Cinéa (1922)

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14 cinéa photographique. Depuis toujours, lea hommes <>nt parlé, chanté, déclamé, exprimé leurs passions; les paroles, depuis que le verbe fut créé, onl vibré dans la lumière; et ces mêmes hommes n'ont pas marché les veux uniquemem fixés sur leur ombre en mouvement. La voix est une des beautés du monde ; un cri, une inQexion, une intonation modulée, expriment plus de pensée que les physionomies, même les plus mouvantes et savantes, que 1 écran agrandit pour que nous comprenions le sentiment en même temps que nous cran templons Le visage. La pantomime, pourtant belle, colorée et vivante, n'a pas détrôné la tragédie et le cinéma ne tuera pas le théâtre, ni ses absurdités, ni ses beautés. » Nous croyons, nous, que le théâtre idiot sera détrôné par le cinéma intelligent et que le théâtre intelligent durera, mais ses manifestations sont rares. • M. Léon Moi^sinw écrit dans le Mercure de France: « De même qu'un livret d'opéra doit être injouable sans la musique, s'il est bien conçu, le film musical doit être insupportable à force d'être incomplet, sans la partition. Cette nécessité comprise m'apparaît capable d'éviter bien des tâtonnements et des erreurs. Seulement, pour qu'une telle collaboration soit possible, il est indispensable que le musicien, pénétré de la vérité cinégraphique, ait étudié préalablement l'expression de limage, ses possibilités de réalisation, et pénétré ses mystères ; qu'il se soit spécialisé en quelque sorte dans l'étude cinégraphique Corollairement, il est non moins nécessaire que le cinégraphiste ait lui-même étudié les possibilités et les ressources de la musique, ses modes, ses rythmes et les lois de son expression mélodique. Les « phrases » lumineuses devant se confondre avec les phrases mélodiques, les rythmes devant se combiner, se pénétrer, se compléter. Le scénario, en effet, doit être le fruit d'une longue et précise collaboration de deux créateurs : le cinégraphiste et le musicien. « Il ne m'apparaît pas possible de parvenir autrement à l'unité du film musical, unité nécessaire â toute œuvre d'art. » Il y a, il y aura des films non musicaux. Le film La Famine en Russie se suffit à lui-même. M. Jacques Robbrtfrance, dans l'Ere nouvelle, commente d'intéressants articles de MM. Marcel L'Herbier et Marins François Gaillard et conclut : «. . Il y a des lois artistiques dont la musique ne peut pas ne pas tenir compte et il suffit qu'elles soient observées pour que le cinéma s'en em. pare et s'en pare — comme le geai du fabuliste se parait des plumes du paon. « C'est pourquoi je suis le premier à souscrire au commandement de M. Louis Delluc : « Un beau film, donnez-le moi sans musique. » L'expérience sera concluante. Le cinéma y perdra. L'art et l'intelligence ne manqueront pas d'y gagner. » • La Revue Scientifique, qui a publié l'étude documentée du docteur Félix Keynaud dont nous avons parlé, éclaircit un point jusqu'ici obscur. Il s'agit du théâtre optique inventé par Reynaud et qui réalisait pour la première fois des projections animées réellement continues : des préparations y existaient certainement: « La bande, grâce â un ingénieux système de boutons et d'oeillets, imprime au tambour sa propre vitesse.» Donc, dit la Revue Scientifique, c'étaient des préparations. En 1892, Gaston Tissandier écrivait : « Le théâtre optique semble constituer dès à présent l'appareil-type pour la synthèse des séries photographiques de poses successives, et c'est sans doute dans ce sens qu'il trouvera dans l'avenir son usage principal, lorsque les perfectionnements des appareils instantanés spéciaux et l'abaissement du prix de revient des pellicules photogéniques permettront d'obtenir facilement et assez économiquement des séries très nombreuses de ces poses. » Les temps sont révolus. • Dans la Renaissance, M. Georges Lecomte rend hommage à M. Adrien Bruneau : «M.Adrien Bruneau sait trop qu'elle (la nature) est la meilleure édueatrice et la conseillère â laquelle il faut toujours revenir. Pour lui, le cinéma n'est qu'un très précieux moyen de l'observer plus à loisir dans ses rapides et perpétuelles transformations. « C'est â elle, â sa vérité vivante, à sa poésie, à ses jeux de lumière et des couleurs qu'il faut toujours revenir. Rien ne peut remplacer l'émo i tion directe qu'on en reçoit, la douce intimité recueillie dans laquelle il faut vivre avec elle pour la bien comprendre. « Sous cette réserve, que M. Adrien Bruneau est le premier à faire — car il n'est pas étroitement systématique dans sa méthode — on ne peut rien y objecter. « Aussi, dans l'extrême confiance que nous n'avons jamais cessé d'avoir en l'avenir du cinématographe — même lorsqu'à une certaine époque, on risquait de le discréditer par des films sanguinaires et malsains — sommes-nous d'accord avec M. Adrien Bruneau lorsqu'il définit son programme immense et ses possibilités qui lui apparaissent sans limites. » • Dans un livre intéressant sur l'Amérique, M. Pierre Daye écrit .«Auprès du cinéma américain, le nôtre n'existe pas, tant il apparaît piètre, mesquin, pauvre et sans originalité. Le cinéma en Europe est encore presque entièrement à la remorque et à la mauvaise imitation du théâtre, tandis qu'en Amérique il s'en est dégagé et révèle déjà qu'il sera bientôt une forme de l'art, aux ressources toutes inédites, qui pourront, dans la recherche d'une plastique mouvante, établir la mystique du geste... » Heureusement, quelques novateurs français ont, depuis plusieurs mois, fait leurs preuves. Et puis, il y a film américain et film américain Une lectrice de L'Homme qui assassina a écrit à M. Claude Farrère pour déplorer les modifications apportées au roman par l'adaptateur cinématographique et l'auteur écrit alors dans le Gaulois : « Dans le transport d'un livre au théâtre, la convention scénique intervient pour gêner l'adaptateur aux entournures. Soit. Mais l'écran ignore ce lit de Procuste qui commence à la cour pour finir au jardin. L'écran, par surcroît, se moque du temps comme de l'espace. Alors ?... Pourquoi, pourquoi ?... » La conclusion de M. Claude Farrère est que personne jusqu'ici n'a conçu directement un film poulie réaliser lui-même avec les gens de métier indispensables. Je crois qu'il y en a quelques-uns.