Cinéa (1922)

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14 cinéa « «aies histoire* » d'un homme riche, celui ci fut-il la victime d'un chantage !) Le « grand comique » épousa. l)u coup la « petite figurante » devenait étoile pour son propre compte. Elle devenait aussi divorcée, car quelques mois plus tard « Mme Mère » accusa son gendre de... battre sa fille et de lui refuser de quoi manger T {sic). Le « grand comique» était trop triste pour se défendre. 11 paya quelques millions de pension alimentaire. Pompon voyait dans cet avatar l'effet d'une vengeance divine. Pauvre Pompon î Sa carrière cinématographique devait se trouver interrompue d'une tragique façon. Le lendemain même de notre journée chez Chariot, Pompon, en incarnant Trotsky dans un épisode révolutionnaire, tomba sur le couteau rouillé d'un bolchevik. La gangrène se déclara. Il fallut couper la jambe du pauvre diable. Je l'ai revu depuis. Il ne Lançait plus son « pompon » traditionnel, et sur son bouc, désormais immobile, des larmes roulaient. Il avait perdu tout espoir de faire rire. Oh! Figaro, la comédie n'est qu'une répétition d'épisodes tragiques autour d'une même victime ? Hâtonsnous d'en rire devant le film ou dans la vie, de crainte d'être obligés d'en pleurer. VI Splendeur et misère cinégra phiques Los Angeles, ville aujourd'hui d'un million d'habitants, se prolonge vers la mer ou la montagne par une soixantaine de studios. J'ai vu dans « Universal-City » tourner 20 compagnies à la fois, ce qui nécessitait la mobilisation de 20 directeurs, 40 opérateurs, 100 électriciens, :500 charpentiers et 000 interprètes (sans compter les figurants). Telle ménagerie cinégraphique renferme : :* éléphants qui porteront la chasse du rajah ou figureront dans le drame du cirque; 10 chameaux qui formeront la caravane à la lisière du désert californien tout proche; 12 grands fauves qui reconstitueront la jungle; une meute de chiens esquimaux qui se battront pour prendre la tête du traîneau canadien qui, à trois heures de là, peut glisser sur les neiges éternelles des Rocheuses. Il faudrait décrire aussi les singes «avants qui se refusent à parler parce que le lan gage humain déguiserait les pensées sincères qu'ils miment. Et quel choix dans la figuration I L'Arizona et ses réserves d'Indiens pur sang sont à deux pas. Désirezvous des Mexicains? Par milliers, tous les ans, ils passent la frontière. Los Angeles possède un quartier japonais, et la main-d'œuvre agricole des environs est fournie par une immigration chinoise. L'Italie est à portée, dans la boutique du barbier, du savetier, du cireur de chaussures. Dans le cabaret voisin, ces joueurs de dés, c'est toute l'Espagne, celle des hidalgos et des conquistadors. Des colporteurs syriens, arabes et juifs formeront des groupes sémitiques indiscutables. Si vous voulez l'Afrique, elle est là avec ses nègres gentlemen qui, aisément redevenus sauvages, mimeront pour votre opérateur la danse fétichiste de leurs ancêtres. Dans Los Angeles, l'Orient donne la main à l'Occident, la race noire se mêle à la rouge, tous les siècles se coudoient dans les décors de toutes les contrées, à portée de tous les accessoires. Comment de tels studios (où des sommes de 100.000 à 1 million de dollars sont mises, pour une seule production, à la disposition d'un directeur), peut-il encore sortir un seul film qui ne soit pas un chef-d'œuvre? Et pourtant, quelle médiocrité dans l'ensemble I Est-ce la faute de l'interprétation? Certes non. Les acteurs du ciné américain sont bons, très bons. Au plus humble d'entre eux, on peut demander une variété d'expressions que l'on ne trouve pas toujours dans le jeu de nos vedettes d'Europe. Dès le premier jour, le régisseur yankee a compris que le meilleur interprète de scène peut faire un détestable interprète d'écran. On devient artiste théâtral, mais on naît artiste cinégraphiste. Chaque année, davantage, le film recrute ses premiers rôles, sans égard pour les succès que des artistes ont obtenus ou n'ont pas obtenus dans une carrière théâtrale précédente. Bientôt le chemin du ciné seul mènera l'artiste à la gloire du ciné. Et les photographes? Ils sont presque parfaits, tous d'importation latine, d'ailleurs. Alors, d'où vient le manque de perfection du film américain? De l'insuffisance de ses scénaristes et de ses directeurs. Les premiers ne se sont pas encore rendu compte que le dé coupage d'un bon scénario exige autant de pensée que l'écriture d'un bon roman ou d'une bonne pièce. Quant aux metteurs en scène, l'Amérique, pays de spécialistes par excellence, ne produit qu'exceptionnellement ces j hommes qui , à la précision du technicien, au calcul de l'économiste, au brillant de l'artiste doivent joindre cette large culture générale qui est indispensable au vrai directeur cinégraphique. Certes, qui donc, en lisant le8 magazines yankees, n'a pas rêvé d'aller tenter en Californie les mines d'or du ciné? C est qu'elles sont éblouissantes, ces histoires de vedettes qui, hier encore, laveurs de vaisselle comme Fatty ou sténographes comme Pickford, se réveillent, au pays du film, avec 1 million de dollars d'appointements, quand ce n'est pas davantage! Et ces directeurs payés des 20.000 francs par semaine pour crier dans un mégaphone! Et ces photographes, qui ramassent des 200 dol: lars hebdomadaires à simplement tourner le « moulin à café »! Mais avez-vous compté le nombre exact des metteurs en scène qui, à Los Angeles, sont certains de diriger pendant douze mois de l'année ? A peine 20! Et combien d'opérateurs en pied, protégés contre le chômage toujours possible? Peut-être 10! Certes les étoiles, les fameuses étoiles, au nombre d'une soixantaine, touchent, par contrats de cinq ans et plus, des salaires minimum de 1,000 dollars par semaine, d'un bout de l'année à l'autre. Mais derrière ces 00 privilégiés, avez-vous pensé à la foule besogneuse des autres interprètes, acteurs engagés à la semaine, et figurants engagés à la journée? Ah! la rude école que la carrière cinégraphique, là-bas, et pour l'artiste, et i pour le metteur en scène, et pour le photographe ! La tournée des studios sur les routes dures de la campagne californienne! Et le nothing doingJ des directeurs des engagements! Et les illusions et les désillusions! Et les espoirs et les désespoirs! Une page intime éclairera mieux encore les hauts et les bas de la vie au pays du fdm... On m'excusera de raconter une bonne fortune, parce qu'en fin de compte elle fut mauvaise... Ferki-Pisam (A suivre)