Cinéa (1923)

cinéa 15 RAQUÉE qui ne peut rien dire puisque Marielle se tait. Mais Aubertel devine que tout le monde ment et, fort de la promesse faite par Marielle, il feint de se débaucher et de faire cause commune avec les braconniers. Ce plan réussit ; Firmin qu'il ne quitte plus, en fait son confident et, un soir que le braconnier n'a plus sa raison, il le mène sur le lieu du crime et l'effroyable aveu éclate. C'est Firmin qui a tué Thibaut après une lutte terrible. Aubertel court chez Thibaut, par une nuit d'orage et de pluie torrentielle, et raconte tout au comte et à la femme du garde. Marielle a tout entendu. Folle de désespoir, de colère et de dégoût, elle court chez Firmin qui, pareil à la bête aux abois, fait tête, et pris d'un désir de brute veut abuser d'elle. Mais il tombe et se blesse mortellement sur les débris de son litre brisé. Le comte et Aubertel qui surviennent trouvent Marielle, presque privée de raison, hébétée devant le cadavre du misérable qu'elle aimait. Mais le temps, qui efface tout, guérit les plus profondes blessures. Elle épousera un jour Aubertel. Ce beau drame de mœurs paysannes est relevé par quelques scènes de la plus aristocratique élégance. M. Le Somptier a été assez heureux de tourner une grande chasse à courre organisée par Mme la duchesse d'Uzès. Ce n'est pas un des moindres attraits de son œuvre. La Bête Traquée est supérieurementinterprétée par Mme France Dhélia, la jolie princesse de La Sultane de l'Amour, par M. Van Daële.qui est sans doute notre plus profond et plus intuitif interprète de l'écran français et dont nous regrettons les trop longues abstentions, MM. Henri Duval, Michel Carré, Paul Amiot et Carjol. Il serait injuste d'oublier dans le succès de La Bête Traquée M. Amédée Morin, opérateur dont la photo touche à l'art et qui a réussi en particulier dans ce film des effets de lumière impressionnants. Mile FRANCE DHELIA et M. VAN DAËLE.