Cine Miroir (February 1934)

E crois bien qu’il n'y a pas dans le cinéma français une artiste qui ait fait des débuts aussi jeune que Josseline Gaël. I1 nous souvient de l'avoir vue lorsqu'elle avait cinq ans, en compagnie de sa mère. C'était une petité fille rose comme un bonbon, qui ne portait jamais de chapeau et qui, d’ailleurs, n'aurait pas pu en coiffer sa tête, car sa chevelure bouclée lui composait une énorme auréole dorée. Elle semblait alors l'enfant la plus gaie, la plus mutine, la plus joueuse qu'on pût voir. Déjà, elle voulait jouer sur la scène ou dans un studio et elle montrait, sous utie cettaitie puérilité, une volonté que rien ne pouvait décourager. D’ailleurs, à l’âge de cinq ans, elle était, si l’on peut dire, déjà une vedette, une vedette enfantine, s'entend, puisque, véritablement, elle avait joué pour la première fois dans un film à l’âge de deux ans. Rien n'est plus amusant que de regarder un reporter lorsqu'il interroge Josseline Gaël. Quand, répondant à sa question, elle dit, en toute simplicité, qu'elle joue au cinéma depuis quinze années, celui-ci éclate de rire ou bien il devient rouge de colère, pensant que cette gamine se moque de lui. Cependant, Josseline Gaël dit la vérité. Elle débuta à deux ans et demi, soyons exacts, dans Unsnillion dans la main d'un enfant. — C'était moi l'enfant, ajoute avec un délicieux sourire Josseline Gaël. Le million n’était qu’à l’état de figuration ! Depuis, on a pu la voir dans l'Amour chante, son premier film parlant, puis dans Une femme a menti, dans Baleydier avec Michel Simon, dans Pour un sou d'amour avec Baugé, dans Monsieur de Pourceaugnac avec Armand Bernatd. Une belle carrière comme on voit. Ceci n’a pas empêché Josseline Gaël de jouer en même temps au théâtre. Elle parut dans 7’Oiseau bleu, de Maeterlinck, dans une revue de Rip et dans une pièce au théâtre Michel. A l’âge de neuf ans, elle fit une tournée en Egypte; elle chantait, jouait du piano, faisait de l’acrobatie et, dans la suite, elle entra au Conservatoire. Le grand rêve de sa vie est, en effet, de jouer un jour au Théâtre-Français. Et comme Josseline Gaël réalise tout ce qu’elle entreprend, on est sûr qu'elle réussira. Elle a d’ailleurs déjà obtenu un accessit au dernier concours du Conservatoire. Elle vient d’achevet les Misérables où elle tenait le rôle de Cosette, enfant. Elle tourna la scène de l’anniversaire le jour de son anniversaire à elle. Il y avait le traditionnel gâteau avec seize bougies, et Josseline avait faim et envie de mordre dans le gâteau. Seulement, il fallait qu'elle soufflât en deux fois les seize bougies. A la répétition, la chose avait merveilleusement marché. Mais pendant qu'on tournait, ou bien elle éteignait les bougies d'un seul coup, ou bien elle ne parvenaïit pas à les éteindre toutes en deux fois, et, pendant ce temps, comme il faisait très chaud, le gâteau fondait, se maculait de poussière, et Josseline continuait à avoir faim, une faim du diable, je veux dire une faim qu'ont les jolis diables de dix-sept ans. Dans un autre film, l'Abbé Constantin, on vit Josseline à cheval, faire du canotage, nager, se trémousser sous ul soleil éclatant. C'est qu’elle aime beaucoup les sports, la petite Josseline ! L'équitation, l'auto, la natation sont ses passe-temps favoris. Elle fait aussi de l’acrobatie et de la danse classique. Elle a compris que c’est une nécessité pour une jeure artiste d'être sportive, et comme elle l'est par tempérament, c'est avec entrain qu’elle s'est mise à pratiquer tous les sports. C'est grâce à ces exercices que Josseline a l’air si jeune, avec son corps long et souple, sa jolie tête blonde où brillent des yeux clairs, pleins de vie : elle ne paraît pas avoir les dix-sept ans qui sont sur son acte de naissance. Et, contraste fort curieux, cette jeune fille sportive, prête à tous les dangers, surprend par sa dounec schanhante de CCE tranquille, soit calme étrange, qui font Tambour battant avec AnCOLE à une petite fille bien sage. Décidément, nelise (Josseline Gaël) et il ue faut pas se fier aux apparences. le prince ({ Georges Rigaud). RÉMY GARRIGUES, | Josseline Gaël (Cosette) et Jean Servais (Marius) dans une scène des Misé rables. Josseline Gaël et Claude Dauphin dans une scène de L'AbbéConstantin.