Cinéa (1922)

10 clnca D'après notre confrère Photoplay, les six personnalités de L'écran qui promettent le pins, seraient Rodolph Valentlno, Cullen Lundis, Conrad Nagel, Lila Lee, Colleen Moore et Madge Bellamy. Constance Talmadge poursuit, sous la direction de « Philadelphia Jack O'Brien ». une série d'exercices destinés a conserver sa taille initiée. On sait que Seena Owen — la princesse bien aimée d'Intolérance a intenté une action en divorce contre son mari, Georges YValsh, désignant comme complice de ce dernier Estelle Taylor. Cette dernière intente une action reconventionnel le contre Seena Owen à qui elle réclame cent mille dollars de dommages intérêts pour avoir détruits sa bonne réputation de moralité et de vertu. Elle fait valoir que si elle a joué des rôles de vampires, c'est qu'elle ne pouvait pas faire autrement et qu'elle a absolument refusé d'interpréter La Reine de Saba . Voici la liste des interprètes du film que I). W. Griffith tourne actuellement, telle qu'elle m'a été communiquée par une personnalité affiliée à l'Allied Arlists Corp. : Carol Dempster, Henry Hull, Porter Strong, Morgan Wallace, Frank Vanderlee, Frank Sheridan, Irma Harrison. Ce film est une comédie dramatique basée sur un scénario original d'une femme-auteur américaine, Miss Irène Sinclair. Son titre définitif n'a pas encore été arrêté. Sa longueur sera de sept rouleaux (environ 2.500 met.). Le nouveau film que l'on tourne actuellement, d'après un roman de Mrs Elinor Glyn se nomme Beijond the Rocks (Au delà des Rochers). L'action se passe en Angleterre, et les interprètes principaux en sont Rudolph Valentino et Gloria Swan On annonce les fiançailles de Marjorie Daw et John Harron, ainsi que celles de Jack Pickford et Mari ly un Miller. Le mariage de ces derniers aura probablement lieu cet été. Souvenirs et Photogénies Maroc, épisodes, une russe née à Montmartre, un comique désespérément macabre, j'ai tout oublié, même un peu de ce soleil africain qui est pourtant remarquable. Mais ce chameau, bossu géant, bêtise s'échappant de toute une face glabre et éhontée : Quel rire I • ...L'araignée sur la tartine de miel; une femme a fait : « Pouah I » • Dans Don Juan et Faust, Marcoux s'est fait un regard inoubliable. Comme humide de désespoir, il y a condensé goutte à goutte la douleur, et l'a matérialisée dans sa prunelle ; c'était du talent visible. • ...Les pas des touristes s'enfoncant dans la neige; il y a des femmes plus savantes que les autres et qui disent froidement : « Truqué, c'est du coton ! » Pour moi, cela fait honneur au metteur en scène. • Je ne trouve rien de plus insupportable à l'écran que ces fausses larmes, en premier plan, obtenues au moyen d'oignons, de glycérine ou simplement composées en gouttelettes d'eau. L'effet est faux ; il est superficiel, matériel, voulu, inémouvant, tandis que la grande douleur, elle, est intérieure, ressentie, suggestive, vraie. Et ce à quel point. Evidemment, pour un public ordinaire et bas cela fera impression, mais des gens vraiment sensibles et compréhensifs ne s'en accommoderont pas. Comparez à ce sujet les gros plans de Pauline Frederick et de Pina Menichelli. Chez l'une, tout le drame est dans l'œil, l'iris, la pensée du regard ; chez l'autre il stationne et se divise dans le gonllement de la gorge, le bâillement de la bouche et l'exagération exorbitée des yeux. • Je me méfie des rôles à double emploi. C'est un piège : peu d'acteurs l'ont évité. Lorsqu'un de ceuxci doit apparaître â de grands écarts d'âge ou de dépression physique, il force tant la caricature qu'il arrive à ne plus paraître lui-même et pro voque le doute dans le cerveau du spectateur. Dans Rêve et Réalité, Mary Pickford s'est admirablement enlaidit Une femme assez coquette, peu habituée au cinéma sans doute, a dit : « Dieu, est-il permis d'être aussi laide, quand on est si connue! » Allons, Mary, vous êtes une grande artiste. • Avez-vous vu Chariot faire une déclaration d'amour? De Max, Lagrenée, Ray et même Reid, pourtant de bons spécialistes, n'existent pas à côté de lui. Il est évident que, si Edna nous plaît, c'est parce qu'elle lui plaît. • Les yeux de Tora Teje sont familiers, devant eux, il nous faut tout oublier, fauteuils, orchestre, écran. La poésie d'une âme sensible et aimante ne trouve pas de meilleur propagateur. (Je me rappelle un film où la protagoniste jouait seulement des yeux, le reste du corps étant caché d'un rideau noir). Eh bien, l'expression, croyez-moi, avait d'autant plus de force qu'elle avait moins de moyens pour s'exprimer — aimant qui attire. Tora Teje, elle, agit de même, allez la voir. • Eric Yon Stroheim, avec son galbe teuton, sa roideur de joujou neuf, ses gestes caoutchoutés, provoque de grandes discussions dans les salles obscures. Avouez que c'est peut être le seul acteur qui accepte de se faire ainsi haïr du public. • Pour les loges du fond, l'automobile qui arrive sur nous â toute vitesse ne produit que de maigres discussions: « C'est une Peugeot, une Voisin — non, une Bellanger... » Pour les premières séries, on discute delà beautédes lignes, du vernis, de la qualité des pneus, ou autres. . . Mais pour les troisièmes séries, plaquées tout contre l'écran, c'est autre chose; le spectateur qui voit le bolide arriver sur lui, a un brusque soubresaut de côté, comme manquant d'être écrasé. Jaque Christiany.