Cinéa (1923)

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cmea C inea visite le plus grand Cinéma du Monde (De iioli,: correspondant spécial àNnw York) J'ai eu hier le plaisir d'être reçue par M. Vincent Mac Fal, le directeur de l'Hippodrome de Buffalo qui m'a très aimablement fait ouvrir toute» les portes du théâtre quand je lui ai dit mon intention d'écrire quelque* lignes pour les lecteurs de Cinêa. 11 est un fait indiscutable que le cinéma aux Etats Unis est l'Art par excellence, plus suivi que concerts ou théâtres qui sont en minorité, et pour le perfectionnement duquel des sommes formidables sont dépensées. Notre première visite a été pour la salle de projections où M. Jack Sawyer, qui est probablement le meilleur mécanicien d'Amérique dans cette spécialité, nous a donné une démonstration de ses machines. Une séance était commencée, ce qui aurait rendu les explications difficiles si l'Hippodrome n'avait un double jeu de projecteurs. Ces projecteurs sont du dernier modèle, modèle qui n'est en vente aux Etats-Unis que depuis deux mois et qui a pris naissance aux armées pendant la guerre. La Compagnie Américaine qui fabriquait ses projecteurs décida de les adapter au cinéma et leur avantage sur l'ancien modèle est que le contact des deux pointes de carbone dans la lampe, au lieu d'être établi à la main, est obtenu automatiquement et que la puissance des lampes en est augmentée d'environ 50 0/0, ce qui donne une projection très lumineuse et parfaitement claire. Chaque projecteur contient un rouleau de 2.000 pieds, environ 650 mètres de film. Quand le film est trop long pour un seul appareil, le second est mis en service et, aussitôt que la première partie du film est presque déroulée, un levier muni d'un disque vient boucher l'orifice de projection de la première machine et met à découvert celui de la seconde. Un petit morceau de papier est collé sur la première partie du film et annonce au mécanicien que le rouleau touche à «a fin. Généralement un trou est percé dans le film, mais est visible aux spectateurs, tandis que le papier collé, qui semble être une invention de Jack Sawyer, ne se voit nullement de la salle. Je connaissai les LES PORTRAITS DE "CINÊA GEORGES WALSH point exact où le changement de machine devait prendre place et le surveillai attentivement sur l'écran, mais il m'a été impossible devoir ou même de deviner la moindre interruption ou un blanc dans la projection du film. Quand l'Hippodrome achète un film, le directeur, le chef d'orchestre, M. Henry Wallace, et le mécanicien le présentent dans une pièce du soussol. Le directeur coupe les passages qui ne conviendraient pas au public. Le mécanicien s'assure que le film est sans défauts, sans blancs, sans coupures et fait lui même les réparations nécessaires. Il déroule le film à une vitesse réglée par le chef d'orchestre dont le gros travail com mence. 11 s'agit pour lui de trouver la vitesse idéale indiquée par une sorte de chronomètre placé sous ses yeux, identique à celui qu'a le mécanicien. En ce moment, on installe à l'Hippodrome un grand orgue de plus de 400 tuyaux, quelques-uns d'une hauteur moyenne de 32 pieds, environ 10 mètres. H sera prêt dans les premiers jours de novembre et coûte déjà, pris à l'usine, la jolie somme de 60.000, environ 220.000 francs! Cet orgue ne remplacera pas l'orchestre mais sera une attraction de plus pour le public qui aime tout ce qui est nouveau et se laisse tenter facilement si la nouveauté se fait une réclame suffisante.