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Ciné-Miroir
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Comment fut réalisé le film sur Miss Cavell
sonnes artivaient, un matin, à Bruxelles et descendaient au Palace Hôtel.
Le chef de la petite troupe, sans perdre une minute, réclamait l'interprète attaché à l'hôtel et se faisait conduire chez un costumier spécialisé dans la location théâtrale, M. Orion-Durcy, sujet français établi dépuis de longues années à Bruxelles.
— Je me nomme Wilcox, dit-il, Je suis le metteur en scène d’un film historique sur miss Edith Cavell. Pouvez-vous me procurer 300 uniformes allemands pour ce soir et aussi 300 figurants pour mettre dans les uniformes ?
M. Orion-Durcy devenait ainsi le collaborateur du cinéaste anglais et promettait les costumes. Quant aux figurants, un autre Français établi à Bruxelles, M. Dallerv, jadis pensionuaire du théâtre de la Porte-SaintMartin, aujourd’hui organisateur de tournées, se faisait fort de les réunir.
— S'il fallait mille Belges pour ce soir même, dit-il, je les trouverais en évoquant Simplement le grand nom de miss Cavell.
On trouva les uniformes. On trouva des chômeurs et des choristes. M. Dallery se mit à leur tête. On alla dans un café, La Cour de Tilmont, où des salles servirent de vestiaires. On se débrouilla entre Français et Belges.
I1 pleuvait à torrents ce soir-B. En haut du faubourg de Schaerbeeck, à l’extrême limite de l'agglomération bruxelloise, rue Frantz-Merjay, on vit, vers 9 heures du soir, arriver une armée casquée et bottée.
— 1,es Boches.…. les Boches qui reviennent, crièrent, affolées, des femmes qui descendaient vers la ville.
C'était, en effet, un bataillon allemand qui prenait possession de la rue, Et, ce soirlà, sous la pluie qui tombait comme le soir tragique du 2 octobre 1915, on arrêta miss Edith Cavell une seconde fois,
Les témoins de la scène reconstituée frissonnaient ce soir encore en me racontant les détails de cette prise de vues sans joie, où La tous sentirent instinctivement qu’il fallait donner tout son cœur pour faire bien et grand, pour écrire sur l'écran de l’histoire. Le capitaine de l'armée anglaise, Reginald Berkeley, qui écrivit le scénario du film, était à côté de M. Wilcox, qui mettait en scène. On parlait peu. Les figurants ne comprenaient pas, d’ailleurs, et l'interprète traduisait tout juste ce qui était indispensable. Des Belges étaient B qui avaient vu miss Edith Cavell, jadis, dans ce quartier. Et, lorsque de la maison sortit, frileusement couverte de sa pèlerine bleue, Me Sybil Thorndyke, la tragédienne anglaise qui, dans le film, personnifie la grande nurse fusillée, il y eut un silence lourd.
Deux soirs, on recommença. Puis on s’en fut à la prison de Saint-Gilles, d’où, dans la nuit du rr octobre 1915, sortit miss Cavell pour aller vers le Tir National, où elle fut fusillée avant le jour et achevée d’un coup de grâce par un officier en uniforme, lieutenant dans l’armée allemande...
 U début de novembre 1927, une douzaine de pet
On alla également, deux nuits noires et froides, tourner à Malines, ie long du canal, dans une péniche qui, doucement, descendait en silence au fil de l’eau. On y voyait miss Edith Cavell conduisant, elle-même, les Français et les Anglais blessés qu’elle avait soignés attentivement et qu’elle sauvait d’une mort certaine en facilitant leur évasion vers la Hollande toute proche.
GS &
scène du Conseil de guerre dans le film sur Miss Cavell.
Toutes ces scènes étaient minutieusement réglées, préparées, étudiées d'avance par l’auteur, qui, à chaque instant, demandait aux témoins du drame réel :
— C’est bien cela, n'est-ce pas ? C’était bien ainsi ?
Pendant quinze jours, les mêmes figurants belges revinrent, dirigés par les mêmes artistes français, et collaborèrent avec les premiers plans anglais, qui, eux déjà, avaient tourné à Londres dans les studios.
Me Bodart, une héroïque compagne de miss Cavell, qui avait été condamnée à mort en même temps qu’elle, mais qui put s'échapper, a tenu à jouer son rôle dans le film.
