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! Li.
A HOLLYWOOD
Epidémie de reines
EINES de l'écran. Il me faut bien mettre le pluriel, d'abord pour me conformer à la réalité et aussi pour ne causer nulle peine, même légère, à ces délicieuses étoiles dont la grâce et le talent nous enchantent et règnent sur nos cœurs. Mais cette souveraineté, pourtant réelle, ne nous suffit point, et depuis que Greta Garbo a inauguré une ère nouvelle en personnifiant — nous verrons bientôt avec quelle autorité et quelle majestueuse dignité — la veine Christine de Suède, d'autres actrices, jalouses de cette ascension à un trône véritable, vont bientôt l’imiter. Il règne, en ce moment, à Hollywood, une épidémie de gracieuses souveraines.
Marlène Dietrich va monter sur le trône de Catherine de Russie, Norma Shearer va régner sur la France en la personne de la tragique Marie-Antoinette, tandis que Katherine Hepburn va faire plier l'Angleterre sous le sceptre autoritaire d'Elizabeth, celle qui fut appelée la veine vierge.
C'est sans doute. Greta Garbo qui personnifiera avec le plus de vérité la figure pathétique de la veine Christine, sa compatriote, à laquelle une étrange ressemblance l'apparente étroitement. Cependant, Marlène, en jouant son rôle, se souviendra peut-être que Catherine était, comme elle, une blonde Allemande qui, à quinze ans, S'en fut vers une terre étrangère dont elle ne connaissait même pas la langue, avec la ferme volonté de conquérir. Habituée à être traitée en souveraine, miss Dietrich .incarnera sans grande difficulté le rôle de cette femme impérieuse qui, débarrassée d'un mari faible et dégénéré, le tsar Pierre, eut un des règnes les plus colorés dont l'histoire ait gardé le souvenir. Libérale à une époque de monarchie absolue, ses sages réformes la firent adorer de ses sujets ; diplomate avertie, elle sut s'assurer au dehors de précieuses amitiés et, malgré une vie privée assez mouvementée, elle réussit à conserver le respect et l'admiration des Russes comme de ses voisins.
IT est possible, probable même, que la Cathevine de Marlène Dietrich ne soit pas aussi réaliste que le voudrait l'histoire, mais il sera intéressant de voir la Lola de l'Ange bleu dans un rôle qui nous révèlera un nouvel aspect de son talent.
Elizabeth, la reine ambitieuse et sans scrupules, ce sera cette capricieuse Katherine Hepburn qui, avec deux films, Morning Glory et Little Women, fit la conquête du public américain. Ambitieuse elle aussi, miss Hepburn ne se contente pas de ces succès et rêve d’une couronne plus lourde peut-être, mais plus concrète. Saura-t-elle rendre la personnalité de cette veine cruelle et tragique qui gouverna son pays avec une autorité aussi virile qu'intelligente ?
On ne peut dire que Norma Shearer ressemble beaucoup à Marie-Antoinette et on peut même craindre que ce rôle, qui serait lourd à toutes les épaules, n'écrase la grâce un peu mièvre de la charmante miss Shearer. Pourtant, tout, en se rendant compte de ce qui, physiquement au moins, lui manque pour incarner cette souvevaine qui vacheta par une mort héroïque des erreurs dont elle n'était peut-être pas seule responsable, Norma Shearer espère, par la sincérité de son émotion, suppléer à des inexactitudes physiques inévitables.
Inutile de demander à Greta si elle est satis
faite d'incarner la reine Christine. Le person
nage la tentait depuis longtemps, et c’est elle qui imposa le scénario à ses directeurs. On sait donc quelle serait sa réponse.
