils ne gâtent pas Le morceau. Au contraire, les sous-titres gâtent le lilm. • Le Terrible. Drame banal, joué assez ordinairement, même par foui Alix, qui ne possède pas le talent à double face d'un Douglas Fairbanks ou d'un William Hart. Mais la face acrob ate, il la possède, et prodigieusement; à ce point de \ Ue, le film est amusant et vif au possible. El la composition, la prise de vue sont excellentes; la BCène de l'arrestation, au s.doon de l'Odéon, avec La poursuite épique parmi les lustres, le bon cheval qui vient prêter main forte à son maître, se débarrasse par une ruade de ceux qui veulent l'arrêter et va le retrouver sur la scène, est un véritable chef-d'œuvre du genre Lionel Landry. • L'Esprit du mal. La Rue des Rêves, de Griffith (d'après Thomas Burke), opposait le bien au mal, personnifiés, l'un par un évangéliste, l'autre par un musicien ambulant. L'Esprit du mal est censé noustransporteren Suède. Dans une décoration simplifiée, infiniment supérieure, en l'occurence, à ce que présenteraient des intérieurs de luxe éblouissant, va se dérouler une histoire que l'on nous dit symbolique Voici deux couples : 1 Sylvie Nordgren et son fiancé, le banquier Christian Petersen ; 2° le meilleur ami de Christian, le peintre Olaf Runeberg. et son modèle Anna. Un élégant et riche mondain, dont on ne sait pas les origines, Otto Ericsson, incarne l'esprit du mal ; son physique est à la Satan, deux boucles à peine perceptibles de chaque côté de la chevelure et juste au-dessus du front apparaît comme un vague commencement de cornes George Arliss esl excellemment ce personnage étrange, au sourire affable et quand même diabolique. Otto. donc, distille du venin dans l'oreille île chaque membre de ce quatuor (façon de parler, n'est-ce pas?) Au début, nous assistons à l'exposition d'un tableau d'Olaf, le Martyre de la Vérité, crucifiée parle Mensonge. Comment Otto (qui est le diable en personne) par viendrai il à ses lins y 11 a le doigté, il n'affirme pas. il insinue, il va plus loin que l'.monx me de I ulle. C81 . en ne précisant rien où en prèclsanl d'abord asseï peu et en parlanl face découverte sous les airs d'un mondain généreux et bon. il l'ait naître des soupçons affreux. Par son Influence méphistophélique, il faii croire à l'un que L'autre est aimé de la fiancée du premier. D'autres mensonges, il les Infiltre dans le cou. de ces uens (toujours si .m peut dire), Bien pis. Olal liait par I tn p