Cinéa (1922)

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20 cinéa <# 4 TRIPLEPATTE 4 4\ Triple patte dont noua avons an Doncé le succès à la préaen talion, va paraître en public. La verve comique des cinéastes français est si pauvre, si dénuée de tout, qu'une œuvre de ce genre nous paraît un événement d'importance. Avez-vous remarqué comme le pays de Rabelais, de Bonaventure dos Périers, de Molière, de Regnard, celui de Georges Feydeau, de Courtelinc.et de Tristan Bernard est inférieur dans le film comique? OÙ sont nos Chariot, nos ClydeCook, nos Marold Llyod ? Peut-être avons-nous manqué surtout du grand acteur génial. Peutêtre aussi avons-nous eu tort de transplanter au cinéma les roueries de noire vieux vaudeville qui sent vraiment trop les planches, au lieu do créer, comme les Américains, un comique cinégraphique spécial. Triple patte répond a une partie Ac ces critiques et nous réhabilite. L'œuvre, encore qu'elle ait été trop poussée dans un sens vaudevillesque qu'elle n'avait pas au théâtre, s'apparente à la grande comédie de caractère. KUe met en scène au moins un type éternel, celui de l'hésitant par difficulté de choisir et de se décider, et rejoint ainsi M. Jourdain, Alceste, Harpagon, le Joueur et les inoubliables bonshommes de la comédie humaine balzacienne. Et puis le Triplepatte cinégraphique révèle un vrai acteur de l'écran comique : Henri Debain. Visiblement Henri Debain a étudié Chariot dont il s'efforce d'avoir la simplicité et ce quelque chose d'infiniment subtil qu'un merveilleux poète, Jules Supervielle, appelait « l'humour triste ». 11 B aussi étudié Max I.iiuler qui mérite actuellement quelque méditation et il s'inspire parfois très rarement — de Prince, ce dont il se dégagera tout à lait, je l'espère. De ce mélange composite d'humour triste yankee et de clowneries françaises un peu grimacières, Henri Debain a réalisé un type comique savoureux, tout en nuance et en lines.se, et qui ne cesse jamais d'être original. Celui qui fut le lamentable plongeur du Petit Café i ampe ici un personnage essentiel, symbolique dont les moindres gestes, l'attitude et les plus légers mouvements de physiono mie attestent la lâcheté fonctionnelle. Henri Debain dans Triplepatte, c'est le doute fait homme, l'impossibilité d'agir personnifiée. Il est extrêmement sympathique, d'ailleurs, et accuse le côté séduisant du héros de Tristan Bernard... Triplepatte vu de de cette façon, c'est toute la poésie du farniente, de l'ignorance et du mépris de l'heure, de l'éloignement supérieur de toutes convenances et de toutes conventions mondaines, sociale», professionnelles, c'est le charme du libre arbitre absolu et de la fantaisie passagère... les autres rôles de Triplepatte sont tenus avec un pittoresque savant et débordant où l'on voudrait parfois plus de mesure. Mais que Palau est un Boucherot cauteleux, mielleux et fielleux T Si Debain est l'hésitation personnifiée, Palau est l'usure élevée au symbole. Qu'attend-on pour demander à ce parfait acteur comique des créations cinégraphiques essentielles ? La vulgarité voulue de l'élément féminin est parfaite : Mmes Jeanne Lour}' et Ahnar sont d'étourdissantes cuisinières enrichies selon la toute dernière mode. Leurs extravagances porteront sur le gros public, cependant que la délicieuse Edith Jehanne (Yvonne Herbelier) charmera par sa grâce d'innocence. L'adroite et alerte mise en scène de Raymond-Tristan Bernard achève le sortilège du rire... Car on rit beaucoup à Triplepatte et le rire est encore la meilleure mesure du succès. Il y a tant de films, dits comiques, qui donnent une envie de pleurer I ^A^Y) IcXcavvvvC. <sL*v5 ILcrVwtt ]LjUlli£JV