Cinéa (1923)

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22 cinea L'INSAISISSABLE HOLLWARD Les mauvais films d'aventures ont déconsidéré ce genre, qui est peutêtre la formule la plus attachante et la plus rationnelle de l'art cinégraphique. Il est vrai qu'il suffit d'un bon film pour le réhabiliter. Nous avons eu l'autre jour à l'Artistic, l'agréable surprise d'un film délicieux qui, pendant plus d'une heure, nous a tenu en haleine. Je veux parler de l'Insaisissable Hollward, présenté par Rosenvaig Univers-Location, et où le fameux acrobate italien Lucien Albertini réalise de stupéfiantes prouesses. Aimez-vous l'acrobatie? Ce film en est saturé et les « clous » y abondent. Mais il y a « clous » et « clous ». Jusqu'à présent, à part trois ou quatre films, les acrobates cinématographiques se bornaient à des redites fastidieuses ramenant les mêmes tours et les mêmes effets. La première fois, cela nous avait amusé, puis ce fut l'ennui du déjà vu précédant l'exaspération de l'archi-connu. L'Insaisissable Hollwardnous apparut avec la fraîcheur de la nouveauté, et c'est une impression qu'on n'a plus tous les jours au cinéma T D'abord le sujet. Car voici un film d'aventures qui comporte un sujet! C'est déjà belle merveille! Je ne vous le conterai pas en détail. Sachez cependant qu'un « truster » de journaux, Swanson, est sur le point de se fiancer avec Miss Liliane Lind, fille d'un grand industriel. La cérémonie des fiançailles doit avoir lieu dans la ville proche de Johanne&bourg, et Swanson se prépare à prendre le train... Mais on annonce le retour sensationnel d'un explorateur Hollward qu'on croyait mort depuis deux ans. Or, ce Hollward prétend, lui aussi, à la main de Liliane, dont il fut effectivement aimé et qui ignore encore son retour. Hollward défie Swanson d'arriver avant lui à Johannesbourg... Et voici la série des aventures qui commence. Swanson .avait chargé — avant le défi — un reporter, journaliste d'occasion et homme à tout faire, d'interviewer l'explorateur. Ce collaborateur peu scrupuleux devient par la suite le complice de Swanson dans sa poursuite burlesque à la fiancée. Naturellement, Hollward arrive bon premier à Johannesbourg. (A l'aide d'une puissante auto il a dépassé le train). Il se présente tout à fait inopinément à Liliane qui l'accueille à bras ouverts. La réception du papa est beaucoup plus fraîche, car le roi des journaux possède sur le compte de l'industriel un dossier fort compromettant qu'il publiera si ce dernier ne lui accorde la main de sa fille. On comprend que le sympathique Hollward triomphera de tous les obstacles accumulés 8ur sa route. Swanson ira en prison pour imprudence criminelle et lui Hollward épousera la charmante Liliane. Mais avant cette heureuse conclusion que d'avatars, que de chutes, que de rétablissements dangereux , que de pirouettes imprévues et folles! Lucien Albertini, le plus doué d'une nombreuse famille d'acrobates, est allé, dans ce film, à l'extrême limite des possibilités humaines. Ses sauts dans le vide, dont chacun aurait pu être mortel, laissent loin derrière eux les fameux bonds de Douglas Fairbanks. Cet homme ignore le vertige et on est pris d'effroi à le voir s'élancer d'une maison haute, d'un tablier d'écluse relevé, d'une benne de grue à vapeur. Aucun de ses sauts dans l'espace n'est banal et certains tiennent du prodige. Toute la série de bonds qu'il exécute d'une maison à une autre et d'étage en étage jusqu'au sol a soulevé les applaudissements du public. Mais le « clou des clous » de l'Insaisissable Hollward est ce que je pourrais appeler « la scène du mât ». Car il 8'agit là, vraiment, d'une scène où le talent de l'interprète se joint à la merveilleuse aptitude de l'acrobate. Imaginez Albertini accroché à l'extrémité d'un mât de sept à huit mètres surmontant une maison. Hollward poursuivi par ses adversaires n'a eu d'autres ressources que de grimper à cette immense hampe d'oriflamme. Mais bientôt sous son poids la hampe se brise. Et Hollward est précipité dans le jardin de la maison voisine, qui est précisément la demeure de sa fiancée. La 8cène est admirablement réglée et se prolonge durant plusieurs minutes angoissantes. A mesure que la cassure du bois s'accentue, notre émoi grandit, et quand la chute se produit c'est le frisson... Nous ne sommes pas d'ailleurs les seuls à nous émouvoir d'un pareil exploit. Le courageux Albertini manqua le payer de sa vie. Cette chute, excessivement violente, le laissa inerte sur le gravier du jardin. Pendant six heures il fut dans le coma et deux mois il resta à l'hôpital. Ce n'est qu'après 8a guérison que l'on reprit le film à l'endroit exact où... il l'avait abandonné. Lucien Albertini n'est pas seulement un téméraire acrobate. C'est encore un artiste dans toute l'acception du mot. Il est fin et élégant. Et ses tours les plus casse-cou sont réalisés avec le sourire. Quelques jolies subtilités les agrémentent.C'est le pardessus qu'Albertini-Hollward jette sans cesse devant lui, ou plus exactement dessous lui, au cours d'une poursuite vertigineuse. C'est encore le bouquet qu'il ne lâche pas dans toute la série de bonds extraordinaires qui se terminent par la chute du mât. Seulement à la fin le bouquet est réduit aux tiges! Est-il besoin d'ajouter que l'Insaisissable Hollward a plu beaucoup? Pensez donc! Un film d'aventures qui a un sujet, qui est farci de tours nouveaux et prodigieux, qui est joué enfin par l'as des acrobates! Le public serait difficile s'il ne s'y amusait pas... Et vive le film d'aventures! Edmond Epakd.uh.