Cine Miroir (September 1933)

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RESTE PRE RE RER ALT “ane. pr e ” Dh cs Les projets de Marlène ARLÈNE DIETRICH, de retour d'Engadine, blonde, pâle, les lèvres sanglantes, les cils plus longs que jamais, venait de reposer le récepteur après avoir téléphoné en Amérique à son fameux directeur, Josef von Sternberg. — Je repars pour New-York, à la fin du mois, car Stlernberg me probose de tourner un film sur la Grande Catherine. Tous nos projets viennent d'être faits par téléphone et, naturellement, je n'ai pas lu le scénario, maïs le rôle de Catherine de Russie est un de ceux qui m'ont toujours tentée. A vrai dire, il semble que la figure de la: Grande Catherine, avec son tempérament auto ritaire et ses débordements, ait toujours tenté. romanciers, dramaturges et cinéastes. Déjà au temps du film muet, nous l’avions vue dans Le Joueur d’Echecs, ef Suzanne Bianchetti en avait fait une curieuse composition dans Casanova. D'autre part, Douglas Fairbanks, installé aux studios d’Elstree, n’'a-t-il pas annoncé dernièrement qu’il allait tourner une Grande Catherine dont Elisabeth Bergner serait la principale protagomste? Décidément, Catherine est très à la mode ces temps-ci! — Je veviendrai à Paris dès que le film sera terminé afin de vejoindre mon mari qui travaille dans une compagnie française de cinéma. Je n'ai pas encore décidé si j'emmènerais ma petite Maria avec moi à Hollywood ou si je la laisserais ici avec M. Sieber. Avec toutes ces menaces d'enlèvement, on n'est jamais très tranquille là-bas. Je n'ai qu'un regret, c'est de partir au moment où Max Reinhardt doit produire Fledermaus. Catherine doit être tourné en novembre, Fledermaus doit sortir à ce moment-là et je ne pourrai donc pas jouer le rôle que Reinhardt m'avait proposé. Marlène Dietrich devait personnifier le prince Orlowsky, un rôle d'homme qui, comme l’Aiglon, est généralement tenu par une femme. Et comme quelqu'un remarquait que la fantaisiste Marlène portait une robe très féminine, elle eut un sourire ambigu, et ses longs cils se baissèrent sur ses yeux de gel. — Lorsque je serai de retour à Hollywood, je reprendrai mes pantalons qui ont tant choqué en France. Là-bas, presque tout le monde porte des pantalons plus ou moins baptisés Pyjamas et personne n'y fait attention. C'est l'usage ou peut-être simplement la mode... En Europe, vous êtes terriblement coller monté et traditionalistes. Marlène Dietrich a déclaré qu'elle resterait probablement trois ou quatre mois à Hollywood. Pendant ce temps, elle continuera de triomDher chez nous dans Cantique d'amour (the Song of Songs), que l’on donne actuellement. La présentation d'un film interprété de Marlène fait toujours sensation car il est peu d'artistes qui exercent, autant qu’elle, une aussi intense attraction. De quoi est donc faite cette: emprise sur le public? On.a souvent tenté de l’analyser et d'en dégager les raisons. Ne seraitelle pas due, tout simplement, au naturel et à la sincérité absolus qui sont à la base même de toutes les créations de Marlène? Rien n'est jamais arhificiel ou apprété dans son jeu, ses expressions ou ses attitudes et on ne saurait A yésister à une vérité aussi totale. Cantique d'amour affirme une fois de plus à quel point Marlène Dietrich peut émouvoir et subiuguer le public. Et à l'attention pas sionnée avec laquelle on suit le développement à L'ecruri de l'intrigue dont elle est la protagoniste s'ajoute encure .la surprise de découvrir, au début du film, une Marlène inconnue, en un personnage de jeune fille pleine de candeur, aspect sous lequel on ne l'avait encore jamais vue. SUNLIGHT: Ciné-Miroir Qui songermit à reprocher ‘à Chevalier la forme de sa lèvreinférieure.. surtout lorsqu'il embrasse le bambin qui joue avec lui dans son dernier film? EUX mots, deux choses qui semblent parfaitement incompatibles, mais dont la conjonction, assez paradoxale au premier abord, tient