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clnéa
Les Deux Orphelines. Plus que tout autre cinéaste, Grif
lith ;i le don je dirai même le génie de voir et de faire voir. Il
sent et pense en lmage8 et h il n'y avait en lui que le cinéaste, il n'y aurait qu'à se laisser emporter pâtée mouvement merveilleux.
Mais il n'y a pas que le cinéaste. L'idée de portera l'écran, entre toute autre œuvre, les Deux Orphelines, dénote un certain goût littéraire et théâtral : j'hésite à dire qu'il est marnais, car, à peine l'o'iivre entreprise, David Wark a senti que ce n'était pas eela, qu'il pétrissait du néant, et il a voulu la vivifier, la galvaniser en juchant les pitoyables jeunes filles sur le coursier fougueux de la Révolution. (Excusez la métaphore, c'est l'influence de» soustitres qui persiste)
Du coup personne ne s'intéresse plus aux deux orphelines, mais il est bien difficile de s'intéresser à la Révolution présentée de manière aussi sommaire, aussi primaire... Et lorsque, brochant sur le tout, un adaptateur animé des meilleures intentions est venu ajouter ses propres tripatouillages, substituer un Fouré imaginaire à Robespierre, Brissot a Danton, en lui attribuant le neuf thermidor, et conclure la grande fresque pochée par Griffith par une carte postale de la Marseillaise de Rude (suivie, le jour de la présentation par l'annonce qu'un groupe des Deux Orphelines était en vente au vestiaire...) alors on se sent triste...
Ne parlons plus de tout cela, oublions les erreurs de découpage, les sous-titres ou se déchaînent côte à côte le pathos en usage dans ce genre de littérature, et le pathos propre au vieux Dennery, exhibé du tombeau pour la circonstance; ne songeons qu'à ce qui est de Griffith, et non pas de Griffith philosophe ou historien, mais de Griffith cinéaste.
Tout d'abord, et c'est peut-être par quoi il dépasse les autres, notons le rythme, la composition, l'alternance, la progression des mouvements. A ce point de vue son film est une musique, et qui fait paraître bien piteuses toutes les musiques qui essaient d'en renforcer l'effet, même si elles sont d Anibroise Thomas. (Non : je m'étais promis de ne parler que de Griffith...)
Les images qu'emporte ce rythme sont toujours belles, souvent mer
veilleuses, et il serait interminable de noter les passages les plus frappants. La fête à Versailles est un des plus réussis; le plus puissant — et ceci est d'autant plus remarquable qu'il développe une donnée devenue bien banale — est la course finale. Le mouvement des chevaux, des cavaliers, est rendu de manière prodigieuse, décomposé splendidement, et même avec quelque prodigalité. Car enfin il est tentant de nous montrer à un moment donné cette chevauchée du point de vue de quelqu'un qui serait sur le point d'en être foule aux pieds; mais tel n'est pas le cas; et comment fera-t-on le jour où on voudra nous dépeindre réellement cette situation? Il devrait exister entre cinéastes une convention de réserve, d'économies d efforts, telle que celle qui a lié les mesciens jusqu'au xix= siècle et que des faits d'ordre économique aboutiront peut être à rétablir (mais ceci est une autre histoire).
L'interprétation est bonne, homogène — sauf pour le personnage de la mère Frochard, que Lùcille La Verne interprète selon les plus pures traditions de l'Ambigu. Lilian Gish est exquise, toujours dans une note juste, bien habillée — la longue robe sans plis, sans forme, qu'elle revêt pour monter à l'échafaud — Dorothy Gish bien meilleure à mon avis que dans le comique, Joseph Schildkraut (le chevalier) plein de jeunesse, de vie, d'expression, un vrai jeune premier. Je ne partage pas l'enthousiasme de Griffith pour Frank Puglio, que je trouve assez conventionnel dans le rôle de Pierre; Monte Blue est un excellent . DantonBrissot (suivant la longitude) Sydney Herbert un pittoresque et plausible RobespierreFouré, et Creighton Haie un fort bon valet de Comédie.
Genuine.
Au début du romantisme, l'Allemagne déversa en France tout un bric-à-brac féodal, sanguinaire, truculent — histoires de sorcières, légendes médiévales — qui impressionnèrent les épigones de VictorHugo — et quelque peu Victor-Hugo lui-même. Puis la mode changea, et les derniers récits de 1 espèce parurent sous les signatures de Raoul de Xavery et autres analogues, dans des magazines provinciaux.
On assiste avec curiosité à une
invasion analogue, venue cette fois par l'écran et déjà deux courants se |i marquent dans le film allemand; à côté d'œuvre8 comme le Rail, les Trois Lumières où il y a de la vie, de l'émotion, de l'humanité, des œuvres plaquées, soufflées, essentiellement contraires d'ailleurs au génie de l'écran (je suis fort heureux de m'être rencontré sur ce point avec M. Biaise Cendrars) mais où il y a souvent du talent; tel était le cas pour Caligari; à mon avis Genuine est inférieur, d'abord par la répétition des procédés, puis par l'interprétation.
D'aucuns de nos confrères ont eu le courage de raconter le sujet I Je les admire et n'essaie pas de les imiter. L'œuvre n'est supportable qu'à la condition d'être prise pour une fantaisie, pour un essai, pour une pochade ; il faut avouer que, dans ce cas, elle est un peu longue... Reconnaisons-lui cependant un mérite : il y a peu de sous-titres et ils sont dépourvus de toute prétention.
• Le n 99.
Ce film satisfait à toutes les exigences aristotéliciennes; en moins de vingt-quatre heures, dans une même maison ou à très peu près, un forçat s'évade, se fait aimer d'une jeune fille du monde — sinon de deux — fait reconnaître son innocence — cette partie-là prend une minute et demie, à peu près — et obtient.ee qui est plus admirable, sa mise en liberté.
Par contre, et non seulement sur ce dernier point, il satisfait moins aux exigences de la vraisemblance et du bon sens. Les coquins y sont en vérité d'une naïveté désarmante et le faussaire professionnel, qui conserve fiches et dossiers de ses méfaits,fait preuve vraiment d'un excès de méthode.
Le début (l'évasion en auto sous la neige) est fort bien engagé et il y a des vues excellentes ; au bout de cinq minutes on sait tout de suite tout ce qui va se passer, la photographie, tout en restant bonne, devient banale, et l'intérêt languit.
Warren Kerrigan a l'air satisfait de soi-même, mais n'a point l'autorité et le talent de comédien de Douglas Fairbanks. Sa jeune partenaire est gentille, il est dommage qu'on ne la nomme point. Plusieurs rôles secondaires sont bien tenus.
Lionel Landry.