Cinéa (1922)

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cinéa pour notre imagination, blasée sur le cinéma eût-on pu croire, par d'innombrables et médiocres expériences. Elle est unique et triomphante. Cela seul doit suffire à notre fervente émotion. Ainsi que les lecteurs de Cinéa le savent déjà, dans (Jrphans of the Storm, D. W. Griffith a mis à l'écran le mélodrame des Deux Orphelines, auquel il a donné comme toile de fond, avec un sens dramatique qui n'a plus besoin qu'on le reconnaisse, l'histoire de la Révolution française. Je n'insisterai pas sur la difficulté qu'on eût pu croire insurmontable, qu'il y avait à rendre cette époque, en utilisant des décors fabriqués, des costumes reconstitués, et surtout des têtes grimées selon des instructions. Comment eût-on pu imaginer que la conformité faciale des Américains, masque dur, traits taillés à coups de serpe, pourrait exprimer le véritable type des sans-culottes d'alors. Pourtant, Griffith, en animateur prodigieux, y a réussi et. Français, je défie bien quiconque d'y trouver matière à reproche. Je ne connais pas de composition féminine plus stupéfiante que celte Lucile La Verne qui, personnifiant la mère Frochard, a créé un caractère de mégère d'un réalisme intense, échappé, dirait-on, de la plume du Victor Hugo des Misérables, ou du crayon âpre et dur d'un Daumier. Maintenant, l'ensemble : voici le peuple hâve, loqueteux, affamé; ces visages émaciés, ces mains suppliantes, ces yeux contenant l'infinie douleur des éternels suppliciés de l'existence. Voilà les nobles, à l'audace insultante, au luxe arrogant; ceux-ci ont cette face bouffie par la bonne chère, que la bassesse quotidienne a marqué de son sceau — quelle révélation que ces « closeup»du comte de Linièresl — ceux-là plus jeunes, aux traits plus lins et soignés, ont L'insolence hautaine des grands seigneurs, êtres précieux pour qui îles milliers de malheureux se désespèrent, souffrenl el meurent. Voici l'entrée du parc où les uns. grelottants, attelaient l'audioiiie de quelques miettes du festin qui se poursuit, là-bas.. Voilà les rires, h. joie d'être beaux, le plaisir d'être riches, voilà la Licence. Ici, deux femmes se baignent dans du vin (authentique) avec une impudeur île courtisane ; là, on boit ; plus loin, on danse Voilà la fête somptueuse au\ multiples splendeurs. Derrière ces boccages, des feux de Bengale rose et bleu s'allument. Le coup d'oeil est féerique. Un tonnerre d'applaudissements. Aviez-vous oublié l'envers du décor? Non. In serrement de cœur vous domine. Ils sont là, maudits, patients, révoltés. Et la Révolution gronde. Elle éclate, elle déferle. En flots compacts, furieux, irréductibles, elle traverse la ville ainsi qu'une avalanche. Elle frappe partout; elle s'étend; elle passe; elle pénètre; elle emporte; elle brise. Rien ne pourra l'arrêter désormais. La Bastille est bientôt prise; les palais sont pillés. La haine accumulée depuis des ans se donne libre cours. La cohorte hurlante triomphe. La Carmagnole, ronde infernale, est seule maîtresse du pavé. Philippe III K 1 \ 1 .Lins une des plus curieuses apparitions de son Wagner, qui ne sera pas la moins étonnante figure de Don Juan. <) Liban! petite orpheline, comme Notre cœur «impie, candide el bon, a su faire de nous vos plus humbles esclaves! Il vous a dicté ces gestes adorables d'innocence : n \ ous a suggéré ces expressions, tantôt d'une tristesse si poignante, tantôt i < Lié tant soleil et clarté h bonheur de vivre, ce bonheur qu'on partage A deux. Comme nous avons été remués délicieusement cela noua a rail mal nu peu. p. ni . Ile devant vos yeux étonnés et ravis à la fois, devant votre joie alarmée, votre pudeur craintive et cependant confiante, après cette révélation qui vous fut faite en un baiser — le premier — de l'amour. 0 Lilianl petite orpheline! Le critique du Daily Express a dit que pour décrire Orphan* of the Storm, il faudrait inventer un nouveau vocabulaire dramatique. L'enchainement des scènes violentes, plaisantes à l'œil, hideuses parfois — la vision de la guillotine, son couperet tombant avec l'inflexibilité d'une sentence — puis brusquement humoristiques, sans que le rythme ni le mouvement se rompe, a quelque chose d'effarant. 10 secondes! Vous avez ri et vous voici de nouveau figés, oppressés, haletants, les mains crispées, la gorge sèche : Danton arriverai il à temps? On vous a montré le fonctionnement de la machine ; et maintenant, vous voyez Liban Gish la tête prise, à son tour, dans la lunette... Le couteau va tomber! Impossible! pensez-vous, mais vous nous sentez si mal à l'aise... Là-bas. devant le Comité de Salut Public. Danton ayant fait entendre la voix de la pitié, a enfin obtenu sa grâce. Un royaume pour un cheval! Pour un peu, vous donneriez votre fauteuil! La course écheveléc commence l'Invite, encore plus vite! Le galop vient droit sur \ous Notre ,uur résonne à l'unisson... Sauvée! Oui. c'est Niai, c était bien impossible !... ... Le Ilot des spectateurs lentement s'est écoulé, chacun d eux conseiN ant en soi. qui du rêve, qui de l'héroïsme, chacun d'eux, meilleur, plus enclin à la justice, plus épris de beauté. Cela, grand Griffith, n'esl il pas la plus enviable reconnaissance ? • L'introduction en Angleterre de Orphans of the Storm a donne lieu à un différend entre le représentant de D. W Griffith et la Poa Film C ••' poration Celle Ci intenta une action en |ustice afin d'empêcher la pn w n tation du Blm .. la Scsi a de I ondres, sous le prétexte qu'elle léserait ses droits exclusifs d'adaptation da mé lodrnme des Deux Orpheline», Considéi ant lea dép< na< eonsldé rabh talti pour annoncer le film, pUla h nombl e el. N e de pl.u e déjà louées à l'avance, !«• Juge décida que la p. . •*, m. mon de < U /'liiins of the Storm aurait Lieu à la dati In d'une part, afin de ne pai p