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| LES FILMS DE LA QUINZAINE
La Fille des Dieux.
(Palais des Arts.)
On revoit avec plaisir cette féerie à grand spectacle ; avec plaisir, et avec regret aussi, car, en vérité, il est dommage de voir utiliser aussi platement des éléments de premier ordre. Le scénario tout d'abord, qui manifeste à la fois les inconvénients de la mort et de la vie : de la mort parce qu'il n'existe pas, n'a ni réalité ni force, de la vie parce qu'il s'impose de manière encombrante et parfois ridicule. Issu, semble-t-il, de la collaboration d'une vieille fille écrivant à tant la ligne des contes pour enfant, d'un impressario de music-hall, et d'un disciple sournois de l'auteur de Mastine I
Naturellement le titre du film fait penser à la Fille du Ciel, le beau drame mystérieux, profond et cruel de Pierre Loti et Judith Gautier, qui eut quelque succès en Amérique du fait que l'interprétation comportait trois cents chameaux — et que quelque cinéaste fou pourrait s'amuser, une fois l'Exposition Coloniale finie, à tourner dans les Palais d'Angkor. Supposons qu'on ait dit à tic tel» auteurs ou à d'homologue» —
« Vous disposez d'une interprète admirablement faite, comédienne quelconque, danseuse passable, nageuse splendide, de palmiers, de grèves, de vagues, de torrents à discrétion. Carte blanche quant aux côtés finances. » Supposez que leur scénario ait été confié, je ne dirai pas à un Griflith, mais à Maurice Tourneur, par exemple le Maurice Tourneur des /•'<v.s ,/<• la Mer.. Quels admirables films que ceux qui auraient pu être faits !
Celui qui a été fait est une œuvre Décousue, avec des passages enfuntins, assommants, des foules sans vie. Des sirènes qui manœuvrent à la prussienne ef plongent par quatre, dis nègres qui. à des époques mystiques, pratiquent lurent rm ntrolie (d lin comique irrésistible à la vitesse « meurtrière >• d.' 'a projection française) des palais sans splendeur, une laideur systématique de toutes les interprètes, autres qu'Annette Kellei manu, dont celle-ci n'avnll \ raimenl
pas besoin, et des pages de premier ordre, au premier rang desquelles je mettrai l'épisode des crocodiles, la descente d'Annette Kellermann dans le torrent, et sa lutte, presque physiquement douloureuse pour le spectateur, contre les vagues qui la roulent.
Les Blés d'or.
On a entendu dire qu'il fallait rechercher l'analyse du détail et lorsqu'apparait une cuisinière on nous montrera le reflet déformé de son visage dans un fond de casserole; quand elle recevra des visites, on nous montrera ses pieds et ceux de son visiteur; tout cela dans un prologue dont le devoir serait d'être court, limité au strict nécessaire. Le public est désorienté lorsque l'action s'engage véritablement, rappelant quelque peu les Caraliei's de la Nuit, et des romans de Zane Grej ; il y a
d'ailleurs de bons détails, et Mary Mac Laren est sympathique.
Etant cuisinière — et naturellement pleine de distinction — elle épouse
le lils d'une amie de sa patronne, lequel est naturellement fort vulgaire 11 lui dit : « Ma famille est après moi parce qu'ils trouvent que je vous fréquente trop. » Je suppose
que L'auteur de» sous-titres a voulu
marquer par là la vulgarité du personnage; le malheur est que ses col lègues et peut être lui-même à 1 occasion tout parler sur ce ton
Chamfort ou Talleyrand; aussi Le
public ne saisit plus la nuance
La Vocation de Mary. Evidemment, si LUian avait moins
de talent. Doiothy Gisb aurait moins de réputation, et on ne lui aurait pas Confié ce tôle; m lis han> doute il aurait été rempli par quelque autre