Cinéa (1922)

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12 cinéa CENSURE La Commission, appelée à donner son avis sur le visa des films, dans les conditions prévues par l'art. 49 de la loi du 31 décembre 1921 et le décret du 25 juillet 1919, est armée d'un pouvoir exorbitant du droit commun puisqu'elle peut, au nom d'un intérêt social et moral, exproprier sans indemnité, anéantir ou détériorer une œuvre ou un fragment d'œuvre qui représente à la fois une idée artistique et une réalisation matérielle coûteuse. Trois sortes d'intérêts sont donc en présence. Voyons comment ils sont représentés dans le sein de la Commission et comment se répartissent les 28 membres dont elle est composée. 1 La défense des intérêts sociaux et moraux est confiée à 20 personnes : 4 sénateurs (on n'a pas désigné de députés, susceptibles d'être jeunes et d'avoir l'esprit ouvert). 3 conseillers municipaux ou généraux. 2 fonctionnaires en retraite (1 magistrat, 1 préfet). 3 fonctionnaires en activité (Intérieur et Beaux-Arts). 1 magistrat en activité (président de tribunal pour enfants). 3 représentants de l'Enseignement. 4 représentants de la police. 2 La défense des intérêts économiques et professionnels est assurée par 6 personnes : 1 secrétaire de syndicat ouvrier. 5 dirigeants d'entreprises cinématiques (éditeurs, exploitants, etc.) 3° La défense des intérêts artistiques est confiée à deux personnes : M. Firmin Gémier et M. Abel Gance. Pourquoi ces choix ? Evidemment, dans les milieux administratifs, M. Firmin Gémier symbolise les réformes du théâtre ; c'est le révolutionnaire officiel, le seul dont on connaisse le nom. Quant à M. Abel Gance, le bruit fait autour de J'accuse lui a valu évidemment, dans ces mêmes milieux, une notoriété hors de proportion, je ne dirai pas avec sa valeur, mais avec la place qu'il occupe effectivement dans l'aetivité cinématique. En eux-mêmes, d'ailleurs, ces noms ne soulèvent aucune objection : ce que l'on peut regretter, c'est l'absence d autres noms, également qualifiés. Des réalisateurs comme MM. Marcel L'Herbier et Jacques de Baroncelli, des critiques comme MM. René Jeanne, Léon Moussinac ou GaltierBoissière auraient leur place indiquée dans une telle Commission. Il est vrai que, dans les milieux officiels, on ignore peut-être qu'il existe des critiques, distincts des courtiers de publicité qui prennent ce titre dans un certain nombre de quotidiens. Ceci posé, quiconque possède la moindre expérience quant au fonctionnement des commissions administratives peut affirmer : 1° Que les représentants de l'art n'y mettront pas les pieds. 2° Que les défenseurs des intérêts économiques défendront les leurs et resteront indifférents aux mésaventures d'un producteur isolé. Je souhaite que ces deux jugements soient téméraires et je serai très heureux d'avoir un démenti — non par des mots, naturellement, mais par des faits. Au contraire, se distingueront par leur assiduité : 1° Les fonctionnaires retraités, qui n'ont rien d'autre à faire; 2° Les représentants de la police qui estiment sincèrement qu'en interdisant un film, ils empêchent dix assassinats; 3° Les défenseurs de l'Enfance, persuadés, non moins sincèrement, que le cinéma est responsable de la corruption des jeunes générations. N'oublions pas enfin, et ceci est essentiel, que, dans une commission, et beaucoup plus qu'à la majorité, l'influence appartient : 1° A ceux qui, siégeant assidûment, peuvent invoquer une jurisprudence et des précédents ; 2» Aux habitués de ce genre de parlottes; des hommes de premier ordre, réalisateurs connus, mais incapables d'ordonner un discours, de suivre méthodiquement une discussion, de s'en tenir à une question posée, y font l'effet de tout petits garçons à côté de jeunes maîtres des requêtes ou de vagues chefs de bureau ; 3° A ceux qui ont une idée fixe; les moralistes sont, à cet égard, particulièrement redoutables ; 4" Aux rapporteurs, enfin, qui présentent un travail tout fait (plus encore que les individus, les commissions un ont faible pour le travail tout fait). Et maintenant, la parole est aux résultats. L. L. !UN CANDIDAT! J'ai reçu la lettre suivante : Monsieur « J'ai été longtemps émotionné en lisant les journaux depuis ma jeunesse et, jadis encore, il y a six mois, je tremblais en songeant que j'espérais devenir journaliste, mais ne suis plus l'homme d'antan, c'est-à-dire du siècle dernier et je me considère, grâce à mes efforts, comme un écrivain qui a su pallier à l'ignorance et pourra, dans cette époque d'argent, devenir fortuné. « Puis-je vous demander à vous comme à vos confrères de me recommander pour le personnel rédactionnel auquel je me sens parfaitement adéquat ? Je suis capable, dans certains articles politiques, de solutionner des problèmes d'actualité. Je suis très régulier, sans phobies. « Je me rappelle fort bien de mes lectures et, s'il s'agit de vitupérer contre des institutions qui méritent de les combattre, sachez que j'en invectiverai les coupables d'une plume élégante, mais qui saura préciser la position des questions la plus absolue. « Je pourrais aussi partir en province comme correspondant à moins qu'on préfère me garder à Paris. « Il y a des jeunes écrivains que l'on croit émérites parce qu'ils se vantent, ils ressemblent à des paons commedeux gouttes d'eau et commercialisent leur littérature avant qu'ils n'aient atteint l'âge de raison. Ils sont banals évidemment et je ne crains pas qu'ils ne me battent avant que je n'aie publié des articles. Je saurai leur causer à l'occasion de façon à ce qu'ils me comprennent. « J'ai l'assurance qu'il faut qu'une question soit étudiée pour la définir et j'en suis susceptible de suite après que j'ai lu, bien entendu, tout ce qui s'y rapporte de sensationnel et sans que le lecteur ne s'aperçoive de mon travail. Je ne suis pas de ceux qui se