Cinéa (1923)

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cinea 19 raire. Sous nos yeux, à la suite du dominateur et insolent Bourron, nous pénétrons dans le mystérieux empire du maghzen que pénètre d'ailleurs chaque jour davantage notre civilisation. Le Maroc des ports et des villes, celui des jardins d'ombre et du désert de feu surgit dans son émouvante et décorative intégrité et c'est un véritable voyage, délicieux et utile que nous entreprenons. Il faut féliciter le metteur en scène d'avoir su choisir avec tant d'ingéniosité et de goût les sites, paysages ou monuments. Cela donne au film un caractère d'art infiniment précieux. Mais ce sont surtout les intérieurs qui, dans Les Hommes Nouveaux, retiennent notre attention. Très habilement reconstitués selon les plus sûres traditions mauresques, les décors du film sont de véritables chefs-d'œuvre de science décorative dont nous devons louer sans réserve M. Violet. Les meubles, les tentures, les tapis, sans parler de l'architecture des pièces, exhalent un parfum de la plus pure authenticité. Et toujours M. Violet évite de tomber dans le bric-à-brac des reconstitutions hâtives ou maladroites. Il y a là un effort de synthétisation et de stylisation qui est très louable et qu'on ne saurait trop apprécier. MM. Violet et Donatien, producteurs du film, ont réuni une interprétation remarquable. M. Donatien qui est, on le sait, aussi parfait artiste dramatique qu'ingénieux décorateur, s'est chargé lui-même du rôle de Bourron. Rôle écrasant dont M. Donatien a rendu toute la farouche brutalité. Dans plusieurs grandes scènes l'artiste s'est élevé au plus haut tragique de la violence et du morne désespoir. Ses accès de rage contre 8a femme dont il apprend la trahison ancienne et contre sa fille qui veut épouser le jeune homme pauvre parce qu'elle aime, sont extériorisés avec une puissance qui donne au drame toute sa plénitude et parfois même semble le dominer. Bourron, c'est le plus beau rôle de Donatien acteur C'est aussi son rôle le plus réussi. M. Georges Melchior, le Saint-Avit de L'.4(/an//ie, a campé un capitaine de Chassagnes singulièrement véridique. Nous ne sommes plus au temps où un acteur était nécessairement ridicule sous un uniforme d'officier. M. Georges Melchior a une fière et mâle autorité dans un rôle tout de droiture et de noblesse. Les deux rôles féminins sont supérieurement tenus, celui de Mme Bour ron par Mlle Ferrare, digne dans l'amour et dans la douleur, et si belle dans le pathétique du drame accablant; celui de Laure Bourron par Mlle Lucienne Legrand, délicieuse de grave et tendre ingénuité. Ces quelques notes sur Les Hommes Nouveaux seraient incomplètes si nous ne mentionnions l'excellence de la photo toujours lumineuse, précise et artiste sans affectation. Les intérieurs ne sont pas moins bien traités que les paysages. Et c'est un mérite qui donne un prix nouveau à cette belle production française. Au début de cette année 1923, Les Hommes Nouveaux s'imposent comme un det. films qui peuvent le mieux soutenir la comparaison avec la meilleure production étrangère. Et il faut espérer que le succès qui accueillit le film chez nous sera confirmé — une fois n'est pas coutume — par l'Angleterre et l'Amérique où l'œuvre de Claude Farrére, excellemment traduite, compte de nombreux admirateurs.