par fois lieu de Providence. En disant cela, je pense à ces défauts physiques qui contribuèrent, au cours des âges, au triomphe de ceux qui en étaient possesseurs. Le nez célèbre de Cléopâtre, la plus ancienne de ces précieuses calamités dont l’histoire nous ait conservé le témoignage, n'est-il pas fait pour justifier un point de vue aisément vérifiable? S'il serait de mauvais goût d’insister sur ce nez de Cléopâtre qui changea la face de l’ancien monde, l'extraordinaire faciès de Beethoven, ce génie de la musique, le masque troué de vérole de Mirabeau, lorateur de la Révolution, le front de Nietzsche suffisent à illustrer cette théorie. Nous retrouvons chez les acteurs qui se firent un nom dans l’histoire soit du théâtre, soit du cinéma, ces mêmes particularités qui, en les marquant profondément, les isolèrent de la masse et les distinguèrent des physiques agréables, mais banals, de la majorité. Si nous prenons celle qui, ces dernières années, a été une des reines de l’écran, Greta Garbo, il est difficile de la classer parmi les beautés : à la vérité, elle est mieux que cela. Maïs ce n’est pas à la régularité de ses traits qu’elle doit sa place actuelle parmi les stars de première grandeur. Garbo possède une bouche trop grande pour que les poètes soient tentés de la célébrer et de lui dédier leurs rimes enflammées. Une bouche que, heureusement, les cosmétiques ne parviennent pas à déformer. Et ses sourcils de forme si spéciale, qui forment une sorte d’accent circonflexe au-dessus de ses yeux pensifs, témoignent avec éloquence de sa nature idéaliste qui ne sait ni se contenter d’une routine quotidienne non plus que de la banalité courante, Une nature ardente, passionnée, qui exige de la vie ses joies les plus pures et les plus rares. Souvenez-vous que Greta Garbo débuta petite modiste dans un magasin suédois ! Au chemin parcouru, il est possible de mesurer la détermination, l’ambition et la persévérance de la belle Suédoise. Et croyez-vous que Joe FE. Brown regrette que sa bouche, fendue d’une oreille à l’autre, rappelle aux cari caturistes une caverne préhistorique? Que non pas. Il sait trop la part de son succès qui revient à la « caverne » ! Car cette bouche, qui indique une nature généreuse à l'excès, révèle de la franchise et une fantaisie qui sait s'exprimer avec verdeur sans jamais blesser celui aux dépens duquel elle s’exerce. Qui songerait aujourd’hui à reprocher à Maurice Chevalier la forme de sa lèvre inférieure qui rappelle si curieusement la lèvre gourmande d’un coursier piaffant? Jamais le fameux Maurice n’a tenté de corriger ce défaut immortalisé par tous les dessina teurs et qui a largement contribué à donner son accent comique et personnel à toutes ses créations. Avez-vous remarqué le nez de Gloria Swansou? Pour moi, je me suis toujours plu à imaginer que celui de Cléopâtre devait avoir cette courbe si spéciale, marquant à la fois un certain dédain inné des contingences et une ambition immodérée. La reine d'Egypte devait posséder également ce teint pâle et chaud, et ces immenses yeux gris clair d’une eau si pure et si profonde que Jules César fut heureux de s’y noyer... Faut-il mentionner les yeux démesurément grands de Joan Crawford et la moue si particulière de ses lèvres aux courbes sensuelles? Ce sont des signes qui ne trompent pas sur le caractère généreux, sensible, coloré, si je puis dire, de la séduisante Joan. Et je vais terminer par un défaut que nul n’a remarqué, tant, dans le cas présent, la personnalité de l'individu a étouffé les qualités secondaires. Il s’agit des oreilles de Charlie Chaplin, petites, effilées et pointues comme celles d’un faune. Mais qui aurait songé à regarder les oreilles de Charlot lorsqu’on trouve toute la fantaisie, tout l'espoir et toute la mélancolie du monde dans ses beaux yeux expressifs ? Ne regrettons donc pas nos défauts physiques, ces précieuses calamités qui nous différencient des autres. GENOVA.