Cinéa (1922)

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11 cinéa Le Film Français à l'Étranger FIÈVRE ", à GENÈVE Louis Delluc est fort connu et apprécié à Genève. Il y a quelques années, le public genevois applaudissait au Théâtre Pitoeff Ma Femme danseuse, pièce qui valut à Eve Francis connue à Delluc un succès îles plus mérités. L'on avait lu aussi quelques-unes des œuvres de cet auteur et si l'on appréciait ses romans, l'on peut affirmer que «en ouvrages sur le cinéma tirent sensation. C'était, en somme, la première fois que le public pénétrait dans cette jungle du cinéma, faisait si complète connaissance avec Chariot et apprenait à juger si clairement Cinéma et Lie. De temps à autre, des critiques — et l'auteur de ces lignes réclama comme les autres — se demandaient, dans leurs organes respectifs : « Mais quand donc verra-t-on un film de Delluc?» Comme pour toute chose de valeur l'attente fut longue. Mais tout arrive et, un beau jour de juin, les chroniqueurs genevois étaient conviés quasi mystérieusement à une représentation privée de Fièvre. Ce fut un cri d'admiration! mieux, une révélation tellement surprenante que nos braves confrères qui, pourtant, sont professionnellement obligés de contempler, tout comme vous, ô chroniqueurs parisiens, quelques milliers de films par an n'hésitèrent pas à déclarer que cette œuvre était, sans contredit, une des plus importantes de la production mondiale, au double point de vue de la conception et de la réalisation. Puis les semaines passèrent encore et déjà l'on se lamentait lorsque Fièvre fut annoncé puisprogramméet projeté. L'on était curieux de savoir l'accueil que le public réserverait à une œuvre si audacieuse dans sa conception et d'une donnée si nouvelle. Eh bien, ce fut un triomphe, un triomphe dans le sens complet du mot. et pendant une semaine il y eut la cohue au Hiograph, l'heureux établissement qui avait pu s'assurer cette bande. Ce que peu d'exploitants français avaient osé faire, M. Louvac, l'actif directeur de cette salle, l'avait tenté et.... le succès le plus complet vint le récompenser. Le public, enthousiasmé par le jeu d'Eve Francis et de ses deux camarades, Van Daële et Modot, était chaque soir littéralement émerveillé, et certains spectateurs, étonnés et ravis, sont venus revoir l'œuvre trois ou quatre fois. «Qu'est-ce que Fièvre? — C'est un film. C'est-à-dire que c'est, je crois bien, le film le plus film que j'aie jamais eu l'incomparable joie de contempler. » Qu'écrire encore après cela, sinon que pour la première fois le public a enfin pu apprécier un film français d'un genre nouveau, mille et mille fois supérieur à toutes les œuvres EVE FRANCIS et ELENA SAGRARY dans Fièvn Inutile de dire que les chroniqueurs de La Tribune et de La Suisse, les deux plus importants journaux de la Suisse française, et toute la presse genevoise ont fait à Fièvre l'accueil que cette œuvre méritait. Voici enquels termes M. Jean Choux commente ce film dans La Suisse : « Quand on y verra un peu clair, on s'apercevra que Fièvre avait, en cinégraphie, l'importance que Les Fleurs du Mal ont eue en littérature.» M. Bernard, dans La Tribune, ne se montre pas moins enthousiaste, comme on peut en juger : contemporaines. Nous sommesdoublement heureux de le constater ici. dans cette ville où, sous prétexte de propagande française, l'on nous a trop servi, pendant des années, les pires insanités ou les plus vieux rossignols du répertoire cinégraphique. Nous souhaitons que ce succès 8i vif, hors de France, engage Delluc à persévérer dans cette voie et nous l'assurons ici, au nom de tous.de notre plus vive admiration. Un Genevois au nom de plusieurs. F. Marcigny.