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cinéa
Ce fut une émotion conHidérable, une des plu» fortes et des plus belles émotions des vingt années de création cinégraphique, quand Le Gosse nous apparut. Nous n'oublions pas cette présentation du chef-d'œuvre de Chariot à laquelle une jeune Société française, « Triomphe », nous convia, le 8 septembre 1921, au Ciné Max Linder. Malgré tout ce que nous en attendions, la surprise et la satisfaction furent à leur comble. Et Le Gosse connut, de ce jour, le plus formidable succès qu'on ait jamais réservé à un film et peut-être à une œuvre humaine.
Chariot s'élevait à cette sorte de philosophie de la résignation où inclinent les âmes malheureuses et victimes des forces sociales dressées contre elles. Le pauvre hère de tant de films drôles s'émouvait un jour à la vue d'un enfant abandonné qu'il recueillait, lui, le misérable, et qu'il élevait a son image. Sur ce point de départ qui ressort plus de la tragédie que de la
THE KID
LE GOSSE
CHARLIE CHAPLIN et JACKIE COOGAN
comédie, on sait quel drame construisit la fantaisie de Chariot. ^ Sa tendresse pour l'enfant, ses ruses pour le préserver contre le formalisme de l'administration, ses ingéniosités de père adoptif responsable devant quelque chose de supérieur à la loi humaine, tout était noté avec une finesse, un sens de l'humourdont on chercherait vainement l'équivalent autre part.
Le Gosse nous révéla, en'même temps que cette forme quintessenciée de l'art de Chariot, un très jeune acteur, Jackie Coogan, qui fit merveille et devint du coup une grande étoile du ciel cinégraphique. Peut-être manquat-il, par la suite, de direction et tomba-t-il dans le cabotinage vulgaire des enfants prodiges... 11 lui manqua Chariot, son père adoptif à l'écran, son conseil et sa conscience...
Le Gosse, film éternel, nous console de la vie... Beaucoup diraient qu'il nous réconcilie aussi avec le cinémaT