Cinéa (1922)

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cinéa 500.000 lire furent dépensées seulement pour le bois nécessaire à la charpente de ce décor cyclopéen. Non loin de l'amphithéâtre s'érigeait la salle du trône du palais impérial, rutilant de ses ors et de ses marbres polychromes auxquels le grand soleil de Rome donnait l'éclat de joyaux précieux. Puis c'était le délicieux temple, souvenir de v'aganisme hellénique, qu'encadraient savamment les pins et dont les degrés 8'ouvrant en plein ciel semblaient descendre à la mer. Le décor de la prison avec son invraisemblable labyrinthe de couloirs,de marches, d'épaisses colonnes, si photogénique dans son puissant relief et ses alternatives d'ombre et de clarté, faisait avec les constructions élégantes un contraste tragique. C'est dans cet ensemble monumental, poétique, aérien que fut tournée la Théodora, de Victorien Sardou. L'exécution dura plus d un an, dirigée par le jeune et zélé Carlucci, fait « cavalière » pour la récompense î Qu'attend le gouvernement français pour suivre cet exemple et comprendre dans une promotion de la Légion d'honneur Marcel L'Herbier, Louis Delluc, Léon Poirier ? Les interprètes — heureuse alliance franco-italienne — furent Rita Jollivet, admirable Théodora, belle, plastique, impériale et sous les traits de Myrtha si tendrement humaine, Maupré dont une certaine gaucherie n'empêche ni l'élégance, ni le charme juvénil, Ferruccio Biancini, un Justinien de grand style, parfait acteur décomposition et tragédien qui rappelle parfois Mounet-Sully par son masque barbare et ses magnifiques attitudes romantiques. Et puis, il y eut la foule de ces merveilleux figurants italiens qu'on humilie là-bas du nom de « comparses » et qu'on oppose aux « cachets », les figurants en smoking ou en habit. L'ne fois de plus les comparses qui seraient gênés en costume de soirée moderne montrèrent qu'ils savaient porter la toge comme des empereurs Bourgeois, guerriers, gladiateurs, toute cette foule énorme aux réactions redoutables manœuvre dans Théodora avec une discipline dans le désordre qui force l'admiration. La scène du cirque est particulièrement grandiose et belle. Seul Griffith s'avéra un animateur de masses aussi puissant et subtil. Je dirai un mot de la photographie qui est lumineuse, sans contraste violent, sans heurt. De nombreux opérateurs y collaborèrent. Je cite avec plaisir leur chef de file Yentimiglia, le meilleur opérateur italien, puis Vettrotti et Xani. Théodora constitue la plus grosse entreprise cinégraphique de ces dernières années. On dit qu'elle absorba 7 millions de lire. Le chiffre importe peu. L'étonnant c'est qu'on ait pu donner un tel raccourci d'une civilisation aussi somptueuse que la bizantine avec une telle précision historique et une telle délicatesse d'art. 11 y a des miracles qu'on ne refait pas. Edmond Epardaud.