Il ne nous reste plus qu'à souhaiter à ces royautés éphémères, à ces reines d’un jour, de destin plus souriant que celui qu’elles vivront sur l'écran. SUNLIGEAT,
Ciné-Miroir
I habitué que l’on soit à se montrer indiscret et à questionner les acteurs,
aussi bien sur leur vie privée que sur leur cartière publique, il en est certains que l'on hésite à aborder. Nils Asther est de ceux-là. Non pas qu’il se refuse aux interviews ou que son accueil décourage les importuns, mais surtout à cause de cette politesse un peu distante, de ce sourire dont on devine mal s’il est mélancolique ou railleur, de ce je ne sais quoi de romantique qui émane de toute sa personne et crée une atmosphère de lyrisme devant laquelle on se sent paralysé. Ie charme de Nils Asther fait penser un peu à celui de Greta Garbo avec, cependant, quelque chose de plus humain et de plus accessible. En le voyant, en l’entendant, on comprend mal comment il a pu s’éprendre de cette jolie Vivian Duncan, si frivole, si superficielle et l’épouser. Union de courte durée, dont il ne lui reste que le regret déchirant d’avoir perdu sa fille, cette petite Eva, dont il parle avec une tendresse qui embue ses yeux rêveurs,.
1,e masque immobile de l’énigmatique Suédois rap-. pelle si curieusement celui du général Yen de la Grande Muraille que je ne puis résister à ma curiosité ; je Iui demande si la sagesse de sa philosophie n’est pas orientale et d’acquisition récente...
Ii eut un sourire oblique.
— Vous n'allez pas me dire que j'ai l’âme d’un Chinois, fit-il désabusé. Je sais bien ce que vous pensez. Oui, c’est moi qui ai voulu jouer ce rôle de Yen, je le
sentais profondément. Le mystère oriental est si atti-:
rant ! Ht bien que la conception que nous nous faisons de cette énigme soit certainement fausse, car les Asiatiques sont impénétrables, il est, néanmoins, passionnant d'essayer de percer ces masques inexpressifs derrière lesquels se cachent des hommes qui désirent, aiment, souffrent et meurent comme nous. Mais quelle mesure dans l’émotion, quelle dignité dans le triomphe ou dans la défaite ! Savoir renoncer, avec cette simplicité, à la puissance ; savoir écarter l’amour à l’heure où il s'offre, où il n’y a plus qu’à le goûter comme un fruit mûr et parfumé... Et celà sans effets faciles, sans dramatisation théâtrale. Quelle leçon ! Le visage de Nils Asther s'était fait grave, presque douloureux.
— Je voudrais, comme mon personnage, savoir me contenter d’un rêve sans tenter de le réaliser ; 1à seulement serait la vraie sagesse, Mais, hélas, je ne suis
qu'un pauvre être anxieux d'’étreindre un bonheur
irréalisable et l'expérience n’apprend rien...
La carrière de Nils Asther est certainement l’une de celles qui ont subi le plus de hauts et de bas. Après avoir tourné de nombreux films à Berlin, il vint en Amérique pour jouer Sorrel et fils, qu’il considère encore aujourd'hui comme l’un de ses meilleurs rôles. Acclamé de tous, considéré comme le jeune premier type, romantique, mystérieux et séduisant, Nils Asther parut aux côtés de Greta Garbo dans Orchidée sauvage et dans Single Standard, puis avec Joan Crawford dans les Nouvelles vierges.
Mais vint le film parlant, et bien que Nils parlât couramment l'anglais, l'allemand et le français, son accent l’écarta de l'écran. Seules, son extraordinaire persévérance et sa ténacité en eurent raison.
I1 fallut son étonnante création du général Yen dans la Grande Muraille pour lui rendre la place qu'il méritait. Depuis, il a joué Orage à l'aube, avec Kay Francis, un film avec Ann Harding et un autre avec Irène Dunne. Il parle volontiers de ses projets d'avenir ; jamais du passé. À ceux qui essayent de l'interroger, il répond mélancoliquement :
— J'ai atteint quelques sommets, touché le fond de bien des douleurs, et si l’expérience et la souffrance nous donnent une compréhension plus profonde des choses, une sensibilité plus aiguë, je devrais être un grand acteur. :
GENOVA.
Le masque immobile du chinois de la Grande Muraille.
Le visage de Nils Asther s'était fait grave.
ri
Nils Asther dans le rôle du générai chinois
de la Grande Muraille.