Cette émouvante production était terminée depuis quelque temps, lorsque le gouvernement allemand protesta auprès du Foreign Office. Le résultat immédiat fut que le comité de censure cinématographique anglais
décida de ne pas autoriser, en Angleterre, la projection du film.
Cette interdiction du comité de censure a soulevé dans le public britannique de vives protestations. M. Herbert Vilcox, le metteur en scène, a déclaré :
« Je n’ai eu aucun rapport officiel avec l’ambassade d’Allemagne pendant la préparation du film, mais j'ai seulement reçu, à mon studio, la visite d’un représentant de l'ambassade, à qui j'ai montré un aperçu du scénario et qui n’a émis aucune objection. Il m'avait seulement demandé de supprimer le nom d’un certain diplomate allemand, ce que j'ai fait. Je suis donc très surpris de ce qui arrive. »
La grande tragédienne Svbil Thormdyke, qui a joué le rôle de miss Edith Cavell, proteste également : « C’est un film pacifiste, qu’on n’a pas le droit d'interdire ! »
T1 y eut récemment un débat à la Chambre des Communes, au cours duquel le ministre des Affaires étrangères anglais, sir Austen Chamberlain, fut amené à expliquer comment l'ambassadeur allemand était venu le voir au sujet du film de miss Cavell et comment il avait eu un entretien avec M. O. Connor, le président de la Commission de censure.
Au cours de cet entretien, après avoir pris connaissance du texte du film et plus particulièrement du passage relatif à l’exécution de la nurse anglaise, le ministre demanda à M. O. Connor d'apporter une attention toute particulière au caractère général du film et de l’examiner avec soin. Il ajouta qu’en s’opposant à la représentation du film sur l’exécution de miss Edith Cavell, il avait agi sous sa propre responsabilité et qu’il considérait que la scène de cette exécution était un outrage à la mémoire d’une noble femme.
De son côté, le ministre d'Allemagne à Bruxelles a entretenu le ministre des Affaires étrangères belge de la question du film sur miss Cavell et a exprimé la crainte que la projection de ce film ne surexcite les esprits.
M. Hymans, tout en déclarant que l’apaisement des esprits était souhaitable, a fait remarquer à M. von Keller que le gouvernement belge n’a aucun pouvoir d’interdire, pour des raisons politiques, la projection d’un film. Quant à lautorité communale, elle ne peut intervenir que si Vordre est troublé.
Un directeur de théâtre américain, M. Archie Selwin, est actuellement à Londres et a déclaré avoir acheté tous droits de reproduction pour l'Amérique du film de miss Cavell, qu’il considère, personnellement, comme un film excellent.
Avant de le laisser représenter dans un cinéma des Etats-Unis, il a intention d’inviter le président Coolidge à venir le voir à Washington et de le soumettre ensuite à la censure américaine.
Et le public anglais, belge et français attend avec beaucoup d’impatience ce qui sortira de tous ces débats,
GROZA WESKO
Deux vedettes de “ l’Oublié”
/ A nouvelle production Alex Nalpas, YOublié, que réalise Mme Germaine Dulac, d'après le roman de Pierre Benoit, s'an
nonce comme un film sensationnei.
Déjà le metteur en scène a tourné, au studio de Billancourt, une grande partie de ses intérieurs.
— J'ai conservé, dit-il, les principaux personnages du roman et tout son caractère d’aventure, mais en même temps j'en ai fait un film d'humour.
« Le héros de Pierre Benoit, Pindère, que joue Van Duren, est devenu dans mon film une victime du cinéma. C'est la hantise de toutes les gloires de l'écran qui le pousse à abandonner sa vie paisible et à courir le monde. II est alors transporté dans un pays mirifique, un royaume merveilleux, sur lequel règne une princesse de féerie, la princesse Mandane, qu’'interprète Edmonde Guy. » <
À côté de cette princesse de légende, il y a, dans YOublié, une pléiade de charmantes artistes, qui animent de leur grâce et de leur talent les principales scènes du film.
C’est, d'abord, Mona Goya, dont nous avons Dbublié la photographie dans notre dernier numéro; puis Groza Wesko, une blonde vaporeuse au sourire enchanteur, et Sylvie Mai, une débutante qui joue avec autorité un rôle d’esDiègle dactylo.
SYLVIE MAI
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