Cinéa (1922)

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clnéa a a DE GRIFFITH a a La Rue des Rêves a déçu quelques cinéphiles, exaspéré un quart du public et ennuyé les trois autres quarts. Per que ? Il y a un malentendu, là, comme ailleurs. En art.il n'est que malentendus. Le succès d'un peintre est gagné ou loupé par MM. Bernheim et cela depuis Praxitèle via Louis XIV, Chauchard et Cie. Un ballet de Cocteau, sifflé comme incompréhensible à l'Opéra, est applaudi à Ba-Ta-Clan, au coin du boulevard Richard-Lenoir. Pierre Seize écrabouille de son mépris Auric et Darius Milhaud, mais les acclamera un de ces jours. Les coupe-jarrets du cinéma ont conspué Marcel L'Herbier d'abord et l'estiment maintenant parce que leurs avis (?) le laissent calme. Un de mes amis a obtenu l'hommage de quelques maîtres-chanteurs parce qu il a refusé une fois pour toutes de prendre avec eux des leçons de chant. Nous détestons une chose quand nous croyons qu'on a voulu y mettre ce qui n'y est pas. Abel Gance doit commencer à savoir ce que de malencontreux amis lui ont coûté en nous l'offrant comme un génie. Et ma foi, à propos de génie, revenons à Griffith. Il n'a pas de génie pour un sou. Qui a eu l'idée saugrenue de chanter son génie? Et pourquoi lui en réserver les inconvénients à lui qui n'en a pas eu les avantages, c'est-à-dire le tourment intérieur et la joie provisoire de se sentir bien seul au monde? Griffith est un audacieux artisan. On dirait d'un contremaître qui s'est mis patron. Vous dites — et ne 1 ai-je pas dit, en somme? que le compositeur d'Intolérance a quelque chose dans le ventre Oui. dans le ventre, ou si vous préférez, dans les reins. Il est ingénieux. 11 a le sens de la dose, il a le «eus de beaucoup de choses. 11 ne cherche que de la mesure. Vous qui ave/ admiré (moins que moi) Intolérance, vous ave/, voulu y admirer un désordre sublime! Non, non. Admirons ce gOÛt île la mesure, du théorème bien résolu, du paradoxe précis à la manière d'Inaudi, poussé évidemment si loin que le vertige paraît, trouble le calculateur et nous trouble un peu aussi. Là, il s'est laissé déborder par les images qu'il inventa. Il l'a peut-être regretté. En tous les cas, il y a beaucoup appris. Et nous donc! Voici La Rue des Rêves. C'est peutêtre mieux que Broken Blossoms. Mais cela veut se croire au dessus de soi-même. Que ne pardonnerionsnous pas à un bon cocktail? Tout, sauf de s'étiqueter: « Chateauneufdu-Pape ». L'apostolat artistique et méthodiste auréolant un petit faitdivers claudicant, rien à faire. Le public français a eu, pour une fois, raison. Je n'ignore pas le prix des qualités qui fleurissent Dream Street. Les brouillards insistants, l'ibsénisme germanisé du détail artiste, la stylisation sans style fâcheux des personnages (le petit frère au long nez a tant de grâce, et Carol Dempster avec ses esquisses de danses, notées comme au ralenti séduit jusqu'à mordre de son empreinte notre souvenir), c'est bien joli, ce serait beau, si cela ne voulait être beau. Comme si l'on voulait être beau exprisl Comme si l'on avait du génie exprèsl Pauvre Spectateur naïf, j'en suis resté aux s\ athésea quasi-eschyllen nes île Pour sauver ■*>' Race, Ami de la ligne, du rythme et de peinture animée, j ai mis toute ma joie cette année au Signe de Zorro, fresque folle <-t badine, Velasquei M ni'.. feu d'artifice sans trop d'artifices 1 î.a candeur large >•( sûre me plaît. Griffith m'inquiète. J'ai peur qu'il ne si' donne des ails de iii,im|IUT par la brutalité une délicatesse qu'il n'a pas. Ce qu'il 3 a de joli dan* l.i sensibilité, c'est la pudeur à s'avouer. Exemple : Jean Cocteau el Marcel L'Herbier (ils seront bien étonnés de se \ oir ainsi associés), mais ils sont Français comme peu. et L'un daneeea poèmes aigus, l'autre dans «es films souples.se cachent de leur tendresse profonde par un masque léger, léger, si charmant. . Ainsi firent Villon, Charles d'Orléans, Ronsard et Racine, notre prince à tous. 1). W. Griffith masque sa sensibilité. En a-t-il donc? Il affecte d'avoir, pour plaire, de la sensiblerie? N'en a-t-il donc pas réellement ? J'avais bien aimé un de ses premiers grands films : Le Lys et la Rose où Liban Gish était humaine tout bêtement. J'ai aimé Le Lus brisé comme chef-d'œuvre du cocktail, comme parfait amalgame — gin et curaçao — de la science savoureuse du cinéma. Je discute La Rue îles Rêves, qui n'est qu'une ruelle. Pour se cantonner dans le boyau boueux île Wbitechapel dont les murs pourris encadrent si bien l'étoile du soir, il est imprudent de n'être pas Rops, Verlaine ou Wilde, il est fâcheux de n'avoir pas l'œil terrible de Bernard Shaw . Et la puissance, officiellement attribuée à Griffith (on me disait naguère quand je parlais dex premiers films signés hue: « Griffith es1 le seul animateur. » Et je répondis : « Non. C est. ce doit être un étonnant organisateur ») n'empêche pas les plus dévota spectateurs de Dream Street d'évoquer l'harmonium con« vaincant d'Edna Purviance qui en* voie Chariot Chaplin, héros, serge* et martyr, au purgatoire delà rue des m. .u\ ais-Garçons, animateur ' * organisateur t Dé< ou peur, cameraman, monteur, sont de choix. OU est l'aine lai gl e1 forte ' Les Interprètes sont subjugués, certes, mais seulement quand ils s'appellent Lilian Gish, Donald Crisp et Richard Haithelmess. Le rythme doit a, hev< i leur talent. Ou est le l\ thme ilu Lys et la Rose?ei d Intolérance? Dream Street en ré\ e vaguement, mais ne s'en souvient pas. et nos chefs d'orchestre d j poun oient point en exécutant à perdre haleine /,/ Princesse jaune ou Les millions d'Arh </uin. Les spectateurs d Europe (j'exceptt Londres) admettent mal