Cinéa (1922)

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16 cinéa humains. E1 je le dis, ceci encore est un éloge. Mlle Ventura a du pathétique et une beauté douloureuse. M. Fresnay est un petit coq brillant. Mlle Berthe r>.)\ % a beaucoup de talent. • La merveilleuse journée que B'est offerte Gustave Quinson ! Cela devait arriver... Quinson pré tond ne songer qu'à satisfaire le public, à gagner de l'argent, etc., ete... Et puis après? .Maintenant il a le public, il a l'argent, il a tout. Il s'aperçoit donc que ces trophées ne valent rien et que la seule chose précieuse dans la vie, est de s'amuser. De complicité avec Yves Mirande, il s'est amusé à conter une aventure charmante et humoristique qui échappe tant qu'elle peut aux lois cruelles du théâtre et qui muse, va, vient, s'égare, se reprend, scintille, pirouette, avec une fantaisie dont je ne suis pas encore revenu. Songez que même le titre n'est pas commercial! Ah! si cela n'avait pas réussi, quel désastre! Quinson revenait automatiquement à Phi-Phi et aux vaudevilles où l'on se déshabille dans tous les lits plus ou moins bien fréquentés. .Mais le public a marché. Quinson continuera à s'amuser. Enfin! Ermete Zacconi est regardé comme un monstre. On s'accorde, en France, à considérer que ses interprétations sont insensées, fantasmagoriques, hors de la vie, mats que, sans doute, en possession d'une sorte de génie, il faut l'admirer — sans l'imiter. A côté de cela, il est beaucoup de comédiens qui s'essaient devant leur glace à des contorsions excessives ou à d'étranges grimaces, se répétant : « J'en fais autant que ce Zacconi. » Et peut-être pensentils : « Seulement chez moi, c'est plus vrai... » Je ne crois pas qu'il y ait plus île dix ou douze spectateurs parisiens capables devoir en Zacconi autre chose qu'un phénomène, un espèce d'acteur fou qui joue n'importe quel rôle, c'est-à-dire qui joue surtout le rôle de Zacconi. J'avoue que la pantomime de Zacconi n'est pas ce qui me frappe. Elle est admirable, parce que d'une technique implacable et raffinée, et ceux qui font vu dans un même rôle à dix ou vingt ans d'intervalle ont été stupéfaits des progrés accomplis par cet apprenti de 60 ans. L'observation dans le métier, l'amplification du détail ou du geste à isoler, la proportion des valeurs vocales et plastiques, tout cela est de la haute science théâtrale. Zacconi est un acteur. Il n'existe plus guère de ces acteurs. Je pense que Paulin Ménier, Taillade, Humaine ou Frederick Lemaître étaient les derniers de ce grand style. Mou net-Sully et Paul Mounet nous en restituèrent le reflet et de Max retrouva, çà et là, ce foyer généreux. Notre production théâtrale, trop boulevardière ou d'une psychologie littéraire trop émiettée, n'appelle plus ces talents et ne les autorise même pas II faut que Zacconi, vagabond mondial, — joue tout — de Shakespeare à Ibsen et à Sacha Guitry — pour avoir pu développer tous les timbres de son instrument. Il est l'acteur. A la technique, s'ajoute l'âme. Après avoir établi avec une minutie déconcertante chaque seconde extérieure de son personnage, Zacconi impose à sa nature d'épouser celle du rôle. D'où cette incroyable impression de vérité, d'humanité, d'amour. D'où ce génie. Quand la pièce est jouée il me faudrait faire un gros effort pour me rappeler la science de l'acteur. Il me faudrait faire un bien plus gros effort pour ne pas me rappeler son front et ses yeux, ou plutôt son âme. Il me poursuit. Il me harcèle. Je voyais l'autre jour son Lorenzaecio, adaptation ennuyeuse de ce drame de .Musset, qui passe — on n'a jamais su pourquoi — pour un chef-d'œuvre. Tout un acte la personnalité physique de Zacconi disparut. Pendant le monologue, il me semblait que j'er rais avec lui dans le trouble de ses réflexions et de ses angoisses Son lïamlet est encore plus intense, encore plus intime. Et que dire d'Othello? Voyez aussi Macbeth et Le Roi Lear, et tous ces princes shakespeariens dont il campe l'héroïque excès mais qu'il fait aussi près de vous que vous-même. La Ville morte, Les Malhonnêtes Gens, La Mort civile, Le Pain d'autrùi, Le Cardinal Lambertini, Les Revenants sont de profondes réalisations et figurent au programme des Champs-Elysées. Zacconi possède huit cents rôles environ qu'il peut jouer du jour au lendemain avec la même vie et la même noblesse, dues au recueillement d'un acteur qui est 1/22 homme, réellement. • L'Alhambra présente enfin des programmes dignes de ses fastes d'avant-guerre. De beaux numéros d'acrobatie, des jongleurs intelligents — dont le très remarquable Gaston Palmer — d'excellents humpsti Cumpsti vont peutêtre donner à ces foules décevantes le goût de la tenue, d'une certaine sécheresse de ligne, d'un ton peutêtre distingué, au moins correct et net. Il en est grand temps. • Le Cirque de Paris comble et animé est un des plus beaux spectacles qui soit. Paris qui possède tant de vieux théâtres, de music-halls désuets, de cirques pour provinces tristes, a là un vrai cirque. Et ce cirque gagne le succès par un soin inespéré à distraire le spectateur. Des animaux — il y eut des ours ravissants, des chevaux exquis, et nous espérons des éléphants, joie eane mélange — des clowns amusants et variés, des numéros de trapèze — parmi les derniers, un très brillant trio de voltige aérienne a fait revenir plus d'un — ce menu important, abondant, bien équilibré, et si bien adapté au cadre qui le présente, enchante le peuple et l'assainit. La Cigale donne une idée agréable où il y a plus d'idées de scènes à faire que de scènes réellement faites. Mais ces idées sont charmantes et nous les réalisons nous-mêmes, séduits par une spirituelle ^adaptation musicale et la bonne humeur d'interprètes aussi alertes que Vilbert, Piérade, Jane Elly, Yo Maurel, etc. Louis Delluc.