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l’audacieux. Et, parmi les plus embaïlés des amis présents, était la jolie Américaine Jessie Snowdon, qui ne cacha pas à-Raoul son admiration.
Malgré la tempête de bravos qui s’adressaient à Raoul d’Estrées, Maurice Francœur ne désarmait pas. :
— Ainsi, vous maintenez ce que vous dites. Vous comptez faire le raid ParisNew-York-Paris ?
— Parfaitement.
— Vous en connaissez les dificultés ?
— Oui, et elles ne m’effraient pas.
— En combien de temps accomplirez-vous cet exploit?
— Si dans trois jours, à compter de mon départ, dit Raoul avec force, je ne suis pas présent ici, je vous autorise à boire sur mon compte, ici, jusqu’à mon retour.
— Bon, s’écria Francœur, gare à votre compte en banque !
Et le jour du départ arriva. À l'heure convenue, Raoul d’Estrées s’envola à bord de son oiseau amphibie : le Paris-New-York-Paris. Il avait tout préparé avec soin. Il était sûr de son moteur ; il avait la foi, et il emportait l'amour de Jessie Snowdon, en plus du fétiche le pingouin Alfred, don de la jolie Américaine, et, malgré tout cela, il n’alla pas loin. Une panne de moteur le contraignit à amérir à quelques kilomètres de la côte. Et voilà notre aviateur téméraire, navré et penaud, ballotté au gré des vagues et ne sachant quel parti prendre pour se tirer d’une situation pour le moins fâcheuse. Mais il avait compté sans Alfred, le fétiche de Jessie, et celui-ci lui porta bonheur ; le pingouin veillait sur le jeune homme, et il lui apporta 5 délivrance sous la forme d’un voilier, qui contenait une
jeune femme non moins charSe De
mante que l’Américaine et qui se nommait Jacqueline Francœur. Il y a pour les amoureux, Comme pour les ivrôgnes, de ces charmants hasards.
Raoul, on le comprend, abandonna volontiers son avion, puis le bateau, pour gagner la terre en compagnie de celle qui l'avait sauvé, et il n’était pas loin de bénir l’échec de sa jolie aventure. Aussi faisait-il tout le possible pour prolonger son tête-à-tête avec Jacqueline Francœur. Ils étaient en train de deviser gaiement, lorsque leur autc en croisa une autre dans laquelle se trouvait précisément Maurice Francœur, le mari de Jacqueline. Et, comme celui-ci ne badinaït point, Jacqueline, en reconnaissant son maître et seigneur, se hâta de rejoindre le foyer conjugal. Elle y fut, nous devons le reconnaître, assez mal accueillie, parce que Maurice Francœur était fort jaloux.
— Avec qui étais-tu tout à l’heure en automobile ?
— Mais avec personne.
— Pourquoi ajoutes-tu le mensonge à l’infidélité ?
— Moi, infidèle ?
— ‘Dame, il y paraît, reprit le mari.
— Je fais ce qui me plaît.
— Nous verrons cela.
— Et, pour te le prouver, je pars à l’instant pour le Midi.
— Pour le rejoindre, ricana Maurice.
— Imbécile, je vais chez ma tante.
JL la laissa partir, car un mari, même épris, ne doit pas heurter de front une femme butée. Mais à peine eut-elle disparu qu'il en eut du chagrin ; il se repentait de sa sévérité et, voulant obtenir son pardon, il sauta donc dans le train qui devait emmener sa femme vers le pays du soleil.
Jacqueline avait dit la vérité; elle était résolue à laisser se dissiper la colère de son mari, en restant bien sagement dans le Midi, près de sa parente, et elle était dans son wagon à arranger ses valises, lorsqu'elle retrouva
Ciné-Miroir
Raoul retrouva miss Snowdon avec joie.
Raoul, l'infortuné aviateur; celui-ci avait retrouvé les traces de la fugitive si charmante, à qui il devait tant, et il voulait continuer un entretien si doucement engagé. La surprise fut agréable à Jacqueline, d'autant plus que
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cette rencontre succédait à une scène assez désagréable, Leur bavardage reprit. de plus belle, et Dieu sait où celui-ci les aurait menés, si, tout d’un coup, n'avait surgi Maurice Francœur, un Maurice tout à fait abasourdi. Ce qui est compréhensible : de retrouver sa femme en tête à tête avec celui qu’il avait défié et qu’il pouvait croire, à bon droit, volant vers NewYork! On devine que cette fois la scène ne fut amusante pour personne ; Raoul d’Estrées reprit son coin, Maurice Francœur reprit sa femme, décidé à ne plus la quitter jusque dans le Midi.
Mais, dans le Midi, Jacqueline était libre, maîtresse de ses actions, puisqu’elle habitait chez sa tante, une bonne be de tante qui lui passait toutes ses
antaisies. Aussitôt qu’elle fut installée, elle n’eut qu’une idée: faire inviter Raoul, ce qui fut fait, et l’aviateur devint le familier de la maison. Maurice Francœur n’était ni content ni rassuré, mais il faisait comme s’il l'était, ce qui irritait beaucoup la vieille tante.
— Mon cher Maurice, vous n'êtes pas sans vous apercevoir, lui dit-elle un jour.
— Je me suis aperçu, répondit-il d’un ton vexé.
— Alors, que comptez-vous faire?
— Que voulez-vous que je fasse, madame?
— Il y a un moyen, dit-elle, de se débarrasser de Raoul d’Estrées.
— Lequel? fit le mari.
— Je sais, reprit la tante, qu’il y a une certaine miss Jessie Snowdon qui est éprise de ce garçon, qui a décidément toutes les chances. — C'est vrai.
— Eh bien ! je vais la faire venir. Voilà celle qui nous sauvera.
— Puissiez-vous dire vrai, ma tante!
— Laissez-moi faire.
Ft la tante fit comme elle avait dit. Elle manda la jolie Jessie, qu’elle invita dans sa villa, à l’occasion d'une grande fête, et la charmante Américaine, toujours amoureuse de son héros, seconda les plans de l'intelligente vieille femme. Peu à peu, les choses s’arrangèrent. Raoul, en revoyant miss Snowdon, s’aperçut qu’elle était bien jolie et qu’elle ferait une bien jolie femme; il se rapprocha d'elle. Se sentant un peu lâchée par son flirt, Jacqueline, qui n’avait cessé d’aimer son mari, le regarda avec la même tendresse qu’autrefois. Et tout finit par s'arranger; un jour, Raouldit à Jessie:
— C’est vrai, j'ai perdu mon pari, mais,
grâce à vous, je commence à m'en consoler.
— C'est que vous avez gagné un cœur, dit doucement Jessie. :
— Et cela vaut tous les paris du monde‘ s’écria Raoul en la prenant dans ses bras.
Elle prenait un malin plaisir à taquiner Raoul d'Estrées, qui était enchanté, d’ailleurs, de passer son lemps en compagnie d'une jeune femme aussi gaie et aussi agréable.