Cinéa (1923)

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cinéa Les Présentations de la Quinzaine LA ROUE La présentation de La Roue marquera une date importante dans les annales cinématographiques. Non que le film d'Abel Gance soit sans défaut. 11 n'y a pas de film sans défaut. Mais il nous apporte une conception toute neuve de l'action cinégraphique et sa technique peut constituer un résumé de la science photographique moderne. C'est à ce double titre que La Roue s'impose à notre admiration. D'abord l'action. Je n'en discute ni le thème général peut être invraisemblable, prétentieux et naïf, ni les développements dont certains nous apparurent d'une littérature un peu primaire. Mais les intentions de Gance sont très nettement et très volontairement exprimées et il a pleinement réussi ce qu'il a voulu. Or, qu'a-t-il voulu ? Dégager une poésie de cette puissance moderne, le rail, et de tous les accessoires qui lui assurent une véritable hégémonie économique, la roue, la locomotive, le disque, prolongement ingénieux du bras humain, le pont, le tunnel, etc. Pour arriver à ses fins Abel Gance a, de propos délibéré, fait table rase de toutes les anciennes conventions, ruiné les préjugés techniques et com merciaux qui imposaient aux artisans du film des régies implacables pour le métrage, le découpage, le montage. Gance — c'est sa dignité et sa force — ne se préoccupe que de son œuvre. Voulant dégager cette poésie de matières aussi lourdes et aussi rébarbatives, il entend fouiller comme avec un scalpel les êtres et les choses, mettre à nu les âmes, scruter les visages au plus profond des yeux et des muscles. Il n'y a plus là aucune corrélation de métrage ou de temps visuel Gance a besoin de cinquante mètres pour dérouler sous la lumière favorable un émouvant parallélisme de voie ferrée : il les prend. Il a besoin de vingt mètres pour surprendre, analyser et fixer une expression de douleur ou de joie sur un visage torturé ou extasié : il les prend. De même Gance juge qu'aucun détail n est inutile pour accentuer l'impression ressentie par le spectateur : une bielle qui s'efforce, un halètement de machine extériorisé par le jet de vapeur, un panache de fumée, l'effort des roues sur le rail tout doit servir, tout est noté, visualisé, symbolisé. De même pour les choses de la vie ordinaire, pourcelles du moins qui peuvent expliquer les âmes. A la conception du cinéma « art de mouvement » qui a prévalu jusqu'ici, Abel Gance s'efïorce de substituer la conception du cinéma « art d expression ». Sa protestation contre l'abus du dynanisme cinégraphique est justifiée et opportune. 11 fut un temps peu lointain où les fabricants de films, je ne dis pas les artisans, exigeaient un changement de scène tous les cinq ou six mètres, des premiers plans en cinquante centimètres. De l'action, toujours de l'action I clamaient-ils. Et voilà comment le cinéma devenait hystérique. Sa merveilleuse puissance d'analyse et d'expression était