Cinéa (1922)

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VANNI = MARCOUX si & et le Cinéma fâ û La porte-cochére bas-voûtée, le gravier de la cour craquant sous le soulier, l'escalier noble, le palier que les fenêtres spacieuses font aérien, sont la transition rapide et avisée entre le quartier riche d'autobus et de bruit, et cette demeure où l'on sait que vit tant d'art. Elle en est pleine. Les parquets luisants, sombres et clairs, et leurs vieux tapis d'Orient supportent des meubles purs du XVIIIe, Derrière la précaution d'un paravent, c'est, sur la tablette d'un menu secrétaire, une partition ouverte, et c'est la haute silhouette du tragédien lyrique illustre. Il s'avance. Il sourit. Le sourire des lèvres nettes et des yeux bougeurs, la lumière du visage jeune et affable contrastent avec la stature impérieuse, la présence autoritaire. Et l'accueil est charmant. Le pâle interlocuteur s'est assis (le canapé est remarquable et ses cous ns choisis) en face du grand artiste, qui parle. Les idées se poursuivent, vivantes, allègres, et l'homme qui chanta si magistralement la Vie, juge les manières de la minier. « Même avant de tourner, j'aimais beaucoup le cinéma. Je vais tout le temps dans les salles... Le film français me semble supérieur par ses scénarii qui comportent une plus krande recherche, un meilleur intérêt. Mais quant à la réalisation — d'une façon générale — 1cm bandes américaines présentent plus de mouvement... Là-bas. ils ont plus d'argent qu'on en a ici... je crois. » Le pâle interlocuteur admire l'aménité modérée, la réserve îles opinions. «...Douglas r'airbanks est un acteur étonnant... Oui, un acteur... Pas iilement un acrobate !... Car les eboses qu'il lait comme acteur sont [•aiment île premier ordre... « Chez nous, il y a Xox. qui a de la personnalité... L'Atlantide est un film bien joué : chaque homme y incarne réellement un officier, avec ses caractéristiques... : des acteurs placés... Eve Francis est une grande artiste... n'est-ce pas? je l'admire beaucoup ». L'autre qui écouta interroge sur les impressions ressenties en pénétrant pour la première fois dans un studio. Vanni-Marcoux rit : « ... On est dépaysé, je 1 avoue : ces portants, ces feuilles, ces poutres... Et le bruit aussi... oui. c'est vrai. L impression... l'impression qu'on ressent est celle de l'espace : on croit que l'on pourra aller et venir librement, enfin, et puis : voilà ce champ qui intervient! c'est terrible, il faut n'en pas sortir. . . on est limité. « Peut-être a-t-on d'ailleurs moins de liberté qu'au théâtre. Dans la comédie ou le chant, l'artiste est Bon maître davantage. Ici, l'interprète et le metteur en scène sont vraiment très liés l'un à l'autre dans leur travail. Et on ne le croirait pas pourtant : sur l'écran, n'est-ce pas? Les acteurs paraissent tellement libres... abandonnés à leur seule improvisation. Tandis que dans le travail on est assujetti à tant de eboses : par exemple, l'éclairage, dont je crois que l'importance est énorme : on est ce qu'il vous fait... » L'autre admire. Manifestement, le protagoniste de Don Juan et Faust en quelques séances a compris tout le travail de l'acteur muet, ses périls. ses beautés lue question : — Dans Don Juan et Faust, avezvous senti une différence entre ce que nous aviez voulu exprimer et ce que l'écran vous rendait? — oh! non Avec L'Herbier je n'ai pas senti cela. Son film d'ailleurs nu' plaîl beaucoup, il est si \ arlé ces aventures... ces femmes... — Et que pense/ vous. Monsieur, dfl vos... camarades de vos partenaires, dln Ah!.. elain réussi... L i très bien... Son personnage est d une conception particulière, c'est vrai.., on a coutume de voir des Don Juan plus rudes, mais le sien est selon le scénario de L'Herbier, et je sais que Don Juan dans l'histoire... Cat elain a réalisé des choses » (Le geste élogieux, prolonge la phrase. .) « Marcelle Pradot aussi est très supérieure à toutes ses autres créations... » (Et l'œil cligné retrouve une idéale Infante de légendes...) — Votre début, Monsieur, ne vous a pas rebuté? — Au contraire... J'ai 1 intention de continuer, de consacrer une grande part de mon activité au cinéma. On (.lit (.pie c'est difficile, ma foi je ne trouve pas. On dit que c est fatigant, je ne trouve pas non plus. Et c'est ce sourire si jeune, d une jeunesse brillante, â qui l'on conçoit que peu d'efforts soient malaisés. « Pour pouvoir varier mes moyens d'expression, je serai heureux plus tard de rencontrer des rôles modernes, près de la vie. qui me don nent l'occasion de créer d'une façon qui me serait impossible au théâtre Ici, jusqu'à un certain point, j'étais Faust, j'avais un pourpoint, un man teau... Tandis que pouvoir donner îles passions modernes, une douleur simplement humaine.. Ah! j aime rais beaucoup!... » les yeux flambent, le s'éclaire à toute cette beauté déjà créée virtuellement, toute cette beauté que le grand artiste recèle et qu'il propose ainsi à nos enthousiasmes. Dans le mouvement il s'est levé. le pale Interlocuteur aussi, qui dans l'antichambre lumineuse reprend son chapeau piot.ine sur une table damier ancienne . remercie , prend congé, foule les marches augustes, les cailloux musicaux, le pas de cette ports qui h laisse seul «ortir, gardienne avare de nobli elle ,1e |«dlS et celle d à présent, et de beauté.