Cinéa (1922)

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16 clnéa a AU PAYS DU FILM 0 Souvenirs de Los Angeles (Suite) par FERRI^ISANI Cette technique brutale du début devait produire une psychologie toute en pentes. Le film ne s'adressait qu'aux nerfs de la foule. L'exaltation du donjuanisme, ce point de départ de toutes les brutalités, était inévitable. Mais l'Amérique féministe ne pouvait tolérer l'apothéose du don Juan mâle. On remplaça le héros indésirable parle don Juan femelle. On put voir alors sur l'écran américain, la vampire, au cours d'épisodes mélodramatiques, lacérer, torturer, tuer l'homme, comme sur l'écran européen le vampire lacérait, torturait, tuait la femme. Mais avec la saine jeunesse du film, la morale se révolta contre la conception vicieuse. La vampire paraîtra pendant longtemps encore sur la pellicule yankee, maie elle n'est plus que la traîtresse de la pièce et comme telle, à la fin du drame, elle sera punie par le triomphe d'un grand rôle généreux, pitoyable, noble, aimant, bon... Avec Theda Bara, la vampire en temps qu'héroïne est morte. Qu'elle aille rejoindre son émule don Juan dans la légende... et en enfer. William Hart et l'esthétique chrétienne — La semaine dernière, chez Bill Hart, j'ai eu le « job » directement, a l'entrée du studio : deux jours à 7 dollars, plus 10 thunes pour m'ètre laissé assommer par le shérif î A cette pensée d'avoir « tourné » -^ans passer par le «singe» de l'agence l'individualisme latin de Kalikao s'exalte. Kalikao est ce vieux vagabond français qui s'échoua au pays du film, où une défroque de cow-boy lui permit de figurer les « cavaliers a pied » dans les épisodes du GrandOuest. Kalikao est sale, hargneux, ivrogne, mais son pittoresque m'entraîne allègrement sur la route d'Hollywood. Le soleil a enfin percé le brouillard, ce foij matinal qui souvent en veloppe jusqu'à midi la campagne californienne. Des voitures nous dépassent, chargées de confrères plus heureux engagés de la veille et qui s'en vont tourner des « plein air » dans les décors de la montagne ou de la mer. Spectacle plein d'un curieux anachronisme que ces chevaliers moyenâgeux ou ces marquises poudrées passant à du 00 à l'heure dans le nuage et le ronflement des grandes autos de tourisme. Pour atteindre le studio de William Hart, nous passons au pied des tours WILLIAM S. HART de Babylone le décor magnifique d'Intolérance. En dépit des intempéries, les murs de 50 mètres de haut, encore intacts et restés blancs, dominent toujours la campagne environnante, la rapetissent, font concurrence aux premiers contreforts des Rocheuses. Mais le rappel du chefd'œuvre de Griffith ne saurait émouvoir la mémoire de Kalikao. Pourtant il a tourné là, parmi un peuple de 6,000 figurants et durant huit jours, soldat barbare armé d'un javelot, il est resté nu jusqu'à la ceinture, son torse roux exposé au soleil. A peine mon compagnon consent-il à m'indiquer l'emplacement où attendaient les autos d'ambulance, prêtes à emporter vers l'hôpital le record des sinistres du film, pendant l'assaut des tours : soixante-quinze accidents, dont cinq mortels! Kalikao s apitoie difficilement sur les autres. De ce jour-là, il n'a gardé qu'un souvenir personnel : il avait réussi à toucher par fraude, pour lui seul, quatre boîtes du lunch distribué par les soins du studio. Le quartier général de Bill Hart est situé dans un village-type du Texas : une rue unique bordée de maisons de bois, une épicerie campagnarde, un office de shérif, un bar — le bar où se complotent tous les drames du Grand-Ouest : l'attaque de la diligence, l'enlèvement de la femme convoitée, la vengeance qui tuera Plus loin, sur la colline, le ranch avec son corral, 8on troupeau de chevaux sauvages, ses bœufs aux longues cornes, son moulin à vent surmontant l'abreuvoir. Sur la crête se profile l'échafaudage noir qui marque l'emplacement d'un puits d huile minérale. De là, part droit vers les ravins des Rocheuses, un sentier tracé voilà vingt ans par les chercheurs de pépites. C'est toute l'histoire de la Californie du Sud : la fièvre de l'or, puis celle du pétrole; aujourd'hui, c'est la fièvre du film. A mon grand étonnement, le directeur des engagements, qui veille à la porte du studio, nous invite à entrer. Nous voici dans les rues du village, parmi des figurants type « petiteville». Lesoleilse montre. Action î CameraT Enveloppée d'un nuage de poussière, la posse débouche, William Hart en tête : en tout une trentaine de co\v-boy8 authentiques qui ont quitté leurs bœufs de l'Arizona ou leurs moutons du Nevada pour venir tourner à Los Angeles — quand il y a du travail — à 10 dollars par jour, cheval compris. Larges chapeaux, bottes molles au haut talon desquelles sonnent les éperons d'argent, chemises aux couleurs aveuglantes, manchettes de cuir, lourde ceinture où luit la crosse d'un revolver: ils ont de l'allure et pourtant, ils m'apportent une désillusion immédiate. Comme le déplacement de l'appareil