Cinéa (1922)

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cinéa j LES LIVRES | La Lyrosophie. Sous ce titre M. Jean Epsteln, dont les lecteurs de Ciiu'-a n'ont pas oublié les livres lucides, spirituels et paradoxaux, publie un véritable traité de la connaissance, rempli d'aperçus ingénieux et souvent profonds, remarquables surtout par une étonnante érudition, qui embrasse avec aisance les auteurs classiques, les savants modernes, voire les kabbalistes, et ne craint pas de chercher jusque dans la Semaine de Suzette des exemples adéquats de raisonnements vicieux. La Lyrosophie est une disposition favorisée parla fatigue intellectuelle dont souffre notre époque, voisine de celle où évoluaient les kabbalistes, et en vertu de laquelle notre esprit, partant de données de connaissance scientifique, les développe et les épanouit sous l'impulsion du sentiment. Et de cette mystique de la science M. Jean Epstein cite maint exemple... Il n'apparaît point avec une netteté constante s'il loue ou blâme une semblable disposition. Quand il évoque telles illusions d'un Charcot, tel système improvisé pour les besoins de la cause — par exemple l'Anticinèse de M. Raphaël Dubois — la lyrosophie, à laquelle il rattache ces errements, apparait comme une méthode vicieuse; plus généralement il y voit une heureuse conciliation enlre des tendances à la fois essentielles et contradictoires. Et c'est dans ce sens qu'il faut chercher la conclusion de l'ouvrage. Citons, d'ailleurs, au hasard : « L'homme a commencé par sentir ; il a continué par comprendre. Il ne peut s'arrêter là, parce qu'il ne peut pas s'arrêter du tout, sauf dans l'inertie de la mort. D'autres lui ont proposé alors de sentir avant de comprendre, ce qui est, en somme, très ordinaire. Personne ne lui a proposé de comprendre avant de sentir, ce qui est impossible. Je l'invite à développer toute son activité, à jouir en même temps de ses deux grandes facultés, à sentir et à comprendre simultanément. Voilà la lyrosophie. Et sur les deux mondes que vous avez travaillé à construire, l'un de sentiment, l'autre de raison, je construis le mien, à la fois de de raison et de sentiment. Cette nou velle ligure de l'Univers, au-dessus des deux autres, est la figure lyrosophique. » • My Wonderful visit. Rien de ce qui concerne Charlie Chaplin ne doit rester indifférent au public dont il est l'idole, et tous ceux qui savent l'anglais — en attendant que le livre soit traduit — liront avec passion le récit de son voyage triomphal en Angleterre, en France et en Allemagne. Il y trouveront décrites les ovations qui l'accueillirent sur toute la route, l'enthousiasme des foules, l'affluence des visiteurs et des reporters, l'accumulation des lettres entassées par sacs dans des chambres supplémentaires... A noter spécialement le séjour à Londres, et la jolie note émue des souvenirs d'enfance que Charlie Chaplin y retrouve. Fort intéressants également ses entretiens avec Sir James Barrie, qui aurait voulu lui voir jouer le rôle de Peter Pan — avec Wells, avec Thomas Burke — l'auteur des nouvelles sur Limehouse et Whitechapel qui ont inspiré I). W. Griffith, et dont l'esprit est singulièrement apparenté au côté humanitaire des œuvres de Chaplin. En France, Chariot a été frappé particulièrement de la petite taille des wagons, de l'aspect gai de Paris; son expérience a été circonscrite aux Folies Bergères et au Rat-Mort. Et il paraît avoir attaché plus d'importance à une femme portant monocle, rencontrée dans un de ces établissements, qu'à l'entretien des sommités intellectuelles et artistiques qui l'ont entouré dès son débarquement. Cependant, il a rendu visite avec Lady Astor à un grand couturier et a vivement apprécié le défilé des mannequins. «... De grandes et suaves créatures s'avancent, passent prés de moi, les unes impérieuses, les autres pleines de dédain. L'attitude est étudiée, mais elles la prennent bien. Je me demande quelle influence cette attitude peut exercer sur l'esprit de la jeune femme, lorsqu'elle parade devant l'aristocratique clientèle. « Mais je saisis l'imperfection de leur dressage : il est fort amusant de les voir se raidir tant que dure l'exhibition, puis se laisser aller, reprendre l'habituelle démarche, les manières et l'allure disparues... « Et là aussi, je suis découvert : ceci trouble la majesté royale du défilé ; elles rient et essaient en même temps de maintenir la dignité due aux robes qu'elles portent. Elles deviennent affectées et l'effet est ridicule. . . » Lionel Landry. ! LECTURES \ De notre confrère Paris-Guide, sous la signature de M. Claude Fayard, cette appréciation de Genuine : Il n'est pas mauvais que de temps en temps, pour nous réveiller des Parisette de la production courante, apparaissent des œuvres viotentes comme Caligari et (îenuine — et qui font songer et qui font discuter. On peut rapprocher ces deux films, tous deux réalisés par Robert Wiene. Ils semblent partir de la même manière. Une histoire n'y est point contée par un individu normal. Elle l'est dans Caligari par un fou, dans Genuine par un homme en proie à un cauchemar. Elle est donc vue au travers d'un cerveau maladif ou anormal et en ressent toutes les déformations visuelles. N'est-ce point là une hypocrisie ? pour habituer le spectateur à une stylisation de la mise en scène. A sujets nouveaux, il faut réalisations nouvelles. En France, il n'y a guère que Marcel L'Herbier et Louis Delluc qui aient compris cette obligation. Genuine est sans doute un conte persan modernisé tant il est raffiné et sadique — à moins qu'il ne soit né d'un cauchemar d'opiomane tellement il est tourmenté, morbide. On peut ne pas goûter cette histoire malsaine de femme-vampire qui boit le sang de ses victimes et il se peut que Genuine n'obtienne auprès du public qu'un succès de curiosité. Mais pour les cinéastes elle contient de précieuses indications. Les décors sont exactement ceux qu'il fallait à un tel sujet, à de tels personnages. Tout ce qui entoure Lord Melo concourt à en faire un être hallucinant. Ses guêtres et ses gants impeccablement blancs d'une part, le squelette d'autre part, dont le crâne est remplacé par un cadran d'horloge, nous montrent les deux faces d'un maniaque méticuleux et dangereux, dont