Cinéa (1922)

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cinéa JEAN EPSTEIN Réalisateur du Film Pasteur HARMONIE VISUELLE Comme .Marcel I. 'Herbier, Louis Delluc, Baroncelli, Frantz Toussaint, sos aines. Jean Epstein est venu de la littérature au cinéma. Il complète cette nouvelle génération de metteurs en scène qui ont appris leur métier en dehors du théâtre, dans la méditation philosophique ou poétique et dans la culture des idées générales. « La lvrosophie » et « la Poésie d'aujourd'hui » avaient révélé chez Epstein des dons critiques très aigus et une originalité de pensée très par JEAN EPSTEIN ticulière .. Son ouvrage «Cinéma» le montra curieux de toutes les questions dont se préoccupe le jeune Septième Art. C'en était fait de sa destinée. Il s'initia longuement, patiemment à toutes les difficultés du métier avec Louis Delluc dont il fut un des collaborateurs les plus assidus... Le centenaire de Pasteur point à l'horizon. Jean Benoîl-Lévy assume avec l'appui des pouvoirs publics la lourde responsabilité d'une glorification cinégraphique de notre plus grand savant et confie à Epstein la réalisation technique du film d'après un scénario d'Edmond Epardaud. Tous ceux qui ont suivi le travail d'Epatein s'accordent à déclarer que le film du centenaire de Pasteur ne pouvait être remis à des mains plus adroites et plus pieuses. Nous en jugerons tout prochainement. La magie de l'ombre et de la lumière est toute puissante au cinéma. Elle stylise une fleur, un décor, un paysage — joue sans cesse sur les choses bêtes et les gens et nous émerveille toujours. Quelques réalisateurs sont passés maîtres en l'art de manier la gamme des éclairages qui se traduisent à l'écran en larges touches de blanc et de noir, en images d'une harmonie visuelle riche en détails de toutes sortes. Mais bien peu de cinéastes — metteurs en scène ou interprètes — ont employé les moyens d'expressions extraordinaires que comportent une robe, un costume, une coiffure et un maquillage. Beaucoup trop d'artistes — je veux parler surtout des Italiennes et des Françaises — se maquillent un peu au hasard. Elles ne songent pas à toute l'atmosphère qui se dégage d'un ensemble harmonieux — et telle actrice qui interprétera un rôle déjeune fille sera toute en tulle, en frous-frou.s et en boucles blondes, tandis — que telle autre en femme fatale arborera des panaches impressionnants et des toilettes d'un luxe brutal. Les responsables de cette fausse psychologie sont, évidemment, les metteurs en scène. En France, pourrais-je dire, Delluc et L'Herbier sont peut-être les seuls à avoir compris. Souvenez-vous des costumes originaux aux dessins nets et larges d'Eve Francis et des robes de Marcelle Pradot, d'un style si discret. L'Amérique possède de grands novateurs et des chercheurs. Griffith sacrifia parfois la ligne à la psychologie — en cela d'ailleurs, il eut raison. Tourneur excelle à animer ses héroïnes d'une grâce sauvage — Georges Fitzmaurice et Cecil B. de Mille aiment revêtir leurs interprètes de parures chatoyantes. Parmi les « stars » Mary Pickford apporte toujours un soin particulier au réalisme de ses petits personnages. Et si parfois ses lourdes boucles sont trop savamment tournées, nous n'en savourons que mieux le* bas troués, les jupes de coton et les cheveux plats des misérables orphcj lines qu'elle incarne avec tant de personnalité. La belle Norma Talmadge d'une élégance à la fois sobre et osée, séduit par l'éclat particulier de drapés aux étoffes lamées ou peintes. Maë Murray est délicieuse avec ses coiffures étonnantes et lenchantement de ses amusants costumes. Mais Nazimova est, en vérité, celle qui apporte le plus d'art, le plus de pensée, le plus d'audace, dans les compositions toujours si admirablem réussies de ses diverses silhouettes. Les reconstitutions historiques ou légendaires donnèrent l'occasion à de nombreux cinéastes de produire dans un faste rutilant des apparats d'une haute fantaisie — et de dévêtir si joliment les corps hardiment plas tiques d'une Seena Owen.d'uneThéda Bara ou d'une Betty Blythe. En cela, cependant, je préfère la manière des Suédois, moins brillante peut-être mais d'un charme plus prenant : la grâce légère et mélancolique de Mary Johnson, les mouvements de chatte de ToraTeje.les plis sévères et moyen-âgeux de quelques robes de Jenny Hasselqvist. Les Français ont le tort de croire que de s'habiller chez un grand couturier suffit à parachever la beauté d'un film. Ils devraient songer plus souvent à faire composer spécialement pour leurs bandes des costumes en harmonie avec le décor, le caractère et la situation d'un personnage. « L'Harmonie », au cinéma, tout est là. Et pourrais-je citer exemple plus convaincant que celui decette Femme de Nulle Part aux cheveux gris, au vêtement ample et noir, dont la silhouette sombre et douloureuse erre dans la demeure du souvenir. Marianne Ai.by.