We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.
Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.
cinéa
| LES FILMS D'AUJOURD'HUI
Way Down East.
Aucun lilm de Griflith ne manque de qualité : aucun, non plus, jusqu'à présent, ne pouvait étire considéré comme sans défaut, car le fameux cinégraphi8te a très souvent insisté sur des traits, mais, peut-être, ce « souligné » fut-il nécessaire pour affirmer, en les exagérant un peu, les possibilités de l'art muet. Cette fois, rien de pareil. Du commencement à la fin de Way Down East l'attention est soutenue soit par une action intense, soit par des détails. Et d'abord on annonce une simple histoire. Simple et même, pourrait-on dire, banale, puisqu'il s'agit d'une jeune fille séduite, puis abandonnée. Elle s'appelle Annie Moore, vit pauvrement avec sa mère, va chercher une aide chez des parents riches où elle rencontre un viveur qui simule un mariage avec elle devant un faux pasteur. Le scélérat, Sanderson, lui avoue la vérité. Orpheline, malheureuse, elle a un enfant qui meurt, et parce qu'elle n'est pas mariée, elle est chassée par sa logeuse. Ces événements et une triste vie de tous les jours, nous les voyons traduits avec une sincérité absolue. Annie Moore, par sa figure, ses gestes, sa démarche, prouve ses sentiments. Dans sa chambre, elle tâche â réchauffer de son haleine les membres de son bébé, le médecin vient et maintenant elle se sait toute seule au monde.
Alors, sur les routes, elle part, de
mande du travail dans une famille dont le chef la congédie, ensuite il écoute sa femme, Mme Bartlett, et Annie devient la servante dévouée, si dévouée qu'enfin on l'aime. Il y a des heures d'une calme joie jusqu'au jour où Sanderson paraît dans le ménage ; où, aussi, une commère qui semble incarner le génie du mal, dévoile le passé, ou plutôt une bribe du passé d'Annie Le père Bartlett la met à la porte en présence d'un groupe de commensaux dont fait partie Sanderson, lequel est démasqué par Annie.
Et la brave enfant part, tandis qu'une tempête de neige fait rage. Les flocons l'aveuglent, elle lutte et court, et ralentit sa marche parce que la tourmente l'y eontraint, et puis repart, plus prompte ou plus lente.
r Je n'ai pas dit l'existence du fils Bartlett, le jeune David, doux et sympathique, promis à une jeune fille qui ne l'aime pas. Or, David a déclaré tout son amour à Annie qui lui répondait : « Jamais je n'aimerai aucun homme », mais Annie mentait, par scrupule. Elle est la Bonté, comme Marthe Perkin, la délatrice, est la Méchanceté. David a vu partir Annie, il l'a entendue maudire Sanderson, il a même frappé le misérable. Voilà David à la poursuite d'Annie. Après la tempête féroce, c'est l'accalmie. David court, court longtemps, cherchant Annie, et tous deux, encore
très loin l'un de l'autre, parviennent aux glaces qui, peu à peu, fondent ; épuisée, la jeune fille tombe sur un bloc flottant, tandis que le jeune homme, au prix des pires dangers, saute de glaçon en glaçon. Il découvre Annie et, enfin, on peut la ramener en lieu sûr où elle reprend ses sens, tandis que le père Bartlett lui demande pardon.
Je n'ai pu, au cours de ce résumé, noter la qualité de maints détails et même de scènes pittoresques, telles qu'une fête villageoise où les danses sont d'une familiarité saine, ni parler de quelques personnages très bien venus comme un professeur charmant et sans élégance qui est très bien incarné par Creighton Haie.
Il nous faut mettre hors de pair: d'abord Lillian G'wh, dont les expressions sont étonnantes de vérité c pourtant inattendues et dont la jo liesse et la sensibilité se complèten merveilleusement ; ensuite la poursuite, cette mise en scène incomparable de la poursuite dans la neige et sur les glaces qui est belle et donl la longueur. . ne fait pas longueur
Et tous les acteurs contribuen dignement à l'ensemble, particulièrement Richard Barthelmess, dans un rôle où tant d'autres eussent été artificiels.
Way Down East est tiré dune oeu vre de Lottie Blair Barker et l'adaptation jouée à Marivaux par le très brillant orchestre de M. Szyfer est due à Griffith ; l'exécution est parfaite.
• A la manière de d'Artagnan
Je ne vous conterai pas lhistoire d'amour qui sert d'intrigue â ce film.
■■■
RICHARD BARTHELMESS et LILLIAN GISH , ,. Da ARTISTS LOWELL SHERMANN
dans Way down Hast (A travers l'orage).
LILLIAN GISH