Cinéa (1922)

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cinéa "Cinéa" chez... ...le metteur en scène russe Tchardinine Le célèbre metteur en «cône Tchardinine travaille maintenant à Riga dans la société Latvias-Film. Il m'accueille dans le grand atelier très bien outillé qui vient tout juste d'être achevé. Le dernier film Psyché a été récemment présenté. Nous allons pouvoir travailler en plus grand, me dit-il. Un premier lien s'établit déjà entre la France et les Pays Baltiques, en ce qui concerne le cinéma. « Jusqu'à maintenant, me dit Tchardinine, nous recevions nos matières premières seulement d'Allemagne. La compagnie Pathé commence à fournir les pays baltiques. Ces marchandises françaises ne nous coûtent pas plus que les marchandises allemandes et nous les avons trouvées d'une qualité meilleure. Cette apparition d'une concurrence sur le marché nous fait les mains plus libres. Jusqu'à présent, nous devions passer par où le fournisseur voulait. Si la France voulait, de même, commencer à nous vendre ses films, ce serait très bien, il y aurait là, pour la première compagnie arrivée, une affaire d'or. Si elle va déjà à Varsovie, pourquoi n'arriverait-elle pas jusqu'à Riga? Nous n'avons eu jusqu'à présent que des films russes ou allemands, les uns d avant la révolution, les autres de qualité artistique parfois douteuse. » Pour ce qui est du cinéma russe, Tchardinine me dit : « Je ne puis vous en parler que pour la première période du bolchevisme, quand la guerre entre Hlancs et Rouges durait encore. La plupart des producers : Honjonkof, Haritonof, Ermolief, avaient gagné l'étranger, et quelques-uns travaillent maintenant dans l'Europe orientale. Leurs fabriques et leurs cinémas ont été na tionalisés par les Soviets, jusqu'à ces tous derniers temps, où le pouvoir commence à les louer de nouveau à des exploitations particulières. On peut dire qu'aux mains des bolcheviks, le cinéma est mort. Toutes les meilleures salles ont été transformées soit en théâtres, soit en clubs politiques. Depuis l'innovation d'une nouvelle politique économique, l'initiative privée tâche de ressusciter le cinéma. Un bureau de location des fil m 8 étrangers a été créé. Quand j'étais encore là-bas, l'activité cinégraphique s'exerçait seulement dans le sud de la Russie, en Crimée particulièrement, à Yalta et Odessa. Quand la Crimée passa au pouvoir des bolcheviks on commença à y tourner des films pour eux, tels Kassian le Rouge, drame de propagande en cinq parties. Ensuite, j'ai pu faire la mise en scène, très réussie, d'un film tiré de la nouvelle de Léonid Andréieff Sept pendus. Toutes permissions nous furent accordées à ce propos, on alla même jusqu'à nous proposer une véritable pendaison. Et, comme je refusais : « Peu nous importe, me dit-on en souriant, de fusiller ou de pendre les condamnés. Et ainsi, vous aurez une mise en scène très réaliste ». A Odessa, en 1919, travaillaient seuls deux grands cinémas. Le public se composait surtout de gardes rouges qui venaient là gratis. Jusqu'en 1921, année de mon départ, j'ai mis en scène sept films. Le >< Politprosviet » (Comité d'éducation politique) commanda de tourner La Plaine du loup, mise en scène de Boris8of. C'est l'histoire d'un village qui passe et repasse des mains des Blancs à celles des Rouges. En même temps c'est le drame d'amour inévi table : un ouvrier du parti rouge épris d'une jeune fille du parti adverse. Et tout finit de façon très sentimentale et très « rouge ». Un film avait toutes les préférences des soldats; L'Etoile Rouge, ou Quatre mois contre Denikine. Le héros en était aussi un ouvrier. Parmi les films d'une véritable valeur d'art je dois citer le film bolchevik Retour à la terre, dont l'acteur Glagoline interprétait le principal rôle. On obligeait tous les acteurs de l'écran à travailler dans ces films, sous menace de les envoyer au front. Les ateliers de cinéma étaient surveillés spécialement par des commissaires politiques. En échange de leur travail, les artistes recevaient une misérable ration. J'ai gardé de ce temps un souvenir de pauvreté et de ventre creux. Les derniers films tournés furent L'Aube rouge et Azra, tous à Odessa, naturellement, Moscou, depuis 1918 étant absolument mort sous le rapport du cinéma. Durant trois ans on n'y a pas tourné un seul film. Au temps de la guerre civile, les Blancs aussi tournaient. Je me souviens des deux films La vie pour la Patrie, L'honneur pour soi et Le Calvaire d'une femme, tous deux excellemment mi8 en scène et accueillis avec grand succès. J'ai toujours grand chagrin de la mort de ma meilleure élève, Véra Holodnïa, morte à Odessa au début de l'an dernier. C'était une joie de travailler avec elle, que nulle école de théâtre n'avait encore gâtée. Elle venait tout droit de la vie, et son grand talent en faisait sans nul doute une des meilleures artistes de l'écran en Russie. » Arthur Toupine. Riga, mai 1922.